Les soignants non-vaccinés, priés de rester chez eux

Publié : 15 septembre 2021 à 8h17 - Modifié : 16 septembre 2021 à 6h42 par Dolorès CHARLES

Crédit : Emilie Plantard

Les soignants et personnels hospitaliers non vaccinés sont priés de rester chez eux, sous peine de sanction, à compter d'aujourd'hui. Une aberration pour les syndicats, notamment la CGT, qui appelait à manifester devant le CHU de Nantes hier (mardi) après-midi.

Ils étaient plusieurs dizaines, personnels hospitaliers ou pas, à avoir répondu à l’appel de la CGT devant le CHU de Nantes. Une énième mobilisation lancée hier, pour dénoncer l’obligation vaccinale des personnels soignants qui entre en vigueur ce 15 septembre. En effet à partir de ce mercredi, les professionnels de santé ainsi que leurs collaborateurs doivent justifier d’au moins une injection pour avoir la possibilité d’exercer. Parmi les manifestants, Corinne et deux de ses collègues du centre hospitalier Georges Daumaizon de Bouguenais (44). Aucune des trois n’est vaccinée et les conséquences sont dramatiques pour ces aides-soignantes :


"On ne doit plus aller travailler, on ne doit plus mettre les pieds dans notre hôpital. On a reçu une lettre recommandée pour nous dire qu’il fallait qu’on reste chez nous. Oui, c’est dur. L’obligation, pourquoi seulement les soignants ? Qu’est-ce qu’il va se passer pour vous ? On ne sait pas, c’est un peu vague… On se pose la question de comment on va faire vivre notre famille surtout et payer les factures puisqu’on n’aura plus de salaire… Ce n’est pas une décision facile, mais voilà, on nous menace, moi je ne veux pas céder parce qu’on a nos convictions, nos valeurs… La seule chose que je sais actuellement c’est que je ne veux pas le faire ce vaccin. Après jusqu’où… je ne sais pas."

Titre : Corinne et ses collègues du CH de Bouguenais

Crédit :Emilie Plantard

Un collectif d’une vingtaine de soignants s’est monté au sein de l’établissement Georges Daumaizon autour des non-vaccinés. Une pétition adressée à la direction a récolté une centaine de signatures.


Une grosse majorité vaccinée


Au CHU de Nantes, il manque 340 certificats de vaccination sur les 12.000 soignants et agents hospitaliers. Mais si une grosse majorité de personne est vaccinée, beaucoup s’accordent sur un sentiment d’injustice face à cette obligation, vécue comme une stigmatisation. Véronique Raymondeau travaille au Pôle de réadaptation de Maubreuil et La Tourmaline. Elle-même vaccinée, elle n’accepte pas cette différenciation.


"On n’est pas contre le vaccin, on est contre l’obligation de venir travailler avec un pass sanitaire. Alors à ce moment-là, il fallait qu’ils le mettent pour tout le monde, pour toute la population et là, il y avait un intérêt à nous dire qu’on devait tous être vaccinés. Sauf que là ils ciblent les soignants alors qu’il y a 1 an on nous applaudissait et puis d’un coup on est un peu les parias. En sachant que cet été on n’a pas trouvé de remplacements, donc voilà, la prise en charge des patients, nous on est toujours là et on est maltraités donc non. A un moment donné c’est stop."

Crédit : Emilie Plantard

Titre :Véronique Raymondeau

Crédit :Emilie Plantard

Contre l'obligation, et pas contre le vaccin


La CGT ne se prononce pas non plus contre la vaccination, mais bien contre l’obligation vaccinale. Une épreuve supplémentaire pour des professions déjà malmenées, qui peinent à garder leurs effectifs. Olivier Sabin est secrétaire de la section CGT du CHU de Nantes :


"Pas plus tard que ce matin, on est allés gérer deux demandes de ruptures conventionnelles. Il y a des gens qui en ont ras-le-bol. La vaccination c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Qu’on nous oblige à être vaccinés, à un moment il y a un ras-le-bol. On est là aussi pour défendre nos conditions de travail qui sont déplorables. Depuis la crise COVID, rien n’a changé. Au contraire on continue à fermer des lits, à supprimer du personnel et donc voilà, c’est tout un ensemble qu’il faut prendre en compte."


 

Titre :Olivier Sabin, cégétiste au CHU de Nantes

Crédit :Emilie Plantard

La vaccination des pompiers professionnels avance


Au 3 septembre, 80% des pompiers, tous statuts confondus, étaient rentrés dans un schéma vaccinal, contre 54% au 15 août dernier. En France 37 SDIS ont déjà plus de 90% de leurs pompiers vaccinés, et 15 sont à plus de 95%. C’est aussi le cas en Mayenne, Olivier Richefou le président du Département et du SDIS 53, au micro d’Anthony Boutin :

Titre :Olivier Richefou, président du SDIS de Mayenne

Crédit :Anthony Boutin

Il préside aussi la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS). 


Les professions concernées :



  • les personnels soignants et non soignants des hôpitaux

  • les personnels soignants et non soignants des cliniques

  • les aides-soignants

  • les personnels soignants des Ehpad et des maisons de retraite

  • les professionnels et bénévoles travaillant auprès des personnes âgées

  • les aides à domiciles

  • les bénévoles d'associations comme la Croix-Rouge

  • les pompiers

  • les services de santé au travail

  • les transports sanitaires comme les ambulanciers

  • les gendarmes et militaires


Une souplesse existe jusqu’au 15 octobre, à condition d’avoir entamé un schéma vaccinal.