Les jouets seront-ils plus chers à Noël ? Enquête dans le Morbihan

Publié : 5 octobre 2022 à 8h33 - Modifié : 5 octobre 2022 à 8h41 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Le breton Michel Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, a reconnu que "tout allait coûter plus cher" lors des fêtes de fin d'année, dont les jouets de Noël qui seront eux aussi touchés par l'inflation. Mais qu'en est-il réellement ? Notre reporter Yann Launay a enquêté dans le Morbihan chez Jouéclub et dans la boutique de Vannes "Little Marmaille".

Alors que les premiers catalogues de Noël arriveront bientôt dans les boîtes aux lettres, la question de la hausse du prix des jeux et jouets se pose. L'augmentation du coût des matières premières, de l'énergie et du transport n'épargne pas le secteur, mais les jouets seront-ils vraiment beaucoup plus chers cette année, et risquent-ils d'augmenter encore dans les semaines qui viennent ? Par ailleurs, les jouets fabriqués en France et en Europe, souvent plus chers que leurs équivalents asiatiques, vont-ils pâtir du contexte ? Eh bien pas forcément...


Il semble d'abord que la hausse des prix restera limitée, surtout pour les jouets non électroniques, comme l'explique Elodie Pierre, dans sa boutique "Little Marmaille", du centre-ville de Vannes, à Yann Launay. "Cela a déjà un petit peu augmenté, surtout sur les produits qui sont fabriqués en Asie, parce que c'est vraiment les coûts de transport qui sont énormes pour les fournisseurs qui répercutent. Si on achète en amont, on arrive à avoir des petites remises avec certains fournisseurs pour essayer de ne pas trop augmenter nos prix de vente. Mais on est obligés de répercuter quand même un petit peu : nos prix augmentent, je peux diminuer un petit peu ma marge, mais je ne peux pas non plus la sacrifier."


La concurrence asiatique


"Après, j'ai pris le parti de mettre mes sacs payants, donc j'ai préféré privilégier les clients qui amenaient des sacs et moins leur augmenter les prix de vente. Les gens comprennent que pour l'économie ou pour l'écologie, il faut diminuer tout ce qui est emballage." Par rapport à la concurrence en Asie,  Elodie Pierre note un resserrement des prix entre certains produits made in France et les concurrents made in China :"Tout ce qui va être comme Français, mais à base de papier, augmente quand même, mais sur certains produits à base de tissu par exemple, l'impact est moindre. Je vais rentrer une petite marque de doudous français, par exemple eh bien avant la différence entre le doudou asiatique et le doudou français était énorme. Avant le doudou français, on pouvait être vraiment 50 % plus cher ! Là, on sera aux alentours de 30 40. On voit bien que les gens ont de plus en plus envie d'acheter français, local, ou européen. Ce n'est pas une demande qu'on avait il y a cinq ans."

Titre :Elodie Pierre de la boutique "Little Marmaille"

Crédit :Yann Launay

Certains fabriquants choisissent de ne pas augmenter


Si certains jouets ont vu leur prix en magasin augmenter de 10 ou 15%, d'autres n'ont presque pas bougé depuis l'an dernier, parce que les distributeurs rognent sur leur marge, ou parce que les fabricants ont choisi de ne pas augmenter leurs tarifs. C'est le cas pour Haba, qui fabrique en Allemagne des jeux de société et des jeux en bois. Véronique Béquin est déléguée commerciale Haba France :


"De plus en plus de sociétés utilisent du carton recyclé et pour tout ce qui est énergie chez Haba, on utilise les sciure de bois puisqu'on fait aussi du bois et c'est utilisé pour chauffer les bâtiments, et il y a des panneaux solaires. Quand je pense que beaucoup d'entreprises maintenant se tournent aussi vers tout ce qui est développement durable. Pour l'instant, les hausses de coûts de production restent limitées. Tant que nous pouvons ne pas répercuter sur le client et le consommateur final, nous ne faisons pas."

Crédit : Yann Launay

Titre : Véronique Béquin, déléguée commerciale Haba France

Crédit :Yann Launay

Les prix déjà établis pour Noël


Dans les grands magasins spécialisés, dans un contexte de forte concurrence, la hausse des prix des jouets ne sera pas proportionnelle à la hausse des prix de l'énergie et des matières premières premières, comme le confirme Yann Hervé, co-gérant des magasins JouéClub de Vannes et Auray :


"On a été obligés de répercuter une partie de la hausse, mais on ne peut pas répercuter la totalité de la hausse, donc on est obligés de répercuter forcément un peu en début d'année. Il n'y aura pas plus d'augmentation maintenant sur la période de Noël, puisqu'on a un catalogue qui sort, qui est quand même très conséquent. Il est déjà fait, les prix sont déjà établis, la marge va forcément diminuer. On se pose souvent la question au niveau électricité, ce que ça va donner mais on n'est pas forcément les plus grands consommateurs d'électricité. Comme tout magasin, on a du chauffage et on a de l'éclairage. On ne répercutera pas cette hausse, ça c'est sûr. On a quand même des clients qui ont un budget qui va être forcément plus restreint aussi... donc on est obligés de s'adapter à eux. On se dit que cette année, ce sera peut être pas la meilleure des années, mais il y aura des meilleures années plus tard."

Titre :Yann Hervé, des magasins JouéClub de Vannes et Auray

Crédit :Yann Launay

C'est maintenant qu'il faut venir (et acheter)


Les consommateurs ont-ils intérêt à anticiper leurs achats de Noël, quitte à s'y mettre dès maintenant ? Pour Yann Hervé, "le catalogue ne va pas tarder à sortir. La marchandise est là. On a le temps de s'occuper des clients, et de les conseiller. Venir en décembre représentera toujours un risque pour avoir la marchandise. Dès qu'on a une rupture sur un produit, on ne peut plus le revoir. La plupart du temps, tout ce qui va être électronique, tout ce qui va être micro, ou ordinateur, les jouets d'éveil avec des phrases, des chansons, etc. c'est toujours plus compliqué. Tout l'intérêt est de venir très tôt au magasin pour avoir le choix, pour avoir le calme, la possibilité de poser des questions. Oui, c'est maintenant qu'il faut venir."


Malgré le contexte d'inflation généralisée, le cabinet spécialisé NPD ne prévoit pas de nette diminution du budget jouets des familles, qui devrait rester proche de celui de l'an passé, autour de 131 euros par enfant.

Titre :Yann Hervé, des magasins JouéClub de Vannes et Auray

Crédit :Yann Launay