Loi sanitaire : Les soignants attendent toujours leur réintégration

Publié : 27 juillet 2022 à 10h55 - Modifié : 28 juillet 2022 à 9h43 par Emilie PLANTARD

Crédit : Santé44

C’est la fin du passe vaccinal, la loi du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire a été réécrite et un compromis a été adopté ce mardi 26 juillet au Parlement. Ce nouveau texte ouvre également la porte à une réintégration des personnels non vaccinés, aujourd’hui suspendus. Mais ces derniers attendent toujours de pouvoir reprendre le travail.

Un compromis a été adopté. Alors que le ministre de la santé voit dans cette loi du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire « un bouclier nécessaire face à une épidémie de Covid-19 qui n’a pas dit son dernier mot », le parlement a voté sa réécriture. Un nouveau texte qui met fin à la possible application de mesures sanitaires, telles que le passe vaccinal, le port du masque ou la possibilité du couvre-feu.


Le texte prévoit également la possibilité de réintégrer le personnel non-vacciné, aujourd’hui suspendu, dès lors que la situation sanitaire se sera améliorée et après consultation de la HAS. Mais pour l’instant la Haute Autorité de Santé s’y oppose, ce n’est donc qu’une porte entrouverte. Christelle est assimilée soignante, elle fait partie du collectif Santé 44 et est référente des collectifs unis, elle ne se fait pas d’illusion après à cette nouvelle annonce. "Dans les faits c’est qu’il n’y a pas de réintégration, alors qu’elle était demandée par de nombreux parlementaires. Il y a même eu un projet de loi concernant l’abrogation de la loi vaccinale et qu’on se retrouve aujourd’hui avec moins qu’un compromis, puisque c’est toujours sujet à l’évolution de l’épidémie et au bon vouloir de la HAS."


 Une décision politique


Les différents collectifs de soignants non-vaccinés, regroupés autour des Collectifs Unis, continuent donc le combat pour demander leur réintégration. Si le Parlement vient d’enterrer le passe vaccinal pour les particuliers, il n’est pas encore revenu sur l'obligation vaccinale des soignants et donc sur l’exclusion de ces nombreux personnels. Une contradiction pour Christelle, assimilée soignante et membre du collectif Santé 44, "nous ce qu’on entend, c’est qu’il y a d’autres enjeux que le sanitaire derrière ça et que ce sont des décisions politiques. Et ça fait un moment qu’on est plus dans le politique que dans le sanitaire. On a quand même 1 an de recul par rapport à cette campagne de vaccination, on a fait travailler des personnels triplement vaccinés mais positifs au Covid et on a laissé des suspendus négatifs qui ont pu avoir une immunité naturelle... Il y a des incohérences qui font que le scientifique n’est pas écouté, c’est le politique."


Des chiffres volontairement abaissés ?


Et pourtant, les soignants manquent cruellement dans les CHU et les structures de soin. Le ministre de la santé, François Braun a récemment déclaré que seules 600 infirmières non-vaccinées étaient mises à l’écart du système de soin en France et que leur réintégration ne résoudrait pas le problème. Une information que conteste fermement les collectifs, qui estiment que plusieurs milliers de soignants sont aujourd’hui exclus, faute de vaccination. "Ça concerne à la fois les personnels hospitaliers et quand on entend le porte-parole du gouvernement parler, ce ne sont bien souvent que les chiffres de la fonction hospitalière, se défend Christelle est assimilée soignante, membre du collectif Santé 44. Or c’est faux, il y a d’autres personnels suspendus. Comme c’est mon cas dans le cadre des personnels salariés et comme c’est le cas pour les personnels libéraux. N’oublions pas qu’il y a aussi des étudiants de santé qui ont lâché leurs études, ils devraient être comptés. Et on voit les personnels en arrêt ou qui ont posé leur démission.


Les soignants non-vaccinés veulent (souvent) revenir


Si certains ont fini par jeter l’éponge et se reconvertir, de nombreux soignants attendent de pouvoir réintégrer les services de soin et travailler de nouveau. Malgré les tensions qu’on fait naître le passe vaccinal obligatoire au sein des services.  


Christelle est assimilée soignante, elle travaille dans les sports adaptés et ne peut plus exercer que pour certaines structures. Elle a souffert de cette stigmatisation mais constate que le regard change, même s’il elle préfère rester prudente :"Sachant qu’il y a malgré tout un fardeau à porter... Les regards sont changeants, le regard des professionnels, des patients a quand même évolué depuis l’automne, puis l’hiver et le printemps, ça s’est quand même nettement détendu."


Le collectif Santé 44 organise une action le 6 août prochain à Saint-Nazaire pour demander la réintégration des personnels soignants non-vaccinés.

Titre :Christelle, membre du collectif Santé 44

Crédit :Emilie Plantard