Les petits plats de vos restos au supermarché

Publié : 11 mars 2021 à 5h13 - Modifié : 7 octobre 2021 à 9h45 par Alexandra BRUNOIS

Crédit : L'Accord Gourmet

Des plats concoctés dans des restaurants et vendus dans des grandes surfaces : c'est la formule lancée à Vannes il y a tout juste un mois. Premier bilan au micro de Yann Launay

Les restaurateurs déposent chaque jour leurs plats dans des bacs réfrigérés disposés dans les allées de 4 grandes surfaces au Leclerc, Monoprix, Carrefour et Hyper U. Les plats sont vendus 10 euros, la grande surface ne prélève aucune marge. Un mois après le lancement, les clients sont au rendez-vous, et désormais une quinzaine de restaurateurs participent. Parmi eux :  le chef Charles Carlus, qui tient avec sa femme Clélia le restaurant "L'accord Gourmet", dans le centre-ville de Vannes :



"On fait le choix de se diversifier tous les jours sur les plats qu'on propose dans les grandes surfaces. On travaille des produits frais. L'idée c'est de proposer vraiment ce qu'on fait en temps normal dans le restaurant. L'intérêt c'est déjà de nous faire vivre au quotidien, de pouvoir être dans nos cuisines à faire ce qu'on aime, et faire travailler nos salariés. On touche aussi des clients différents, des clients qui ne nous connaissent pas, et qui auront peut-être envie de venir nous voir quand on pourra rouvrir..."



Photo @YannLaunay


UNE BOUFFE D'OXYGENE


Les plats des restaurateurs se vendent, et la perte est faible : moins de 2% des plats de Charles Carlus restent invendus. Pour le chef vannetais, comme pour ses confrères, c'est une bouffée d'oxygène :



"En moyenne, je vais proposer entre 80 et 100 plats par jour... C'est que ça plaît... On a des retours : des clients nous appellent : "j'ai acheté un petit plat de chez vous dans tel supermarché, c'était très bon. Hâte de venir vous voir..." C'est vraiment une belle action solidaire envers nous. Ils nous mettent dans des emplacements n°1 : soit tout de suite dans l'entrée du magasin, soit au croisement des allées centrales. On n'est pas mélangés avec les produits traiteurs industriels, c'est vraiment identifié, à part, ça me convient très clairement..."



Photo @YannLaunay


Et Charles Carlus fait en sorte que cette visibilité en grande surface puisse bénéficer à d'autres confrères commerçants de son quartier :



"Notamment un ami, qui tient le pub "O Diable Flaherty", qui ne travaille pas, il a des fûts de bière qui se perdent... Alors on va prévoir, pour la Saint Patrick, un ragoût irlandais, avec du boeuf breton et de la Guinness... On met des autocollants du pub sur les plats à emporter. Les grandes surfaces sont solidaires envers nous, à nous d'être solidaires envers d'autres... Si on est tous solidaires, c'est comme ça qu'on va se sortir du covid..."


QUELLES PERSPECTIVES POUR LES RESTAURATEURS ?


Avec les plats vendus en grande surface, et avec un peu vente à emporter, l'Accord Gourmet réussit à atténuer les conséquences économiques de la pandémie. Et les perspectives d'une réouverture assortie de lourds protocoles sanitaires, telle qu'elle semble se dessiner, est loin d'enthousiasmer Charles Carlus :



"J'ai 54 couverts à l'intérieur en temps normal, avec ces protocoles, comme l'été derrnier, je fais des complets à 27 couverts... Dites à n'importe quelle entreprise : faites le moitié de votre chiffre d'affaires"... On est tous impatients de pouvoir rouvrir nos restaurants, mais pourquoi se presser à ouvrir en avril avec des protocoles intenables, plutôt que d'attendre juin, et ouvrir normalement..."



Photo @L'AccordGourmet