Le départ d'Angela Merkel, vu par des franco-allemands de l'Ouest
Publié : 27 septembre 2021 à 17h49 - Modifié : 27 septembre 2021 à 18h17 par Dolorès CHARLES
Crédit : Pixabay
En Allemagne, c'est la fin de l'ère Merkel. Membre de l'Union chrétienne-démocrate, la chancelière est à la tête du pays, depuis le 22 novembre 2005. Olaf Scholz du SPD pourrait lui succéder, il est arrivé en tête au premier tour des législatives hier (dimanche) outre-Rhin.
Qui succédera à Angela Merkel ? Difficile à dire, car les résultats (provisoires) aux élections législatives allemandes sont très serrés : le SPD - le parti social-démocrate emmené par Olaf Scholz a réuni plus de 25% des suffrages, dépassant de peu les conservateurs de la CDU - le parti de la chancelière, emmené par Armin Laschet (24%). Olaf Scholz s’attend à de longues négociations, pour former un gouvernement de coalition avec également les écologistes et les libéraux.
Deux voire trois partis au gouvernement
En Allemagne, c'est l'assemblée appelé le Bundestag - 735 sièges - qui choisit le Gouvernement (368 voix). Cette fois, les scores s'avèrent si serrés qu'il faudra peut-être plus de deux partis pour former une coalition : une première depuis les années 1950.
Les explications de Martin Krechting, un nantais référent régional des concitoyens franco-allemands : "on a demandé au candidat à la Chancellerie des sociaux-démocrates s'il allait prononcer les voeux de bonne d'année, et il l'espère bien entendu, mais il a rappelé que lors des dernières élections, on avait mis jusqu'au mois de mars pour annoncer la composition de la nouvelle coalition... Les enjeux sont tels que tout le monde - espérons-le - va apprendre de ce qui s'est passé en 2017. C'était d'autant plus particulier que plus personne ne voulait de cette grande coalition des deux partis principaux, et il y avait comme cette fois-ci une coalition entre les conservateurs, les libéraux et les verts qui a échoué. C'est suite à ça qu'ils ont repris les pourparlers de coalition pour reformer une 3ème grande coalition, c'est ce qui a expliqué cette durée de pourparlers... inhabituelle pour la France."
Titre :Martin Krechting
Crédit :Anthony Boutin
Ce qu'il faut retenir des décisions de Merkel
En attendant la coalition, Angela Merkel va gérer les affaires courantes, avant de céder sa place après quasiment 16 ans passés au pouvoir. Martin Krechting revient sur les grandes décisions qu’elle a dû prendre : "on lui doit d'avoir su gérer toutes les crises survenues pendant son mandat (et Dieu sait qu'il y en a eu beaucoup). Elle a pu retrouver un peu plus de soutien de par la gestion de la crise, qui a pourtant été contestée par pas mal d'allemands (...) Malgré tout, cette stabilité qu'a pu avoir l'Allemagne, au niveau économique notamment, c'est quelque chose qu'on lui devra toujours... Aujourd'hui, il n'empêche nous avons une société, qui est fracturée et morcelée avec les gens qui ont contesté les mesures pandémiques ou l'accueil des réfugiés... La sortie du nucléaire était quelque chose d'inattendu et récemment ce qu'elle a fait avec les eurobonds, c'est une mesure qui n'était pas attendue de la part de celle qui avait été la défenseure de l'austérité en Europe."
Titre :Martin Krechting
Crédit :Anthony Boutin
Comment peut-on expliquer une telle longévité ?
Pour Martin Krechting, "16 ans c'est quelque chose de connu, avec Helmut Kohl (ndlr : ancien chancelier de 1982 à 1998)", mais les temps sont certes différents de par les crises vécues et les changements dans la société . Le nantais "l'explique également par la relative faiblesse des grands partis et cette fracturation des paysages politiques, qui finalement même avec des pourcentages moindres pour les grands partis, ont permis de garder une place de choix. Notamment aux chrétiens démocrates, qui sont depuis longtemps le premier ou le deuxième parti d'Allemagne, ce qui a permis à leur candidate - à la chancelière - de rempiler pour un autre mandat."
Titre :Martin Krechting
Crédit :Anthony Boutin
Retrouvez le podcast consacré aux élections allemandes ici : Anthony, Julie et Sylvain avaient aussi invité dans leur émission Vincent Lavalle, vice-président de la Maison de l’Allemagne du Finistère.