Manifestation des pêcheurs très en colère à Rennes : tensions et blessés

Publié : 23 mars 2023 à 8h46 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Plusieurs centaines de pêcheurs venus des régions Bretagne, Normandie, Pays de la Loire, et Nouvelle Aquitaine étaient hier (mercredi 22 mars) à Rennes en Ille-et-Vilaine pour défendre leur filière, mais la manifestation a vite dégénéré.

Ils étaient venus de ports bretons, vendéens, normands, aquitains : plusieurs centaines de pêcheurs côtiers ont manifesté, ce mercredi (22 mars) à Rennes. Un rassemblement pour défendre l'avenir de la filière, mais les pêcheurs ont été rejoints par des manifestants opposés à la réforme des retraites.  Des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre : il faut dire que les manifestants prenaient la direction du Parlement, incendié il y a presque 30 ans, lors d’une précédente manifestation de pêcheurs. Les forces de l’ordre étaient positionnées en nombre et ont utilisé lacrymogènes, canons à eau et matraques.


300 euros par mois, et 15 jours de mer


Les pêcheurs, eux, ont tiré des dizaines de fusées de détresse, certaines ont fini de se consumer sur des balcons d’appartements. Fabrice, pêcheur au Guilvinec, regrette les actes dangereux commis par certains manifestants, mais il les comprend :  "c'était à prévoir, parce que quand on voit des collègues qui gagnent 300 € par mois pour faire quinze jours de mer, il y a un moment où il y a une rupture et on n'est pas écouté du tout... On nous promet des aides gaz oil qu'on attend toujours ! On n'en peut plus... c'est triste et je le regrette, mais il le faut. On n'est pas concerné par les retraites, mais nos familles sont concernées par les retraites. Nous, à la pêche c'est le quota, l'administratif, les contrôles en mer, le cassage de bateaux. On veut tuer notre métier tout simplement."

Titre :Fabrice, pêcheur au Guilvinec

Crédit :Yann Launay

Interdiction de pêcher dans les zones Natura 2000


Les pêcheurs venaient exprimer un ras-le-bol, devant des difficultés toujours plus grandes à vivre de leur métier. Parmi eux : Alice, marin-pêcheur à Erquy, dans les Côtes d’Armor : "on voit qu'entre le Brexit, les zones éoliennes et les zones Natura 2000, dans lesquelles on veut nous interdire de pêcher, on voit que la pêche va très mal et que le gouvernement ne fait rien pour nous aider. Les zones Natura 2000 sont des zones protégées dans lesquelles on n'aura plus le droit de pêcher à partir du 1ᵉʳ janvier 2024 si on laisse faire le gouvernement. Les zones Natura 2000 aujourd'hui, où les pêcheurs passent, où on pêche et où l'on voit que le poisson est toujours là, la ressource est toujours présente, donc c'est complètement infondé ! Les bonnes décisions, c'est de punir la pêche industrielle et ne surtout pas confondre avec la pêche artisanale (les petits bateaux comme nous)."

Crédit : Yann Launay

Crédit : Yann Launay

Titre :Alice

Crédit :Yann Launay

La pêche accidentelle de dauphins


Cette manifestation intervient quelques jours après cette décision du Conseil d'Etat qui ordonne au gouvernement de fermer certaines zones de pêche dans l'Atlantique, pour préserver les dauphins. Une décision brutale et infondée, pour Gildas, pêcheur venu d'Audierne : "J'ai l'impression qu'on nous balance des 49.3 au niveau de la pêche et il n'y a jamais eu aucune concertation. Il ne faut pas pêcher de marsouins malheureusement, ce sont des accidents et des prises accidentelles. Le problème, c'est qu'on voudrait travailler sans pouvoir pêcher des dauphins, mais on n'a pas la réponse. On attend d'avoir des réponses cohérentes, pas des obligations avec des fermetures : pour moi la fermeture n'est pas appropriée. Ils veulent manger quoi les Français de nos jours : du poisson qui vient de Norvège à base d'antibiotiques ?"

Titre :Gildas, pêcheur venu d'Audierne

Crédit :Yann Launay

Plusieurs manifestants ont été blessés (3), par des tirs de fusées de détresse ou des coups de matraque. Les forces de l'ordre ont interpellé 9 manifestants. Olivier Le Nézet, le président lorientais du Comité national des pêches, vient d'adresser une lettre ouverte à Emmanuel Macron, qu'il souhaite rencontrer dans les plus brefs délais.