Norovirus : une expérimentation lancée pour purifier l'eau des coquillages bretons

Publié : 23 janvier 2023 à 10h22 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Le Morbihannais, et président du Comité national de la conchyliculture, Philippe Le Gal a rendez-vous ce lundi 23 janvier au ministère de l'agriculture à Paris, pour demander des aides afin de permettre aux conchyliculteurs de s'équiper pour lutter notamment contre le norovirus.

Alors que plusieurs zones de Bretagne sud sont touchées par des contaminations au norovirus (le virus de la gastro-entérite), les professionnels de la conchyliculture lancent une expérimentation pour purifier l'eau de leurs coquillages. L'idée est de pouvoir faire disparaître les virus dans les bassins où séjournent les huîtres, les palourdes, avant leur commercialisation. A la Trinité sur Mer, dans le Morbihan, des coquillages contaminés ont été prélevés et placés dans plusieurs petits bassins équipés de différents systèmes de purification.


Les explications de Pierre-Yves Roussel, technicien au Comité régional de conchyliculture, interrogé par Yann Launay : "(ambiance) Alors d'un côté, on a un système classique avec de l'oxygénation et de l'autre, on a un système avec ultraviolets et écumeurs. Cela va former de l'écume qui permet de piéger les dépôts et potentiellement les particules virales, pour les éliminer de l'eau qui circule à l'intérieur du bassin. On met la densité de coquillages classiques mis dans un bassin, par exemple 200 kilos de palourdes pour un mètre cube. L'idée est de fournir des références pour un mètre cube qui serait transposable à des 25 m3, 50 m3, ou 100 m3 avec des installations beaucoup plus grosses."

Titre :Pierre-Yves Roussel

Crédit :Yann Launay

Reprendre la vente des coquillages avant le délai


Des échantillons sont analysés tous les trois jours, et les premiers résultats de cette expérience sont attendus dans un mois. L'objectif, à l'avenir, est de pouvoir reprendre la vente des coquillages avant d'attendre les 28 jours de précaution imposés aujourd'hui quand une contamination est détectée. "28 jours sans pouvoir vendre des coquillages peut mettre en difficulté des entreprises. L'idée est de voir si au bout de dix jours, ou cinq jours on arrive à battre le taux de norovirus dans les coquillages ? Au delà du norovirus qu'on suit dans les coquillages, on suit aussi le taux de chair, c'est à dire est-ce qu'elles maigrissent et on voit le taux de mortalité. On voit aussi le pH, la salinité, la température... Si on pouvait prouver que, en cinq jours, on peut purifier les coquillages et les rendre sans souci pour la consommation, ça serait l'idéal."

Crédit : Yann Launay

Crédit : Yann Launay

Titre :Pierre-Yves Roussel

Crédit :Yann Launay

Une aide des pouvoirs publics


Les nouvelles contaminations des eaux, relevées ces dernières semaines, sont dues au mauvais fonctionnement ou à la saturation des stations d'épurations. Des épisodes récurrents après de fortes pluies. Les conchyliculteurs de Bretagne sud sont excédés, mais ils ne veulent plus subir, comme le souligne Philippe Le Gal, ostréiculteur dans le Morbihan et président du Comité national de la conchyliculture :


"Les premières actions c'est de dire aux collectivités : vous devez résoudre le problème des stations, des réseaux, ce qui ne va pas, mais on sait que ce sera long. En attendant, nous, on a une réalité économique et surtout, on doit garantir à notre consommateur qu'il n'y a aucun risque. C'est notre vraie bataille et moi, je veux avec mes collègues mettre en place des outils qui nous protègent et nous garantissent que demain il n'y aura aucun problème. C'est pour ça qu'il faut à tout prix qu'on arrive à s'équiper. Mais comme on doit faire des investissements qui sont quand même lourds par rapport aux différentes entreprises, il faut à tout prix qu'on ait une aide des pouvoirs publics."

Titre :Philippe Le Gal

Crédit :Yann Launay

Après le norovirus, le phage


Les professionnels manquaient de données pour choisir les procédés de purification les plus efficaces, et pour Philippe Le Gal il faut pouvoir mieux mesurer les phénomènes de contamination et de décontamination : "on a déjà eu des scientifiques qui ont fait des recherches. On peut améliorer la situation et améliorer la purification des coquillages. On fait différentes études en dehors de celles-ci qui se font au niveau national, mais il s'agit d'étudier tout ce qui se passe dans le milieu maritime par rapport à ces pathogènes. On a trouvé des choses très intéressantes parce qu'aujourd'hui on parle norovirus, mais c'est peut être pas lui le plus important, il faudrait qu'on étudie un de ces petits frères qui s'appelle "le phage". Et d'ailleurs c'est ce que les pays anglo saxons regardent à l'heure actuelle et c'est beaucoup plus pertinent pour le suivi de nos zones. Je vais demander à ce qu'on puisse analyser plus tôt ce pathogène, de manière à ce que l'on ait quelque chose de plus fin au niveau de la recherche."

Titre :Philippe Le Gal

Crédit :Yann Launay

Philippe Le Gal a rendez-vous ce lundi 23 janvier au ministère de l'agriculture pour demander des aides financières, de quoi permettre aux conchyliculteurs de s'équiper rapidement avec les systèmes les plus efficaces.