Les infirmiers libéraux dans la rue ce vendredi, à Rennes et Nantes

Publié : 12 mai 2023 à 9h37 - Modifié : 12 mai 2023 à 14h47 par Emilie PLANTARD

Crédit : Emilie Plantard

Face à des conditions de travail et de rémunération qui se dégradent, un collectif d’infirmières et infirmiers libéraux appelle à manifester à Nantes et Rennes ce vendredi 12 mai. Ces professionnels de la santé dénoncent le mépris des autorités face à une profession difficile, dont les actes n’ont pas été revalorisés depuis 2009.

Les infirmières et infirmiers libéraux sont à cran. Ils sont plusieurs milliers à avoir rejoint un collectif asyndical, "Infirmiers libéraux en colère", qui organise ce vendredi 12 mai des manifestations dans toute la France, dont deux à Rennes et Nantes. Les professionnels de santé veulent dénoncer des conditions de travail et surtout de rémunération toujours plus difficiles. Après l’absence de considération pour leur profession suite à la crise du Covid, ils veulent entamer des discussions avec la CPAM notamment.



Nos déplacements sont à 2,50 euros depuis 2012



Ronan Le Conniat, infirmier libéral à Rennes et membre du collectif, explique que "suite à la crise Covid, ils ont été les seuls oubliés du Ségur. Nos collègues hospitaliers ont eu une augmentation et ils la méritent amplement. On a participé au maintien du système de santé, c’est-à-dire que sans les infirmiers libéraux les patients seraient retournés à l’hôpital, qui était en train de craquer. On a déjà eu une première déception à ce moment-là, et ensuite il faut savoir que nos conditions tarifaires n’ont pas bougé et nos déplacements sont à 2,50 euros depuis 2012."

Titre :Ronan Le Conniat, infirmier à Rennes et membre du collectif Infirmiers Libéraux en Colère

Crédit :Emilie Plantard

Une nomenclature parfois complexe


La tarification de leurs actes n’a pas changé depuis 2009, les indemnités kilométriques, sont également au même niveau depuis 2012, malgré l’augmentation du prix du carburant. Un contexte de plus en plus dur, jusqu’à la loi de financement de la Sécurité Sociale, qui a eu l’effet d'un coup de grâce cet hiver. L’article 102 prévoit notamment d’accentuer les contrôles sur la facturation. Or ces démarches sont particulièrement lourdes et les erreurs possibles. "Ce qu’il faut comprendre, ajoute Ronan Le Conniat, c’est que la manière de facturer les soins est déjà rendue compliquée de part notre nomenclature, ce sont tous nos actes qui correspondent à un tarif. Si je vous parle d’une prise de sang, c’est 8,58 euros à domicile, c’est facile il n’y a pas à se tromper. Par contre, d'autres actes, comme certains protocoles de perfusion, sont difficiles à facturer, parce que la nomenclature n’est pas claire. Ce qu’on demande c’est de réécrire la nomenclature pour qu’elle soit claire pour tout le monde, cela évitera aussi à des personnes de frauder..."


"Il est évident qu’il faut lutter contre la fraude, ajoute t-il. Mais la manière dont est rédigé cet article nous inquiète. On craint que n’importe quelle erreur de facturation ne soit traitée par la CPAM comme une fraude. Cela peut impliquer des sanctions, par exemple un déconventionnement. On demande que cet article soit clarifié parce qu’il est rédigé d’une manière qui prête à interprétation."

Crédit : Infirmiers Libéraux en Colère

Titre :Ronan Le Conniat, infirmier à Rennes et membre du collectif Infirmiers Libéraux en Colère

Crédit :Emilie Plantard

Le ciel s’assombrit


Une pétition en ligne a déjà reçu plus de 111.000 signatures, et témoigne de l’épuisement physique et psychologique de la profession et de la nécessité d’entendre les revendications car aujourd’hui, c’est l’inquiétude qui domine selon Ronan Le Conniat . "Il y a plusieurs signaux qui font qu’on a peur du futur. Il y a des structures de soins avec des salariés qui se développent de plus en plus. Il y a un glissement des tâches de notre profession en faveur de pharmacies ou de fournisseurs de matériel qui commencent à faire des soins auprès des patients et nous, on a peur de l’avenir. On n’a pas que des revendications en terme de revenus. On veut faire comprendre à la population que, peut-être dans quelques années, le métier d’infirmier libéral n’existera plus."


Une pétition "Lettre ouverte des infirmiers libéraux" est disponible en ligne. Elle a dépassé les 111.000 signatures.

Titre :Ronan Le Conniat, infirmier à Rennes et membre du collectif Infirmiers Libéraux en Colère

Crédit :Emilie Plantard