Législatives : Emmanuel Macron devra composer... avec la droite ?

Publié : 20 juin 2022 à 15h11 - Modifié : 22 juin 2022 à 13h19 par Dolorès CHARLES

Crédit : Assemblée Nationale

Analyse du scrutin au lendemain du second tour des élections législatives en France, la coalition Ensemble ! réunissant la majorité présidentielle et ses alliés a décroché 245 sièges, ce qui lui permet d’avoir une majorité relative à l'Assemblée nationale. La gauche réunie sous la bannière Nupes fait une belle poussée (131 sièges), et le RN sera représenté par 89 élus, historique !

Ensemble ! vers une majorité toute relative ! Suite au second tour des élections législatives, qui s'est déroulé ce dimanche (19 juin) en France, la coalition réunissant la majorité présidentielle et ses alliés (Modem, Horizons) a décroché 245 sièges, insuffisant pour remporter la majorité absolue fixée à 289 sièges. Premier groupe d’opposition - la Nupes – la grande coalition de gauche emmenée par la France Insoumise - obtient 131 sièges, et le Rassemblement National réalise lui un score historique, avec 89 députés.


Dans l’Ouest, deux défections majeures illustrent l’échec du Président de la République, la défaite du président de l'Assemblée, Richard Ferrand, député sortant de la 6ème circo du Finistère, battu, tout comme le questeur de l'hémicycle, Florian Bachelier, député sortant de la 8e circonscription d'Ille-et-Vilaine, lui aussi battu. Analyse de ce scrutin, une nouvelle fois marqué par une forte abstention, et une importante proportion de votes blancs et nuls, avec le politologue nantais Arnaud Leclerc.


L'un (Macron) et l'autre (Mélenchon) ont perdu


Pour Arnaud Leclerc, c’est un échec cuisant pour le président "Jupiter" Emmanuel Macron, et très relatif pour l’insoumis pour Jean-Luc Mélenchon, qui ne sera évidemment pas nommé à Matignon : "Le discours de Jean-Luc Mélenchon c'était de la poudre aux yeux, parce que la possibilité qu'il puisse obtenir la majorité étant très faible. Ce qui l'a cherché à faire c'est surtout mobiliser les abstentionnistes pour son camp, car il y avait un risque de démobilisation important, pour essayer d'avoir un groupe fort et construire une opposition lourde, et ça c'est à moitié réussie et on ne sait pas très bien quelle sera la destinée de cette coalition de la gauche. Est-ce qu'elle a vocation à durer ou au contraire à être mise en difficulté assez vite ? Car pour l'instant elle regroupe des forces hétéroclites, et c'était un accord assez défensif et électoral. L'un et 'lautre ont perdu d'une certaine manière."

Titre :Arnaud Leclerc, politologue

Crédit :Dolorès Charles

Un rapprochement avec la droite ?


La gauche met une droite à Emmanuel Macron, mais ce dernier devra plutot regarder ... à droite - chez les Républicains - pour faire passer ses lois. En clair, le chef de l'Etat devra séduire d’autres élus et composer avec cette nouvelle assemblée. Mais, si certains Républicains plaident déjà pour un rapprochement, comme Christelle Morançais la présidente de Région Pays de la Loire (LR), d’autres disent "non" à l’éventualité de rejoindre Ensemble ! comme le sénateur vendéen (LR) Bruno Retailleau. Dans les faits, on assiste aujourd'hui au retour de la gauche, mais "c’est la droite qui sera paradoxalement une force stratégique dans cette nouvelle assemblée", analyse Arnaud Leclerc :


"Si on regarde à l'échelle des voix, la gauche est à un niveau très faible historiquement en France. Un électeur sur 3 vient de la gauche, c'est un niveau très faible, mais si on raisonne en sièges, comme il y a une déformation par le mode de scrutin, c'est vrai que l'union de la gauche va peser lourd dans l'Assemblée, mais stratégiquement pour construire une majorité c'est plutôt vers la droite qu'Emmanuel Macron va devoir aller. C'est un peu un paradoxe, encore plus pour les Républicains, qui sont une force très déclinante (4ème groupe de l'Assemblée) mais paradoxalement les LR vont être la force stratégique et centrale dans le dispositif."

Titre :Arnaud Leclerc, politologue

Crédit :Dolorès Charles

La percée du Rassemblement National


C’est ce mercredi qu’entrera en fonction l'Assemblée pour une 16ème législature, mais c’est seulement mardi prochain (le 28 juin) que les nouveaux députés ou députés réélus commenceront à siéger. Parmi eux, donc 89 élus issus des rangs du mouvement de Marine Le Pen, arrivée au second tour de la présidentielle. "Le RN a une dynamique en termes de voix depuis désormais longtemps et dans tous les territoires de France, même dans l'Ouest où ce n'est pas habituel il progresse nettement. Simplement le parti a passé des étapes, qui font qu'il existe aujourd'hui y compris au 2è tour et il peut même gagner dans un scrutin majoritaire à deux tours, qui lui est structurellement défavorable. Rappelons qu'un parti, qui est au 2è tour de la présidentielle et qui fait 42%, ce n'est pas illogique qu'il ait 90 députés, il y a une certaine correspondance !"

Titre :Arnaud Leclerc, politologue

Crédit :Dolorès Charles

Dans ce nouvel hémicycle, la proportion de femmes est en baisse par rapport à 2017. Au total, l'Assemblée comptera 215 femmes (37 %) et 362 hommes (62 %), et comme il y a 5 ans, c’est le groupe LR qui est le moins paritaire !


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