Acte 2 : la réforme des retraites mobilise encore beaucoup dans l’ouest

Publié : 31 janvier 2023 à 16h40 - Modifié : 1er février 2023 à 7h27 par Emilie PLANTARD

Crédit : Emilie Plantard

Au deuxième journée de mobilisation contre la réforme de retraites, ce mardi 31 janvier, les manifestations étaient encore nombreuses et importantes dans l’ouest. Exemple à Nantes où près de 45.000 personnes étaient dans la rue.

Un peu partout en Bretagne et Pays de la Loire, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé contre la réforme des retraites, des chiffres plutôt stables dans la plupart des villes, voire en hausse. 35 000 à Rennes contre 25 000 le 19 janvier, 20 000 à Brest, 15 000 à Tours, 14 000 à Saint-Nazaire, 12 000 à la Roche sur Yon, plus de 10 000 à Lorient, Vannes ou Morlaix ... Un record à Morlaix. Record également à Cholet avec 4 500 personnes dans les rues.  A Nantes, ils étaient près de 45.000 personnes, selon Ouest-France.  


Je n'ai plus d'énergie...


Dans le cortège, de nombreux secteurs étaient représentés, des soignants, des retraités, des enseignants mais aussi beaucoup de salariés du privé. Marie a 60 ans, agricultrice à Montbert (44), manifeste pour la deuxième fois. Elle se confie au micro d'Emilie Plantard : "C’est très important de revenir, ça se joue maintenant. Moi j’ai une exploitation agricole avec des vaches laitières, tous les jours il faut se lever à 5H30 du matin, donc nous rajouter 2 ans à moi et mes collègues, on trouve ça indigne. Là on aggrave les différences, entre les petites mains par rapport à ceux qui ont fait des études et ça c’est totalement inacceptable. En plus moi il me restait 2 ans, on va me demander d’en faire une de plus. Au moment où je m’apprêtais à transmettre mon exploitation à des jeunes, on me demande de décaler d’un an et je n’ai plus d’énergie."

Titre :Marie, manifestante et agricultrice

Crédit :Emilie Plantard

Des agriculteurs, des artisans...


Des profils qu’on ne croise pas souvent en manifestation, comme des artisans, des chefs d’entreprise. Cette réforme les inquiète suffisamment pour qu’eux aussi descendent dans la rue. "Je suis du milieu artisanat, j’ai fait de la maçonnerie toute ma vie et je ne vois pas comment les gens vont travailler jusqu’à 67 ans, quand on est indépendant en plus, ça ne fonctionne pas comme ça... Moi je suis peintre, j’ai commencé à 15 ans et je pense que je vais en avoir pour 1 an de plus, alors que j’ai une longue carrière et que je n’ai jamais arrêté. Je suis quand même assez fatigué, j’ai eu des accidents, et on me demande encore plus, je trouve ça inadmissible... On n’est pas trop habitué aux manifestations mais là c’est important. On manifeste aussi pour nos épouses aussi parce qu’elles ont des carrières hachées et vont devoir faire deux ans de plus. On n’est pas d’accord avec ça."


De nombreux manifestants ont mis en avant les inégalités de traitement et notamment celles que subissent les femmes dans leurs carrières.

Crédit : Emilie Plantard

Crédit : Emilie Plantard

Crédit : Emilie Plantard

Titre :Des artisans manifestants à Nantes

Crédit :Emilie Plantard

D’autres solutions possibles


A Nantes, les manifestants se disaient résolus à faire plier le gouvernement ou au moins lui faire revoir sa copie. Travailler plus longtemps n’est pas acceptable et pour beaucoup, d’autres solutions existent pour sauver notre système de retraite, contrairement à ce qu’a affirmé Emmanuel Macron cette semaine.


"J’ai entendu le président cette semaine mais j’entends aussi d’autres économistes, d’autres gens qui s’y connaissent et qui nous disent l’inverse. Et est-ce qu’il y a vraiment besoin, j’ai un questionnement énorme...  Non, on n’y croit pas du tout puisque le COR, le Centre d’Orientation des Retraites dit lui-même qu’il y a de l’argent et qu’il manquerait 12 milliards trouvable facilement. Il y a les moyens de faire autrement de faire en sorte que ce soit les moins argentés qui travaillent plus longtemps et indirectement paient le plus."

Titre :Des manifestants à Nantes

Crédit :Emilie Plantard

Les syndicats veulent maintenir une mobilisation forte


Pour les syndicats cette mobilisation massive est un nouveau succès et surtout la preuve que cette réforme n’est pas légitime. Yann Couroussé est secrétaire adjoint FO44, pour lui, amener les salariés jusqu’à 64 ans n’est de toute façon pas réaliste : "Il faut encore être très présent, il faut absolument faire reculer le gouvernement sur cette réforme. Pour l’instant, il fait la sourde oreille, il joue ses dernières cartes. Les salariés ne veulent pas de cette réforme, 2 ans de plus alors que la moitié des salariés qui font valoir leurs droits à la retraite à 62 ans aujourd’hui ne sont déjà plus au travail. Soit ils sont à Pôle Emploi ou à la CARSAT parce que usés et rajouter 2 ans ne fera qu’empirer la situation."

Titre :Yann Couroussé, secrétaire adjoint FO44

Crédit :Emilie Plantard

50% des enseignants sont en grève dans le primaire et 55% en collèges et lycées selon le SNES-FSU. Quelques établissements scolaires éaiennt bloqués également ce mardi, notamment à Rennes : Sciences Po et les lycées Jean Macé, Victor et Hélène Basch et Descartes. 75 et 100% de grévistes dans les raffineries et dépotsTotalEnergies, et 90% à A Donges, en Loire Atlantique.


Chez EDF, les grévistes ont opéré des baisses de charges dans les centrales électriques de près de 3.000 Mega watteur soit l'équivalent de trois réacteurs nucléaires, sans provoquer de coupures. Le secteur de l’énergie envisage une grève reconductible à partir de mardi prochain, 7 février.