Lorient. Les agriculteurs dans l'attente des annonces de Gabriel Attal

Publié : 26 janvier 2024 à 8h45 par Dolorès CHARLES

Blocage dépôt pétrolier (56) à Lorient

Crédit : Yann Launay

Nouvelle journée d'action des agriculteurs ce vendredi 26 janvier. Hier, les paysans ont été rejoints par les entrepreneurs du BTP notamment au dépôt pétrolier de Lorient, pour dénoncer la suppression programmée de leur avantage fiscal sur le Gazole non routier (GNR). Le Premier ministre, Gabriel Attal, doit annoncer aujourd'hui plusieurs mesures en leur faveur.

Ils sont prêts à rester tant qu’ils n’auront pas obtenu gain de cause : des entrepreneurs du BTP et des agriculteurs bloquent depuis ce jeudi midi (25 janvier) le dépôt pétrolier de Lorient, au port de commerce. Ils protestent contre la suppression programmée de leur avantage fiscal sur le Gazole non routier. D’ici 2030, les taxes sur le GNR doivent augmenter progressivement pour rejoindre le même niveau que les taxes sur le gasoil routier.



"Aujourd'hui, les lois sont faites à Paris par des technocrates... très loin du terrain."



Une augmentation impossible à absorber, proteste Yvon Le Callonnec, entrepreneur de travaux agricoles à Plaudren, dans le Morbihan. Il loue ses services aux agriculteurs... qui au final pourraient doublement pâtir de cette augmentation des taxes sur le gazole. "Pour 2024, dans ma petite entreprise de travaux agricoles de 14 salariés, je dois absorber 37 000 euros de taxation, c'est de l'argent que je n'ai pas en trésorerie, et il va falloir que je l'impacte sur les agriculteurs. Ils vont payer plus cher l'ensilage, ils vont payer plus cher les semis qu'on va faire chez eux avec des revenus qui diminuent parce que de leur côté, on baisse leur revenus. A un moment cela ne va pas joindre, et si ça ne se joint pas, eh bien on arrêtera ! Mais si on arrête, c'est toute la chaîne alimentaire qui va prendre cher. Aujourd'hui, les lois sont faites à Paris par des technocrates... très loin du terrain."

Titre :Yvon Le Callonnec

Crédit :Yann Launay


"On est prêt à apporter notre part d'efforts mais arrêtons de nous tirer dessus à boulets rouges."



Cette suppression de l'avantage fiscal sur le gazole non routier est voulue par le gouvernement pour faire des économies (environ 900 millions d'euros par an) mais aussi pour inciter à moins consommer d'énergies fossiles. Cet argument fait bondir Yvon Le Callonnec : "Avec tous les avions qu'on a au dessus de nos têtes, cela ne gêne personne parce qu'aujourd'hui, on a une société de loisirs ! On demande juste à travailler : nos tracteurs coûtent 25 % plus cher parce qu'on les modernise, ils sont de moins en moins polluants. Nous sommes des citoyens éco responsables et nous avons aussi envie que demain nos enfants vivent et puis on vit tous les jours dans cette nature, et c'est vrai qu'elle change. On est prêt à apporter notre part d'efforts mais arrêtons de nous tirer dessus à boulets rouges."


Des représentants bretons du BTP doivent être reçus ce vendredi à Paris par des conseillers du gouvernement.

Blocage du dépôt pétrolier de Lorient - police et engins BTP

Crédit : Yann Launay

Titre :Yvon Le Callonnec

Crédit :Yann Launay

GNR, Egalim... dans l'attente des premières annonces


Les agriculteurs attendent les annonces du premier ministre, Gabriel Attal Julien, éleveur à Brech, ne se fait pas d'illusion : le système ne va pas changer comme par enchantement, et il est conscient du poids des décisions européennes, mais à ses yeux le gouvernement peut tout de même annoncer des mesures concrètes : "le GNR est la chose la plus facile à faire ; arrêter de faire pression pour baisser le prix de l'alimentation parce que de toute façon, les industriels et les grandes surfaces ne baisseront pas leurs marges, donc la variable d'ajustement ce sera toujours le bas - les agriculteurs. Ce qu'il nous faut, c'est l'application de la loi EGALIM, que nos prix de revient soient pris en compte... et ce sera déjà beaucoup mieux."

Titre :Julien, éleveur à Brech

Crédit :Yann Launay

Le Premier Ministre, Gabriel Attal, devrait annoncer des mesures ce vendredi après-midi lors d'un déplacement en Haute-Garonne.