Les Côtes-d'Armor, le département le plus touché par le suicide
Publié : 13 octobre 2021 à 8h59 - Modifié : 13 octobre 2021 à 9h05 par Dolorès CHARLES
Crédit : Pixabay
Le territoire des Côtes d'Armor est le département français le plus touché par le suicide, un dispositif spécifique est en place à Bégard, dans le Trégor.
C’est le 3114, le numéro national de prévention du suicide ! Annoncé par le ministre de la Santé et des Solidarités lors de l’ouverture des Assises de la Santé mentale et de la psychiatrie, ce numéro fonctionne depuis le 1er octobre. Un numéro gratuit, accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Pour la Bretagne, cette continuité nuit comme jour est assurée par le centre opérationnel de Brest. Le territoire des Côtes d'Armor est le département français le plus touché par le suicide. Le centre hospitalier Bon Sauveur de Bégard, spécialisé en santé mentale, vient lui de déployer un dispositif d'accompagnement des proches endeuillé par un suicide.
Alinéa, pilote en France
Un dispositif professionnel baptisé Alinéa, qui est une première en France. Mélanie Coquelin, psychologue à la fondation et coordinatrice du dispositif : "il y avait un besoin et une attente et l'enjeu a donc été de modéliser un dispositif qui puisse à la fois répondre aux besoins des proches endeuillés et aux besoins des annonceurs et des associations qui sont impliquées de gré ou de force dans un évènement aussi brutal. Nous avons créé un modèle en collaboration avec les policiers et gendarmes, et cette collaboration-là est une première extrêmement innovante au niveau national. Alinéa constitue également un modèle expérimental, qui serait voué par la suite à être dispensé également sur d'autres territoires français."
Titre :Mélanie Coquelin, psychologue à la fondation
Crédit :Nicolas Vetal
Entre veille et accompagnement
Il y a deux voies d’entrées dans ce dispositif : la veille et l’accompagnement, explique Mélanie Coquelin, coordinatrice du dispositif : "d'une part il y a donc la veille, c'est à dire que sur le territoire désormais, dès qu'il y aura un décès par suicide, les annonceurs qui sont les policiers et les gendarmes accompagnés d'élus, auront en leur possession un document à remettre aux proches à qu'ils annoncent ... et en parallèle à cela, gendarmes ou policiers adressent à Alinéa une information avec les coordonnées du proche pour que nous puissions le contacter dans les jours qui suivent... et puis il y a le volet "accompagnement", c'est à dire que proches, mais également proches de proches, à savoir toute personne qui a besoin d'information ou de soutien en lien avec le décès d'un proche par suicide peut s'adresser au dispositif de lui même, sans attendre d'être appelé (*)"
Titre :Mélanie Coquelin, psychologue à la fondation
Crédit :Nicolas Vetal
Un décès par suicide est vécu différemment
Il faut savoir qu’un suicide suppose 135 personnes exposées à ce décès, et une dizaine en souffre durablement. Un décès par suicide est vécu différemment par la famille pour Mélanie Coquelin : "il y a le caractère soudain et brutal de l'évènement, il y a aussi ce que cela peut supposer en termes de confrontation à des scènes violentes, et puis il a tout le cheminement de deuil qui peut s'en suivre avec des particularités quel l'on retrouve fréquemment des notions de culpabilité, d'auto accusation, et beaucoup de questionnements sur le geste, le lien qui nous unissait à la personne, il y a aussi des phénomènes de honte et de colère (...) qui amènent à des ruminations douloureuses, et c'est là toute l'importance de bénéficier d'un dispositif qui va vers..."
Titre :Mélanie Coquelin, psychologue à la fondation
Crédit :Nicolas Vetal
La Fondation travaille sur la question de la prévention du suicide depuis une quinzaine d’années, des consultations individuelles sont possibles dans le volet accompagnement.
(*) Un numéro pour contacter la Fondation, le 06 70 62 63 19 ou ce mail alinea@fonationbonsauveur.Fr