Les services pédiatriques souffrent, les urgences de Nantes en grève

Publié : 27 octobre 2022 à 10h00 - Modifié : 27 octobre 2022 à 11h37 par Emilie PLANTARD

Crédit : Pixabay

A Nantes, après le service des urgences, ce sont les urgences pédiatriques du CHU qui sont en grève illimitée, à partir de ce jeudi 27 octobre. Un mouvement qui intervient après une tribune adressée au président Emmanuel Macron le 21 octobre dernier, signée par plus de 4000 professionnels français.

Ils sont exactement 4148 soignants en pédiatrie et associations de patients à avoir signé cette tribune entre le 20 et le 21 octobre. Tous dénoncent une situation intenable, alors même que démarrent seulement les épidémies hivernales, comme la bronchiolite.   


A Nantes, la cheffe de la pédiatrie au CHU est également présidente de la société de pédiatrie, elle fait partie des signataires. La professeur Christèle Gras-Le Guen ne peut que constater les difficultés grandissantes au sein de son service, notamment depuis le début de l’épidémie de bronchiolite, et dont les petits patients remplissent déjà le service de réanimation.


"Aujourd’hui on ne peut plus prendre tous les enfants qui le nécessitent en réanimation, ils attendent pendant des heures dans des services d’urgences déjà surchargés, avec des effectifs infirmiers insuffisants. Il faut qu’on puisse ouvrir des lits de soins critiques. Le danger serait que cette désorganisation soit délétère pour la santé des enfants."

Titre :Pr Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société Française de Pédiatrie

Crédit :Emilie Plantard

Un besoin urgent de personnel dans les services


A Nantes, la professeur Christèle Gras-Leguen est présidente de la société de pédiatrie, elle est une des signataires de cette lettre :


"Il faut pouvoir renforcer nos équipes d’infirmières et aides-soignants pour assurer les soins aux patients. Aujourd’hui ce n’est pas le cas et c’est pour ça qu’on a vu plein de soignants d’excellente qualité quitter l’hôpital. Et puis il faut revaloriser le travail de nuit."

Crédit : Doctolib

Titre :Pr Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société Française de Pédiatrie

Crédit :Emilie Plantard

La bronchiolite, en avance cette année


A Nantes, plusieurs dizaines de bébés sont déjà hospitalisés pour des cas de bronchiolites sévères. A Rennes, Angers, Brest... Les services d’urgences pédiatriques saturent un peu partout. Christèle Gras-Leguen est cheffe du service de médecine pédiatrique au CHU de Nantes, elle relativise toutefois, car la plupart des soins peuvent être faits en dehors des urgences, même le week-end :


"Pas d’inquiétude, il faut simplement aller consulter au bon moment, au bon endroit. J’étais de garde samedi, j’ai vu une famille à 5H du matin pour un garçon de 8 ans avec une conjonctivite. Ce n’est pas le bon endroit, ni le bon moment. On peut avoir un avis médical en appelant le 15, on peut joindre des pédiatres de garde le samedi et le dimanche, les maisons médicales de garde, il y a beaucoup d’alternatives, ne foncez-pas aux urgences !"


On peut éviter la bronchiolite !


Au CHU de Nantes, le service de réanimation pédiatrique est saturé, il est majoritairement occupé par des bébés souffrant de bronchiolite. Une situation difficile qui pourrait être évitée, écoutez la professeur Gras-Le Guen, elle est responsable de la pédiatrie au CHU de Nantes :


"On peut éviter la bronchiolite. Pendant les mesures barrières, pendant le confinement, on n’a pas eu de bronchiolites. Ça veut dire que ça marche ! Comme ce sont les tout-petits, les moins d’1 mois qui font des formes graves, il faut appliquer ces mesures quand on sort de la maternité. Donc pas de grande fête de famille, pas de bisous, on met un masque, on se lave les mains et on protège les tout-petits pour éviter qu’ils aillent en réanimation cet hiver."


En France l’épidémie de bronchiolite continue de progresser. C’est une infection virale et contagieuse, il faut donc s’en prémunir en appliquant les gestes barrière, particulièrement envers les nourrissons qui peuvent souffrir de formes sévères. Au moindre doute, il est recommandé d’appeler le 15. 

Titre :Christèle Gras-Leguen, cheffe du service de médecine pédiatrique au CHU de Nantes

Crédit :Emilie Plantard