Route du Rhum. Yves Le Blévec : "Le bateau me parle"

J-4 avant le grand départ de la Route du Rhum à Saint-Malo (35) ! Sur les pontons, les marins prennent un dernier bain de foule avant de traverser l’Atlantique en solitaire, en direction de Pointe-A-Pitre en Guadeloupe. Parmi les "Ultim", ces maxi-trimarans qui vont se jouer la victoire finale, le breton Yves Le Blévec fait figure d’outsider. Avec son bateau "Actual", le skipper de La Trinité-sur-mer a terminé 4ème de la Transat Jacques Vabre l’année dernière.

Un sprint pour Yves Le Blévec 

Sur ce Rhum, les premiers ne mettront qu’une semaine pour rallier la Guadeloupe. Presque un sprint, pour Yves Le Blévec interrogé par Simon Reungoat : "Le Rhum, je dirais que c'est un 800 mètres ! Tu ne peux pas la courir sur la cadence d'un 100 mètres, tu ne tiendrais pas. Pour autant, tu ne peux pas dire que tu vas partir tranquille, et que tu accéléreras à la fin, c'est trop tard. On n'est pas à 100% du bateau, parce que tu es en solitaire : pendant que tu fais un truc, les autres ne se font pas, on n'est pas en équipage. On ne peut pas naviguer en permanence avec les écoutes à la main. En fait surtout, plus que d'aller très vite, il faut aller vite tout le temps !"

Un bateau qui parle

A bord, Yves Le Blévec s’appuie sur de nombreux outils technologiques pour naviguer, mais il n’oublie jamais que le marin doit aussi écouter son embarcation : "Même si on a plein d'électronique, plein d'alarme, ça sonne de partout... On a aussi l'obligation de faire corps avec le bateau. Il y a un rapport à la sensation qui est évident, que ce soit le mouvement, la vision l'oreille, le toucher : le bateau, même si ce n'est pas une personne, il parle ! Alors ça fait énormément de bruit, mais on peut identifier des petits bruits de dysfonctionnement qui annoncent une future avarie. Il faut écouter. C'est ce qui fait que la navigation sur ce bateau est tout sauf reposante, car cela exige un noveau de concentration, de stress... Je ne conseillerai à personne une croisière à bord d'Actual !"

Plus de 100.000 personnes par jour !

La foule se presse sur le village du Rhum, et les bateaux des 138 skippers sont exposés à la vue de tous, amarrés aux pontons malouins, dans une ambiance festive et familiale. Micro tendu par Simon Reungoat. "Il y a beaucoup de monde, mais c'est sympa, ça permet de voir plein de choses, ça fait découvrir aux enfants aussi... J'aime bien les bateaux et de les voir en vrai. Quelle impression de voir ce bateau (SVR) de Gabart ? Ça fait bizarre parce que c'est énorme ! On n'est pas du tout des spécialistes de la voile. On est un peu des badauds. On a vu des petits bateaux, des monocoques, des ultims. C'est impressionnant de nuit, et ça vaut le coup aussi : on est passé sur les remparts pour voir la lumière au niveau des bateaux et c'est génial. On y a passé la journée entière. Il y a beaucoup d'animations et beaucoup d'ambiance ! Hier soir notamment, on a passé une super belle soirée. C'est la première année que nous venons à la Course du Rhum et là, j'ai été vraiment épaté !"

La visite du village de le Route du Rhum à Saint-Malo est gratuite et vaut le détour, mais préparez-vous à jouer des coudes : l'affluence devrait encore augmenter d'ici au départ dimanche. Vivez toute la semaine sur Hit West l'actu du village et des skippers avant le grand départ du Rhum dimanche (à 13h02). Retrouvez aussi l'interview du nantais Armel Tripon ici.