Face à l'agressivité de leurs administrés, les élus formés à Pornic
Publié : 19 avril 2021 à 16h16 - Modifié : 7 octobre 2021 à 9h45 par Alexandra BRUNOIS
Crédit : Jules Housseau
Face à la recrudescence des violences et des conflits en milieu rural, les élus sont formés pour faire face à l'agressivité. Reportage de Jules Housseau à Pornic
Les agressions envers les élus, qu'ils soient maires ou adjoints, mais aussi à l'encontre des personnels de mairie, sont en nette recrudescence. Le ministère de l'intérieur en a comptabilisé 1 276 en 2020, c'est trois fois plus qu'en 2019.
Certes le contexte sanitaire a sans doute exacerbé les tensions mais ce n'est pas la seule explication. La pression immobilière dans les agglomérations a aussi poussé nombre d'habitants à s'installer en campagne ces dernières années.
Et en zone rurale, des élus se retrouvent face à de nouveaux administrés avec le même degrés d'exigence que dans les grandes villes. Aussi, depuis janvier, des formations sont donc proposées partout en France pour aider tous ces élus locaux à faire face à l'agressivité. Elle est dirigée par des gendarmes négociateurs, rompus aux situations de crise...
Comme Jean-Christophe, qui a récemment conduit une cession à Pornic. Comment gérer un conflit ?
Jean-Christophe négociateur
« Si l'agression porte sur un groupe d'individu, c'est d'identifier la personne avec laquelle on va privilégier le dialogue, qui peut être le meneur d'ailleurs. Faire preuve d'empathie, d'écoute, pour adapter la réponse qu'on va formuler. Il faut éviter de promettre des choses quand on n'est pas du tout certains de pouvoir les tenir. La personne qui vient vous voir, qui a des griefs envers vous, si vous lui dites par exemple demain matin je vous rappelle sans faute. Et puis le lendemain, vous n'y aviez pas pensé mais dans votre agenda, vous avez une réunion importante. Vous ne pourrez pas rappeler cette personne alors que vous luis aviez promis. Pour cette personne-là, vous avez perdu toute confiance. »
Jean-Michel Brard, maire de Pornic et président de l'amicale des maires du Pays de Retz tenait à ce qu'une cession soit organisée ici.
Jean-Michel Brard
« Aujourd'hui les élus sont confrontés à des agressions quasi permanentes. Il faut que les élus se forment et puisse avoir une reconnaissance de leur action, c'est-à-dire comment ils réagissent, est ce que c'est bien ou pas, donc s'est une évaluation de leur comportement. Et ensuite leur donner des outils pour qu'ils aient les bons comportements vis à vis de toutes ces agressions du quotidien, que ce soit sur le marché, sur le trottoir, la voie publique, à l'accueil de la mairie, dans le bureau du maire, dans des conseils municipaux, dans toutes les situations que vivent les élus. Nous, ce qu'on fait, on le fait pour le bien collectif mais bien souvent c'est l'intérêt privé qui intervient et créé de l'agressivité. La personne vient vous voir et vous dis, moi je veux ça, tout de suite, et gratuit ! »
Une cession bienvenue pour ces femmes et ces hommes qui subissent presque quotidiennement des attaques, parfois physiques, souvent verbales. Exemple dans le Pays de Retz. Paroles d'élus...
Paroles d'élus
« Alors ça peut être des demandes plus virulentes car les gens n'ont pas forcément connaissance de tous les dispositifs, donc les gens sont impatients et c'est là qu'on se fait agresser... J'avoue que parfois je regarde plutôt le trottoir, par terre, c'est vrai que c'est pas facile... C'est l'humiliation, on a tous été traité de... vous faites pitié. Lors d'une commission ça fait mal, parce qu'on n'est pas là pour ça. C'est très dur à entendre, et je pense qu'il y a des gens qui peuvent craquer... Me dire que je suis une menteuse pathologique, que je fais des fautes d'orthographe et que ça pique les yeux, ce genre de choses n'est qu'un exemple minime parmi tant d'autres... Peur n'est pas le mot, c'est plutôt un ras-le-bol quand on n'est pas suivi par la préfecture par exemple ».