Lorient. Les Restos du Coeur ont lancé leur campagne hivernale

La 38ème campagne d'hiver des Restos du cœur a démarré hier (mardi 22 novembre), dans l'Ouest comme dans toute la France. Et l'association fondée par Coluche s'attend à voir grimper le nombre de bénéficiaires. A Lorient par exemple dans le Morbihan, les inscriptions sont déjà nettement en avance sur les chiffres des années précédentes : l'inflation impacte les budgets déjà serrés, comme celui de Noémie, iune mère isolée rencontrée par Yann Launay. "Je ne touche pas énormément, c'est pour ça que ça aide bien et on est obligés de faire appel aux Restos du cœur et au Secours Populaire. Heureusement qu'ils sont là pour nous aider toutes les semaines ! Avec l'inflation, on touche nos sous, on paie nos factures et il n'y a plus rien après. Moi, j'ai déjà mis le chauffage actuellement mais au minimum, parce que ça va augmenter. L'électricité aussi va augmenter à partir du début d'année. En fait, on se restreint pour essayer de vivre jusqu'au mois d'après. Il faut avoir une bonne organisation, sinon on ne s'en sort pas."

Une hausse du nombre de bénéficiaires

Aux Restos du cœur de Lorient, le nombre de bénéficiaires était déjà à la hausse sur la campagne d'été 2022, et pour la campagne d'hiver qui démarre, le responsable adjoint des Restos lorientais s'attend à voir la tendance se confirmer et même s'accélérer.

Pour Bertrand Curé : "On est déjà aujourd'hui en avance par rapport aux inscriptions de l'année dernière, donc on s'attend vraiment à une flambée des inscriptions cette année, tout simplement parce que la crise est là. On sort d'une période où déjà on a eu énormément de monde, et là avec les situations inflationnistes qu'on peut avoir sur les matières premières et sur l'alimentation, il y a des gens qui vont se retrouver en très grandes difficultés. Au niveau de nos barèmes, on a pris en compte ces nouvelles charges  : tout ce qui est électricité, chauffage etc. Des choses qu'on n'avait pas l'année dernière. On va avoir beaucoup plus de monde."

Marion : "les filles comprennent et réclament moins"

Parmi les bénéficiaires inscrits pour cette campagne d'hiver à Lorient, les migrants sont particulièrement nombreux, le nombre d'étudiants augmente lui aussi, tout comme le nombre de familles monoparentales : les femmes seules avec enfant(s) sont toujours plus nombreuses. C'est la situation de Marion : "j'ai divorcé, je me suis retrouvée seule avec mes enfants et j'ai eu des problèmes de santé. Tout est tombé en même temps... Au début, c'est compliqué de faire la démarche vers les Restos du Coeur, mais ils sont sympathiques et ils nous mettent à l'aise. J'ai deux enfants qui vivent avec moi : deux filles, une de 11 ans et une autre de 15 ans. Elles ont compris que c'était difficile et qu'on ne pouvait plus vivre comme avant. Elles font attention, elles réclament moins de choses et elles comprennent que je n'ai pas trop le choix pour le moment et que c'est provisoire."

Les aléas de la vie

C'est la première fois que Johanne s'inscrit aux Restos du cœur : une décision prise par la jeune Lorientaise devant la situation financière de son foyer : "On vient ici pour essayer de s'en sortir, et de faire manger les enfants. Tout est devenu cher, on est dans le rouge tous les mois...  On va plutôt délaisser les factures et manger et c'est pour ne pas délaisser les factures que l'on vient... On n'est pas à l'aise mais on vient parce qu'il ne faut pas se laisser aller. Ce sont les aléas de la vie. Un jour, ça va et un jour ça ne va pas, il faut rester positif !"

Les Restos du cœur n'ont pour l'instant pas constaté de baisse des dons, mais ils s'inquiètent pour les mois qui viennent, surtout si le nombre de bénéficiaires explose. L'inquiétude porte aussi sur le nombre de bénévoles : aux Restos du cœur de Lorient, "l'équipe est un peu juste et des renforts seraient les bienvenus. Ils tournent avec environ 70 bénévoles réguliers, mais il y en a qui viennent un peu et ils repartent après. Le Covid-19 a fait beaucoup de mal au bénévolat en général", pour Bertrand Curé. Les Restos du cœur s'attendent à aider entre 10 et 20% de bénéficiaires supplémentaires cet hiver.