Nantes : moins de délinquance, mais un sentiment d’insécurité prégnant
Publié : 27 février 2023 à 18h37 - Modifié : 27 février 2023 à 18h38 par Tom ROSSI
En Loire-Atlantique et particulièrement dans la ville de Nantes, les faits de délinquance diminuent selon la préfecture, pourtant, le sentiment d’insécurité perdure chez certains habitants.
Les chiffres sont encourageants selon la préfecture de Loire-Atlantique et les forces de l’ordre. Alors que la population du département augmente en moyenne d’1,2% par an, les atteintes aux biens, c’est-à-dire les vols avec et sans violence, cambriolages, destructions volontaires, ont diminué de 8,2 % entre 2019 et 2022. La baisse est encore plus marquée à Nantes avec une diminution de 23,5% en quatre ans. Diminution également des agressions dans la cité des Ducs, -2,37 % depuis 2019. Pourtant, le sentiment d’insécurité reste prégnant...
Illustration au marché de Talensac avec cet échange entre Eric Eudes, commissaire divisionnaire, chef du service de voie publique à Nantes et une commerçante, au micro de Tom Rossi. "Avec mon âge, je n’ai pas de soucis, mais je vois ma fille... Dès qu’on sort un peu, on baisse les yeux, on s’habille presque en survêtement, et ce n’est pas normal... Ce que je vais à répondre, c’est qu’on a accentué notre présence sur le terrain. Nous avons eu des renforts de moyens policiers, notamment dans le cœur de ville, et cela va jusqu’au début de la nuit. C’est notre effrort pour prévenir la délinquance, et interpeller en flagrant délit. Moi je suis dans la tranche d'âge où on ne m'embête pas trop, et je n'ai pas été directement confrontée à la délinquance."
Titre :Echange entre une commerçante et un policier
Chacun a sa perception de l'insécurité !
À Nantes, 70 nouveaux policiers, une compagnie de CRS et un escadron de gendarmerie, sont arrivés l’année dernière. Conséquence, le nombre de patrouilles pédestres a été multiplié par près de trois entre octobre 2021 et octobre 2022 (174 en 2019, contre 463 en 2022). Le comissaire Eric Eudes tente d'expliquer ce sentiment d'insécurité, qui contre-dit les récents chiffres de la délinquance :
"On s'accroche à des chiffres qui sont des éléments objectifs un peu froids, mais le sentiment d'insécurité, c'est quelque chose qui est ressenti au plus profond de chacun. Si vous avez vécu une agression, évidemment, ça va vous marquer très profondément, c'est toujours un peu compliqué. De notre côté, nous sommes rassurés de voir une évolution positive de nos chiffres sur la délinquance, mais on n'arrivera jamais à faire disparaître totalement ce sentiment. Il est variable : il est par exemple plus prégnant dans les transports publics. On sait aussi que, naturellement, il (ce sentiment) est plus fort chez les personnes vulnérables, les personnes âgées, les femmes qui parfois ont un ressenti plus fort. C'est notre travail aussi de s'adresser à tous les publics pour les rassurer et leur montrer qu'on est là."
Crédit : Tom Rossi
Titre :Le sentiment d'insécurité
Tout cela implique une augmentation des interpellations et, en bout de chaîne, une hausse de la population carcérale. La prison de Nantes est surpeuplée. Son taux d’occupation actuel s’élève à 165%, avec plus de 110 matelas au sol.
A Nantes, la justice manque aussi de bras
Dans un communiqué commun, du 24 février dernier, la maire Johanna Rolland avec le sénateur Ronan Dantec, la sénatrice Laurence Garnier et le député Mounir Belhamiti, s'adressaient au ministre Eric Dupont-Moretti pour réclamer des moyens supplémentaires. La réponse est arrivée ce lundi 27 février, et 4 juristes assistants viendront renforcer les effectifs (et trois à Saint-Nazaire). Pas forcément de quoi rassurer les édiles et le milieu judiciaire.