Les sages femmes, en grève, vont manifester à Paris

Publié : 6 octobre 2021 à 16h55 par Dolorès CHARLES

Crédit : Bénédicte Nicolas

Les sages-femmes se mobilisent ce jeudi à Paris, pour demander une modification de leur statut.

Ce n’est pas une première pour les sages-femmes, la première mobilisation du genre remonte à 2014, et il s’agissait déjà de demander un statut correspondant à leur formation. Depuis rien n’a changé ou presque. En France, il existe trois professions médicales, les médecins, les dentistes et les sages-femmes, mais sur le plan administratif les sages-femmes sont remisées dans la catégorie des professions paramédicales à l’hôpital. Bénédicte Nicolas est sage-femme dans le Finistère, et syndiquée ONSSF (Organisation nationale syndicale des sages-femmes, syndicat représentatif majoritaire de la profession) et membre de la CFDT :


"On est une profession médicale, on est responsables de nos actes. On fait des suivis en autonomie, des prescriptions et des arrêts de travail, etc. mais on reste sur un statut, qui est complètement paramédical et on veut cette reconnaissance d'un statut médical, qui nous permettrait d'avoir une meilleure évolution de carrière, une meilleure visibilité, et puis on voudrait vraiment asseoir ce statut... On se retrouve entre deux, voilà pourquoi nous on est une profession médicale inclue dans les para médicaux."

Titre :Bénédicte Nicolas

Crédit :Dolorès Charles

Le malaise des sages-femmes, peu considérées


Horaires difficiles, salaires peu élevés, manque d’effectif… pas d’évolution de leur statut, et en même temps les compétences des sages-femmes, elles, évoluent. Elles pratiquent désormais des IVG ou des suivis en gynécologie (pose de stérilets...). Une enquête  du Collège national des sages-femmes (CNSF) en 2020 estimait, par ailleurs, à plus de 40 % la proportion de sages-femmes cliniciennes en situation de "burn-out". Un malaise bien réel, qui n'est pas entendu du côté du Ministère de la santé :


"Il y a plein de choses qui ont évolué mais à côté de ça, notre statut n'évolue pas, notre rémunération salariale ne suit pas... On passe par la première année de médecine, on fait 5 ans d'études, et il est question de passer à 6 ans d'études, parce qu'on s'est rendu compte que le nombre d'heures d'études dans les écoles de sages-femmes sont à 5 ans, mais cela équivaut en temps de formation à la même chose que les dentaires, qui eux ont fait 6 ans, ce qui permettrait avec une 6ème année de passer un doctorat, et donc aussi par rapport à une universalisation d'avoir maintenant avec toutes les passerelles d'obtenir un niveau supérieur."

Crédit : Bénédicte Nicolas

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Crédit :Dolorès Charles

Quelque 23 400 sages-femmes


La France compte quelque 23 400 sages-femmes. Récemment, elles ont dû se battre pour intégrer le Ségur de la santé, dont elles avaient été exclues, mais elles ont à nouveau été intégrées en tant que ... professions paramédicales. D’où leur colère. En allant à Paris, elles souhaitent interpeller directement leur ministre - Olivier Véran : "Monsieur Véran a souhaité demander un rapport à l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales), qui vient de sortir, et le document confirme que les sages-femmes devraient avoir un statut médical, que notre salaire n'est pas à la hauteur de nos compétences, mais il a estimé que c'était trop compliqué de faire un autre statut, et que voilà."

Titre :Bénédicte Nicolas

Crédit :Dolorès Charles

Que les femmes enceintes se rassurent, les urgences seront assurées, il y a des réquisitions dans les hôpitaux. Mais les consultations elles seront annulées, et des cabinets resteront fermés. La manifestation nationale partira à midi de Montparnasse, et les sages-femmes rejoindront le Ministère de la Santé (elles seront par exemple une centaine du Finistère). Un entretien a été demandé au cabinet du ministre Olivier Véran.