Lannion. Le comptage des manifestants : où est la vérité ?

De mouvement social en mouvement social, la polémique est toujours là : impossible de se mettre d'accord sur le nombre de manifestants dans les rues. Pour la journée du mardi 7 mars, le ministère de l'Intérieur a dénombré 1, 28 million de personnes dans les rues, alors que la CGT en a vu 3,5 millions. La vérité serait-elle au milieu ? Les chiffres gouvernementaux seraient en fait plus proches de la réalité, mais personne ne peut revendiquer de réelle précision, au vu des méthodes utilisées, comme l'explique Enrico Durbano, directeur général de l'entreprise spécialisée Eco-compteur, basée à Lannion :

La difficulté d'annoncer des chiffres précis

"Il y a deux méthodes la préfecture de Paris qui utilise des vidéos et des enregistrements et ils font des plages d'une dizaine de minutes. Ils regardent sur une zone combien des gens passent et après, ils extrapolent et les manifestants ont un comptage plutôt manuel et puis il y a aussi un cabinet qui essaie de donner la vérité entre les deux, et il se base sur des caméras qui enregistrent avec des méthodes d'extrapolation parce qu'après la caméra n'arrive pas en fait à couvrir toute la largeur de la rue... Il y a toujours cette difficulté d'annoncer des chiffres précis."

Eco-compteur revendique entre 90 et 95% de précision

L'entreprise lannionnaise profite des manifestations pour tester son propre système, basé sur la détection de la chaleur du corps humain. Eco-compteur revendique entre 90 et 95% de précision, mais son système est avant tout destiné aux collectivités, pour mesurer par exemple la fréquentation d'un site touristique. A l'ère des caméras 8k et des satellites, il ne serait pas possible d'obtenir un chiffre exact ? C'est que l'exercice n'est pas si simple, comme l'explique Enrico Durbano, dont la société est spécialisée dans le comptage sur l'espace public :

"La difficulté tient au fait que c'est très compacté et identifier chaque tête est difficile et puis cela dépend des groupes, s'il pleut ou pas. Il y a différentes variables, la largeur aussi, il y a des caméras qui sont sensibles et peuvent compter plus ou moins large. Si vous couvrez une zone large, vous devez monter en hauteur, mais si vous montez en hauteur, vous aurez moins de résolution... Avec les images satellites, il y a une résolution qui n'est pas assez fine et après, il y a tout le contexte RGPD lié à la vie privée qu'il faut prendre en compte. Ce n'est pas une chose qui est simple en soi !"

Le nombre de manifestants sera à nouveau scruté de près ce samedi (11 mars), pour la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

Une précision de plus en plus affinée

Eco-Compteur teste en ce moment des systèmes de dénombrement des piétons, en profitant des manifestations, situation extrême idéale pour pousser les systèmes dans leurs retranchements. Des systèmes toujours plus pointus, comme l'explique Enrico Durbano à Yann Launay : "on a des technologies qui ... se basent sur la détection de la chaleur du corps humain. Chaque fois qu'il y a une personne qui passe devant, il détecte la variation de chaleur entre la température du corps et la température ambiante et la personne est comptabilisée. La précision absolue dans les technologies de comptage n'existe pas. Nous, on a une promesse de pouvoir comptabiliser des flux autour de 90 - 95 %, avec aussi des algorithmes aujourd'hui qui sont de plus en plus performants sur l'intelligence artificielle."

Eco-compteur recrute

Il y a peu de chance que les préfectures ou les syndicats investissent dans des systèmes conçus par Eco-Compteur : le marché visé par l'entreprise est plutôt celui des communes, départements, régions, pour de la mesure fine de trafic piéton ou vélo. Sachez pour finir que la société Eco-Compteur recrute, pour ses sites de Lannion, Cologne et Montréal. L'entreprise est en plein développement, et vend des solutions dans une trentaine de pays.

Tous les détails sur le site eco-compteur.com.