La vaccination de dernière minute
Publié : 13 avril 2021 à 11h59 - Modifié : 13 avril 2021 à 13h07 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay (archives Hit West)
Ce sont les vaccinés de la dernière dose, ceux qui profitent des doses de vaccins anti-COVID-19 restantes en fin de journée. Le reportage de Cédric Mané.
Elles ne font pas partie de la tranche d’âge prioritaire pour se faire vacciner, ne souffrent pas de maladies spécifiques, et ne présentent pas de risque de comorbidité... et pourtant ces personnes tentent leur chance chaque jour devant des centres de vaccination dans l'espoir de se faire injecter la dernière dose d’un flacon qui n'aurait pas trouvé preneur. Cette pratique est tolérée par les ARS, les Agences régionales de santé. La priorité est donnée aux personnes de plus de 70 ans, de 50 à 69 ans atteintes de comorbidité, ou aux personnes de tous âges atteints de certaines pathologies. Mais une fois ces personnes vaccinées, s’il reste des doses, elles doivent être injectées dans la journée au risque d’être perdues, explique Monique Bitoune, médecin retraitée et responsable médicale du centre du Vigneau, à Saint-Herblain.
Monique Bitoune
"Le principe, c'est de ne jamais perdre une seule dose, c’est la religion et la règle. On a une liste d’attente, on pioche dans cette liste d’attente en choisissant les éligibles. Si on ne trouve pas, ou que les gens ne sont pas disponibles, on prend, j'ai envie de dire, n’importe qui. Ca vaut le coup de venir parce que dans la journée il y a des gens qui ne se sont pas présentés, donc de toute façon on a des doses à distribuer... On peut prendre des gens très jeunes. Il ne faut pas perdre de doses".
"C'est du civisme" pour Pascale
Des candidats se cassent les dents plusieurs fois mais ils insistent. Pascale, 59 ans, sort de son travail juste à côté du centre de vaccination de l'agglomération nantaise.
Pascale
"C’est la deuxième fois qu’on vient, c’est près de notre lieu du travail, on sait que certaines personnes ont pu avoir le vaccin sans être dans les critères. Je pense que comme au grattage, on peut tomber sur le lot. On va attendre un peu, ça finira pas se décanter, je reviendrai peut-être une fois, mais je ne viendrai pas tous les soirs... Ce n’est pas que individuellement, c’est pour la sécurité des autres, pour l’immunité collective, il faudra qu’il y ait un maximum de gens à se vacciner, ce n’est pas de gaité de cœur, c’est presque du civisme".Marie-Annick vient pour la deuxième fois, à force de ne pas voir de créneau sur la plateforme Doctolib, elle a décidé de venir en voisine :
Marie-Annick
"Depuis ce matin j’essaie de m'inscrire sur Doctolib, ils mettent qu’il n’y a pas de possibilité, donc je suis venue ce soir et j'ai tenté ma chance. Comme le monsieur me dit que c'est peut-être possible de venir demain dans la journée s'il y a des trous dans le planning, je vais retenter ma chance... Je suis à la limite, j’ai 68 et pas 70 ans. C’est surtout pour voir les petits enfants qu’on ne peut pas trop voir. On serait plus tranquille, et nos enfants aussi, si on était vacciné le plus rapidement possible ... parce que la première injection, attendre la deuxième et pouvoir revivre à peu près normalement quand ce sera possible".
Monique : "mes enfants seront contents"
Quand à Monique, 85 ans, elle n'était pas trop partante pour se faire vacciner, mais est quand même passée... et elle a été vaccinée !
Monique
"Je suis venu à 5h, j’ai dit que j’avais 85 ans et que je voulais être vaccinée... J’avais essayé nombre de fois le numéro et on me disait toujours non, non... On m’a appelé à six heure moins vingt et vous voyez je suis là à moins dix. J’habite à côté, c’est pour ça. Je ne voulais pas courir jusqu’à la Beaujoire (à l’autre bout de la ville), vous voyez... Mes enfants vont être contents, ils voulaient que je me fasse vacciner, alors bon..."Il y a des stratégies un peu moins hasardeuses pour obtenir ces dernières doses: une plateforme en ligne appelée "Vite ma dose", lancée par le créateur de Covid Tracker, et une autre baptisée "Covidliste", permettant de trouver des rendez-vous pour se faire injecter l'un des fameux sérums anti-COVID-19.
Reportage de Cédric Mané.