Nantes. L'Etat met les éleveurs de volailles sur la paille

Publié : 20 février 2023 à 17h53 - Modifié : 20 février 2023 à 18h02 par Dolorès CHARLES

Crédit : Dolorès Charles

La grippe aviaire a décimé des élevages de l'ouest, et met sur la paille de nombreux exploitants avicoles, d'autant que les indemnisations de l'Etat tardent à venir. Alors qu'ils n’ont aucune visibilité sur le versement du solde des indemnisations du printemps 2022, les syndicats JA et FRSEA appelaient à la mobilisation aujourd'hui (20 février) devant la Préfecture des Pays de la Loire

"L’Etat met les éleveurs sur la paille" : c’est ce qui était indiqué cet après-midi (lundi) sur une banderole posée sur les grilles de la Préfecture de Région, à Nantes (44). Ils étaient environ 250 producteurs de volailles de Pays de la Loire et des Deux-Sèvres, venus à l’invitation des syndicats FRSEA et JA, mettre la pression sur les services de l’Etat pour obtenir les indemnisations compensant les pertes dues à la grippe aviaire. Cette crise sanitaire a touché nos régions (Bretagne et Pays de la Loire) une première fois au printemps dernier et une seconde fois cet hiver, et la situation financière est devenue insupportable pour beaucoup d'agriculteurs.


La détresse de certains éleveurs


Certains producteurs de volailles (canards, etc.) attendent depuis des mois ces compensations en trésorerie, selon Jordy Bouancheau, représentant régional et national des JA (Jeunes Agriculteurs), interrogé par Dolorès Charles. "Ce qui bloque (je pense) c'est une administration qui tourne à bas régime et il est grand temps d'enclencher la vitesse deux et d'aller plus vite. Sans la pression, ça n'avance pas ? San pression, je pense que ça n'avancerait pas, ou beaucoup plus lentement parce qu'on est toujours sur un dispositif compliqué et long... On le voit bien, le calcul d'une marge brute pour s'assurer que l'agriculteur est payé à sa juste perte, c'est important de le faire le plus précisément possible, néanmoins, tout ce que l'on demande, ce sont des avances de trésorerie régulières pour pallier les besoins de trésorerie qui permettent à certains d'avoir un revenu linéaire sur l'année."

Titre :Jordy Bouancheau, représentant régional et national des JA

Crédit :Dolorès Charles

Une crise inédite


Pour Jordy Bouancheau établi en Vendée, cette crise de l'influenza aviaire est inédite. "Pour moi par exemple, installé en 2017, je n'avais jamais connu une crise comme ça. C'est une crise inédite et brutale parce que l'on se retrouve du jour au lendemain avec ... "des cadavres" dans nos bâtiments à devoir gérer. Je l'avais dit au ministre (de l'agriculture Marc Fesneau) lorsqu'il est venu en Vendée en décembre dernier. On n'est pas des éleveurs de cadavres, mais ce que l'on souhaite, c'est vraiment qu'on prenne en compte la détresse morale et économique et surtout qu'on trouve une situation de sortie qui nous permette, je l'espère, de ne jamais revivre ça."

Crédit : Dolorès Charles

Crédit : Dolorès Charles

Titre :Jordy Bouancheau, représentant régional et national des JA

Crédit :Dolorès Charles

Le paiement interviendra d'ici la fin mars


A l’issue d’un rendez-vous en Préfecture, les syndicats ont obtenu notamment le paiement des indemnisations de la première vague d’ici la fin mars, mais rien d’assuré en revanche sur la deuxième.


Les représentants syndicaux ont aussi demandé aux exploitants les plus en détresse de se faire connaître, pour passer en priorité. Pour Jordy Bouancheau, "il ne doit plus y avoir de secret professionnel sur ces éleveurs qui ont pour certains quasiment 300 000 euros de trésorerie en moins depuis un an, c'est énorme ! On le sait, sur des éleveurs qui sont parfois en mono-production, sur des petites volailles, cela peut devenir très compliqué et on a besoin de la force du réseau, comme le syndicalisme peut l'être, les JA - Jeunes Agriculteurs ou la FDSEA - pour identifier ces dossiers et essayer d'y répondre le plus rapidement possible."

Titre :Jordy Bouancheau, représentant régional et national des JA

Crédit :Dolorès Charles

Une vaccination en septembre ?


Les syndicats comptent aussi provoquer un rendez-vous avec l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) pour accélérer le dossier de la vaccination qui permettrait d’amoindrir l’impact de la grippe aviaire, financièrement et moralement. A date, l’Etat s’est engagé pour une vaccination effective en septembre.


Sylvain est exploitant près de Chantonnay en Vendée, et il a été touché par la grippe aviaire au printemps dernier et il y a deux mois en décembre. Il a fait face à une évacuation très encadrée des animaux et aux procédures de lavage et de désinfection des bâtiments (en cours). Pour la première vague, il a touché 9 000 euros sur 25 000 et il attend le versement des indemnisations au plus vite, pour repartir...


"Pour les 9 000 €, c'était pour les 25 000 perdus au mois de mars : je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup aujourd'hui qui accepterait d'avoir la moitié de leur salaire. Il faut que ça aille beaucoup plus vite (...) tout le monde est prêt à repartir moyennant le vaccin pour les canards, et peut-être aussi pour d'autres productions mais par contre, il faut absolument que les trésoreries se remplissent, parce qu'on a des charges mensuelles qui sont tout le temps là, et qui continuent. Les éleveurs seraient prêts à vacciner, cela ne pose pas de souci ? Je pense qu'aujourd'hui tous les éleveurs attendent une solution pour continuer à travailler sereinement. Le vaccin est l'un de nos alliés."

Titre :Sylvain, exploitant près de Chantonnay (85)

Crédit :Dolorès Charles