Lannion apporte une réponse à la problématique du logement saisonnier

Alors que des milliers de saisonniers sont actuellement recherchés en Bretagne, la pénurie d'hébergements décourage bien des candidats notamment en Côtes-d'Armor. Ce manque de logement pénalise les travailleurs, mais également les entreprises qui peinent à recruter dans des secteurs d’activités comme le tourisme ou l’agriculture. Pour tenter d'apporter une réponse à cette problématique, "Lannion Trégor Communauté" a mené pendant deux ans une expérimentation calquée sur une alternative développée par Pornic Agglo depuis plus de 10 ans, et qui consiste a créer un parc d’hébergement temporaire chez l'habitant.

Un accompagnement personnalisé

Après une phase de test concluante, l'agglomération LTC a décidé de généraliser ce dispositif à l'ensemble du territoire en proposant aux propriétaires qui disposent de l'espace suffisant, une aide financière pour les travaux et un accompagnement personnalisé. En quelques années, le profil des saisonniers a changé, et les locaux ont laissé la place à une main d'œuvre extra-régionale dont le critère numéro un est désormais le logement avance Marie Laizet, chargé de projet saisonnalité à Avenir Jeunes Ouest Côtes-d'Armor, interrogé par Nicolas Vetal.

"Aujourd'hui, le salarié a un choix en termes d'emploi et un des critères premiers va être le logement. Il ne veut pas s'inquiéter, se stresser à essayer de trouver un logement avant d'arriver sur site. Il lui faut un logement clé en main meublé, confortable pour assurer une saison, où il va pouvoir se reposer. Ce sont des gens qui ont entre 20 ans, 25 ans et 30 ans, voire même plus 40 - 45 ans, qui sont sur des postes longs, qui leur demandent beaucoup de travail physique souvent... et quand ils rentrent dans leur logement, il leur faut vraiment ces conditions de confort."

Des hébergeurs "qui ont envie de rester dans le coup" 

Ces logements ne sont pas forcément existants, alors il faut les créer explique Marie Laizet : "je pense qu'il faut créer les logements disponibles, notamment en trouvant des propriétaires qui ont aussi une fibre liée à la rencontre, ou à la solidarité... qui ont envie de faire quelque chose pour des jeunes ou d'aider des gens qui veulent travailler pour qu'ils puissent accéder confortablement et de façon sécurisée à leur emploi... On cherche aujourd'hui des hébergeurs, qui ont cette envie à la fois de rencontrer et mieux connaître aussi les conditions de travail et les motivations - on parle beaucoup de sens au travail, de qualité de vie au travail - et ces hébergeurs ont envie aussi de rester dans le coup, et de connaître tous ces gens là qui ont une autre façon aussi de vivre leur travail."

Au-delà l'aspect locatif, c'est aussi une histoire de rencontre et de feeling : "ce qui marche, pour Marie Laiset, c'est le fait de faire du sur mesure, c'est à dire qu'on met en relation un hébergeur avec un saisonnier. Ce sera toujours un contact par intuition, que je vais provoquer parce que les profils correspondent... C'est le gage du succès et surtout de belles rencontres : des gens qui arrivent à avoir aussi des moments où ils se retrouvent un peu informels. Ça se fait un petit peu de façon spontanée, surtout pour partager, échanger, et souvent ils se tiennent au courant de leur parcours par la suite."

Actuellement le dispositif  "1 Toit - 1 Emploi " comprend une vingtaine d'hébergement et plusieurs dossiers sont en cours pour bénéficier des aides financières. En contrepartie, le propriétaire s'engage pendant 3 ans à louer au moins 6 mois de l'année, dont juillet-août, uniquement à des travailleurs saisonniers.