Les dépôts pétroliers de Brest, Lorient et de Vern-sur-Seiche bloqués
Publié : 15 mars 2022 à 20h10 - Modifié : 16 mars 2022 à 7h34 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
Ils demandent une intervention immédiate et puissante de l'Etat pour faire baisser leur facture de carburant : depuis hier matin (mardi 15 mars), des professionnels des travaux publics, des pêcheurs, des routiers bloquent les dépôts pétroliers de Brest, Lorient, et depuis hier soir de Vern-sur-Seiche.
A Lorient, les pêcheurs étaient particulièrement nombreux parmi les bloqueurs : une bonne partie de la flotte lorientaise a stoppé, les bateaux restent à quai, et ils ne reprendront la mer que lorsque le prix du gazole aura baissé. Ces pêcheurs dénoncent la spéculation sur les produits pétroliers, et le poids des taxes. Pour Philippe Lannezval, président du Groupement des Pêcheurs artisans de Lorient, la guerre en Ukraine a bon dos :"Je me rappelle que le baril était arrivé à 142 dollars en 2008. Nous à la pêche on l'avait à 77 centimes, dans les stations essence, on le retrouvait à 1,42 euro... Et là on voit le gasoil à 2,30 euro, alors que je ne suis même pas sûr que le baril a atteint les 142 dollars. Tous les gouvernements successifs depuis, ont augmenté les taxes... Alors après ils peuvent bien donné des petits chèques aux Français. Et en plus en faisant un énorme poisson d'avril en promettant 15 centimes de ristourne aux Français un premier avril. C'est vraiment le foutage de gueule jusqu'à la fin."
Titre :Philippe Lannezval, président du Groupement des Pêcheurs artisans de Lorient
Crédit :Yann Launay
Les patrons et employés des entreprises de travaux agricoles sont aussi nombreux sur le blocage lorientais : alors que leurs engins sont censés reprendre du service, avec l'arrivée du printemps, ils se disent coincés financièrement, comme l'explique Didier Perret, patron d'une entreprise de travaux agricoles au Croisty, dans le centre Bretagne à Yann Launay :"Il y a à peine un an, quand on faisait le plein d'une ensileuse le matin, ça coutait 600 euros, aujourd'hui le GNR à 1,60 euro, le calcul est vite fait , quand on met 1000 litres, c'est 1600 euros. Il y a 1000 euros d'écart. C'est impossible de le répercuter. Qui va nous payer ? Les agriculteurs ? Ils n'ont pas d'argent. On va aller demander de l'argent à des gens qui sont déjà endettés ? C'est impossible."
Crédit : Yann Launay
Titre :Didier Perret, patron d'une entreprise de travaux agricoles au Croisty
Crédit :Yann Launay
Les 15 centimes de remise par litre annoncés par le gouvernement sont clairement insuffisants pour eux, comme l'explique Claude Rault, patron des Transports Rault et membre du syndicat OTRE (Organisation des Transporteurs Routiers Européens), qui participe au blocage du dépôt de Lorient :"15 centimes, pour nous ça ne représente rien. Aujourd'hui, un gasoil à 2 euros, c'est invivable... Bien sûr nous on répercute une partie de ces augmentations sur nos tarifs, sur nos clients : c'est "l'indexation gasoil". Nos clients qui ont budgétiser un coût de transport sur l'année, vont se retrouver avec 20% d'augmentation du prix du transport. Ce n'est pas possible pour eux, ce n'est pas possible pour nous non plus, on ne peut pas supporter ça, avec des marges de 1 ou 2% dans le transport. Il faudrait qu'on ait un gasoil professionnel plafonné à 1,20 euro du litre sur l'année. Et un gel de la TICPE."
Titre :Claude Rault, patron des Transports Rault
Crédit :Yann Launay
Le gel de la TICPE, la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques, est l'une des principales revendications des bloqueurs. Alors que le gouvernement doit présenter son plan de résilience ce mercredi, les manifestants ont prévenu : si les mesures sont insuffisantes à leurs yeux, le blocage des dépôts pétroliers se poursuivra.