Les poulpes envahissent les plages bretonnes

Les pêcheurs en remontent des tonnes (littéralement) dans leurs casiers ou dans leurs filets. La criée de Quiberon parle d'année record pour le poulpe, mais les pêcheurs s'inquiètent aussi de l'impact sur les espèces dont le poulpe est friand, comme les crabes ou les coquillages. Le poulpe se faisait pourtant discret, ces dernières décennies, sur les côtes bretonnes. Alors faut-il y voir un effet du réchauffement climatique ?

Pour Dominique Barthélémy, conservateur du milieu vivant à Océanopolis, il faut rester prudent dans l'interprétation du phénomène. Sans exclure l'impact du réchauffement des eaux océaniques, il souligne l'aspect cyclique de ce phénomène, déjà observé par le passé :

"Ce sont des espèces qui ne vivent pas très longtemps, les poulpes : 2-3 ans, donc le premier hiver est assez crucial : si les températures sont trop froides, les jeunes poulpes vont disparaître, et ne vont pas passer l'hiver. Si on a des hivers un peu plus doux, ce qui a été plutôt le cas ces dernières années, et qu'il y a eu suffisamment de poulpes à se reproduire précédemment, ça peut rapidement créer une augmentation sensible de la population."

En avant poulpe !

Le poulpe se nourrit aussi bien de mollusques que de crustacés comme le crabe ou le homard. Des pêcheurs s'inquiètent, et plus généralement, doit-on craindre un impact négatif de cette prolifération sur le milieu ? Dominique Barthélémy :

"Le poulpe est présent dans les chaînes alimentaires des eaux de la façade Atlantique française, ce n'est pas une espèce invasive qui n'était pas là avant, donc il a sa place, même si à certains moments il a été moins présent. S'il y a recrudescence de poulpes, cela va aussi être une opportunité pour certains prédateurs : certains poissons comme les congres, ou des petits requins qui se nourrissent de poulpes, donc il y a un équilibre qui va se trouver... Et puis il faut rappler qu'il y a des tonnages débarqués : ils sont pêchés par les pêcheurs, puisque le poulpe est une espèce qui peut être consommée par nous..."