Penmarc'h : laboratoire du déconfinement territorialisé ?

Publié : 26 avril 2021 à 6h09 - Modifié : 7 octobre 2021 à 9h45 par Alexandra BRUNOIS

Crédit : Yann Launay

Un déconfinement territorialisé, différent d'un secteur géographique à un autre, n'est pas exclu par le gouvernement. Jean Castex l'a rappelé jeudi dernier lors de sa conférence de presse. La Région Bretagne se porte candidate pour expérimenter une méthode de sortie du confinement. Focus sur Penmarc'h dans le Finistère avec Yann Launay

Certaines communes se disent prêtes à servir de laboratoire : c'est le cas par exemple de Penmarc'h, commune de la côte sud du Finistère, département où le taux d'incidence est l'un des plus faibles de France : 86 pour 100 000 habitants...


Pour le maire de Penmarc'h, Gwenola Le Troadec, sa commune s'y prête tout particulièrement :


Gwenola Le Troadec 1


"On est une presqu'île, on a une diversification par quartiers, ce qui fait qu'on évite les regroupements de population. Je dirais aussi que la volonté des habitants, pendant toute cette période difficile, a été de respecter les protocoles. On a un cinéma municipal qu'on veut faire vivre, on espère pouvoir repartir aussi avec le théâtre, on a déjà un pré-programme..."



La forme que pourrait prendre ce déconfinement n'est pas établie avec précision, les discussions sont en cours, et les hypothèses s'affinent


Gwenola Le Troadec 2


"On imagine respecter les gestes barrières, avec peut-être toujours le port du masque lorsqu'il y a des réunions comme le marché, par exemple. On va s'adapter à la réouverture en extérieur, on a 14 kms de côte, on a des restaurants, des bars, sur le littoral, peut-être aura-t-il un roulement à organiser, avec des restaurants qui ouvrent à tour de rôle. Cela ne v a pas être très facile, mais les premiers retours nous ont montré que tout le monde avait envie de participer..."


Mais dans une zone où le virus a peu circulé, n'y a-t-il pas justement la crainte de voir les contaminations augmenter, en étant parmi les premiers à déconfiner ? Pas pour Gwenola Le Troadec, qui prend comme exemple les arrivées extérieures depuis un an, dans sa commune où 40% des habitations sont des résidences secondaires :


Gwenola Le Troadec 3


"Le constat est très facile à faire : que ce soit Noël dernier, février dernier ou les dernières vacances, il n'y a eu aucune incidence, aucune augmentation des cas. On respecte le protocole. On a tous compris les gestes barrières, donc la vie va pouvoir reprendre. Le désir d'être ensemble est là, est présent, il faut plutôt l'accompagner..."


Une expérience passée et une gestion rigoureuse


Pour le directeur général des services de la mairie, Penmarc'h peut s'appuyer sur son expérience des déconfinements passés et sur sa gestion rigoureuse des activités collectives. Yohan Madec


Yohann Madec 1


"On a toujours ouvert, dès qu'on a pu réouvrir, les salles de spectacle, le phare, le cinéma... Les activités sportives ont continué sur la commune : tous les samedi, une centaine de jeunes se retrouvent sur les terrains avec un protocole strict, sans opposition. On n'a pas eu de cluster. Sur le concert des Innocents, en octobre dernier, on a eu 500 personnes assises, cela s'est très bien passé. A partir du moment où les protocoles sont respectés, il n'y a pas de raison pour que l'épidémie s'installe sur le territoire..."



Pour Yohan Madec, un déconfinement territorialisé, qui débuterait dans des zones comme le Finistère sud, apparaît comme une mesure de bon sens, et une mesure juste


Yohann Madec 2


"On voit que tout le monde fait les efforts, et aujourd'hui il est temps pour nous d'être récompensés, quelque part... Cela peut paraître discriminatoire par rapport aux grosses agglomérations, mais il faut aussi comprendre que les gens qui viennent et habitent dans un territoire excentré et rural, ils ont fait un choix de vie, pour éviter aussi toutes ces contraintes liées à la vie dans des villes..."


Les préparatifs battents leur plein pour les professionnels


L'annonce d'un déconfinement proche, et peut-être encore plus proche qu'ailleurs, vient accélérer les préparatifs de réouverture chez les restaurateurs comme Thomas Gourlaouen, gérant du Tom Café, à Pors Carn, près d'un club de surf. Tom achève le réaménagement de sa terrasse


Thomas Gourlaouen 1


"On a décidé de solliciter la mairie, pour récupérer un petit bout de terrain communal, et agrandir notre terrasse de 40 m², ce qui nous permettrait de reprendre une cativité avec 100% de notre capacité en extérieur. Depuis quelques semaines, on peut reprendre des saisonniers en contrat, on a trouvé la quasi-totalité de notre personnel, il nous manque juste 2-3 serveurs pour la saison, au niveau des fournisseurs c'est booké aussi, on attend plus que le feu vert pour finaliser nos commandes..."



Pour Tom, une réouverture différenciée, semon le secteur et le taux d'incidence, est légitime : il ne le cache pas, les derniers confinements ont été difficiles à comprendre, vu du Pays Bigouden


Thomas Gourlaouen 2


"On trouvait un peu dommage qu'on soit tous au même plan, au niveau national... Le virus circule partout, mais ici, on a beaucoup de résidences secondaires : là, sur la deuxième partie du confinement, beaucoup de maisons se sont ouvertes, et on n'a pas plus de cas... Au premier confinement, les plages ont été fermées, les accès coupés, ils n'avaient pas voulu qu'il y ait une affluence sur les lieux touristiques... Aujourd'hui, nos plages et nos parkings sont ouverts, et ce n'est pas pour autant qu'il y a plus de contaminations..."


Tom se dit prêt à des contraintes fortes, pour pouvoir réouvrir. Il est prêt à participer à cette expérience de sortie de confinement, mais il imagine mal une expérience qui ne concernerait que certaines communes, alors que l'abolition du rayon des 10 km a déjà été annoncé par le gouvernement


Thomas Gourlaouen 3


"On est sur un site où beaucoup de personnes de la Cornouaille, de la région de Quimper, viennent passer des journées plage... Si à partir du 03 mai, on a la possibilité de faire plus de 10 km, et si les terrasses de Penmarc'h sont ouvertes, j'ai peur que toutes les autres communes veuillent venir sur le secteur... Je pense que départemental, ce serait plus gérable, voir même au niveau de la région, ce serait l'idéal..."