Météo : Près de Nantes, le secteur du maraîchage est inquiet

Publié : 25 juillet 2022 à 12h18 - Modifié : 17 août 2022 à 12h40 par Emilie PLANTARD

Crédit : Emilie plantard

L’année 2022 est particulièrement sèche et les températures exceptionnelles du 18 juillet ont aggravé un contexte déjà difficile pour les maraîchers. Près de Nantes, certaines cultures de pleine terre ont beaucoup souffert, les professionnels s’inquiètent pour la fin de l’été et pour l’avenir.

Les conditions météorologiques de cet été 2022 sont décidément bien difficiles pour les agriculteurs. A La Planche, au sud de Nantes, Régis Chevallier fait pousser de la mâche, du radis, des épinards et surtout à cette époque, du poireau primeur, qu’il sème en début d’année et qu’il récolte en été. Mais depuis lundi, les feuilles de ses légumes sont jaunies, abimées par le soleil et les chaleurs exceptionnelles. Il a beau arroser, le mal est fait, il a dû jeter une partie de sa production et il n’est pas le seul. "C’est partout dans l’ouest, moi je fais du poireau primeur qui m’amène jusqu’à fin juillet mais ça fait déjà 2 semaines qu’on est dans le dur. Du radis, des épinards, c’est pareil. J’ai des collègues qui font du fenouil, c’est pareil, ils ont 3 semaines de plantations qui sont brulées. Les salades ne paument pas, elles sont à plat, les clients n’en veulent pas. Les artichauts c’est pareil, c’est brûlé."


Une année particulièrement sèche


Les conditions météo de cette année 2022 sont difficiles pour le maraîchage, les températures chaudes, voire brûlantes, viennent s’ajouter à une sécheresse persistante. Régis Chevallier est co-gérant d’une exploitation maraîchère près de Nantes : "Depuis 1 an qu’est-ce qui se passe ? On est sortis d’un été humide, mais depuis un an on a eu 500 mm d’eau. Sachant que dans la région normalement, on est à une moyenne de 800, là on est à 500, on a eu un hiver très sec, on a eu un mois de juin un peu mouillé et encore on ne va pas se plaindre on n’a pas eu de grêle, et depuis 3 semaines on a un temps brûlant et des cultures ont pris un coup, là on dépasse les limites génétiques, elles pourrissent."


Des semis impossibles


Les maraîchers sont obligés d’arroser et ils en ont l’autorisation, mais la ressource s’amenuise.... A La Planche, Régis Chevallier a 5 étangs pour irriguer, mais les niveaux baissent et cette sécheresse va conditionner sa récolte et ses prochaines cultures. "Quand il ne pleut pas, on tape dans l’étang, l’étang baisse, explique-t-il. S’il ne pleut pas et qu’il ne se remplit pas, on arrête de semer. Normalement, on passe jusqu’à fin juillet tranquille. Et on fait des petits semis, par exemple de radis jusqu’au moins d’août. Là aujourd’hui on se dit, fin juillet on ne passera pas, c’est pour ça que le poireau qu’on a là, si on ne récolte pas avant fin juillet on le jettera. On devait faire des semis d’épinards mais on va réduire les surfaces. Moi je n’ai jamais eu ce moment en 5 ans où on se dit « on ne peut plus semer ». Là on n’est pas loin. On se dit que si dans les 2 ou 3 semaines il ne pleut pas, on ne pourra pas semer.


La filière s'interroge sur l'avenir


Une année particulière qui amène de nombreuses questions, notamment en terme d’adaptation au réchauffement climatique. Autant d’incertitudes qui inquiètent les entreprises de maraîchage, nombreuses dans l’ouest. "En Bretagne et Pays-de-la-Loire, il y a toujours eu une culture de légumes primeurs parce qu’on avait des régions tempérées, océaniques, on ne montait jamais trop haut, toujours un peu d’eau, analyse le maraîcher nantais. Là ce qu’on vit là, c’est quelque chose qu’on ne connaît pas. Là on a dépassé des limites, on a battu des records de températures... On est rentrés dans un monde qu’on ne maîtrise pas. Est-ce que nos modèles sont adaptés, est-ce qu’on est dans un événement exceptionnel, qu’est-ce qu’on fait l’année prochaine ? Ca nous empêche de nous projeter, c’est ça qui est difficile.


Régis Chevallier est maraîcher à la Planche, il fait partie de la coopérative Océane. Avec un confrère il est allé porter la voix des Maraîchers Nantais devant les parlementaires il y a quelques jours.

Titre :Régis Chevallier, maraîcher à La Planche

Crédit :Emilie Plantard

Crédit : Emilie Plantard