Kermesse à Landunvez. Non à la régularisation de la "ferme aux 12 000 cochons"
Publié : 27 décembre 2022 à 16h03 - Modifié : 28 décembre 2022 à 7h41 par Dolorès CHARLES
Crédit : Collectif Stoppons l'extension
Dans l'ouest, le collectif "stoppons l'extension" de Landunvez (29) organise une kermesse sur la plage fermée du château, ce mercredi 28 décembre pour informer les habitants et dénoncer la dernière décision du préfet validant l'extension de la "ferme aux 12 000 cochons." Une régularisation qui intervient après deux décisions judiciaires, invalidant ce projet .
C’est une décision qui fait beaucoup parler en Bretagne, celle de la porcherie de Landunvez, propriété de Philippe Bizien, président de la coopérative Evel'up et du comité régional porcin. Avel vor produit plus de 26.000 porcs par an (ndlr : 12 000 au quotidien), dans ce secteur du Finistère. En novembre dernier (2022), le Préfet du département, Philippe Mahé, a validé ce projet d’extension de la "ferme aux 12 000 cochons", alors que deux décisions de justice avaient invalidé les dernières autorisations préfectorales. Cette régularisation est aujourd’hui dénoncée par des citoyens et des associations environnementales réunis dans le collectif baptisé "Stoppons l'extension", qui organise une kermesse gratuite à la plage du Château, ce mercredi après-midi (28 décembre).
Le territoire exposé aux dangers environnementaux
Au-delà de cet évènement festif et informatif, le collectif veut sensibiliser le public aux dangers environnementaux auxquels le territoire est exposé, en termes de pollution de l’air ou de ressources en eau, avance Armelle Jaouen membre du collectif et interrogée par Dolorès Charles. "L'Autorité environnementale a bien pointé le risque des effets cumulés avec les autres élevages, notamment concernant la pollution de l'air. Malgré cela, le préfet a validé. Ensuite, on a un manque d'eau qui s'est révélé cet été. Il faut savoir que l'exploitation pompe 10 % de l'eau potable, parce qu'elle est raccordée au réseau d'eau potable, 10 % de l'eau potable de Landunvez et elle prend aussi de l'eau brute, donc cela correspond à 40 % de l'eau disponible sur Landunvez, c'est énorme !
On est quand même inquiets pour l'approvisionnement en eau potable du territoire, sachant que notre territoire importe déjà plus de 50 % de son eau ... On va déjà chercher de l'eau dans les autres territoires, à la fois parce que notre eau est polluée par les nitrates et les pesticides et à la fois parce qu'on n'en a pas assez."
Titre :Armelle Jaouen
Crédit :Dolorès Charles
Une plainte contre X déposée
En ligne de mire du collectif "Stoppons l'extension", l'attitude du Préfet du Finistère, qui "met en danger la santé des Finistériens". A date, 700 personnes ont signé la plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui (*), et ce n’est pas fini pour Armelle Jaouen : "on continue régulièrement à avoir beaucoup de signatures parce que les gens depuis la régularisation sont outrés... Je pense qu'en fait les gens étaient un peu dans l'expectative, et ils avaient confiance dans l'État. Ils pensaient qu'on était encore dans un État de droit et qu'une extension invalidée par deux fois ne serait pas validée de manière pérenne... Et depuis que le préfet a validé, on a beaucoup de demandes de signatures de la plainte collective, parce que je le rappelle, les gens sont outrés."
(*) Un recours est aussi en cours au tribunal administratif.
Crédit : Collectif Stoppons l'extension
Titre :Armelle Jaouen
Crédit :Dolorès Charles
Un comité de suivi jugé "partisan"
Le Préfet Philippe Mahé a instauré un comité de suivi, mais dont le but inavoué (selon les opposants) serait d’innocenter la première cause de pollution des eaux en Iroise, à savoir l’épandage. "Le préfet a réuni un comité de suivi très partisan, dans lequel les associations n'ont pas pris part, parce qu'en fait, il n'y a aucune caution scientifique. Il s'agit officiellement de démontrer l'origine des pollutions, mais l'origine des pollutions sans scientifiques ne fonctionne pas. On a besoin des scientifiques pour démontrer l'origine des pollutions... Deux jours après la réunion du comité de suivi, le préfet a sorti le rapport de la qualité des eaux et dans ce rapport, il enlève l'épandage comme origine potentielle de pollutions. Par contre, il met la faune sauvage... et puis les eaux pluviales, mais ce n'est pas la pluie qui pollue...On est très étonnés de voir ce changement à la fois de sémantique et de cause."
Titre :Armelle Jaouen
Crédit :Dolorès Charles
Le collectif d'opposants à la ferme de Landunvez craint la raréfaction de la ressource en eau, la dégradation permanente de la qualité des eaux et le risque de pollution de l'air … un risque pointé par l'autorité environnementale à cause de l'effet cumulé avec les élevages environnants. Il y a 4 000 animaux d'élevage au km2 de surface Agricole Utile (SAU) en Iroise.
Ateliers à double sens
Pour la kermesse de ce mercredi après-midi (14h-17h), des ateliers à double sens sont proposés plage du Château comme cette pêche à la ligne intitulée « Mets des cochons dans ton extension » : il s'agira d'aller pêcher le plus de cochons possible afin de les concentrer dans une extension.
Une réaction a été demandée au Préfet du Finistère, afin qu'il puisse répondre aux critiques formulées par le collectif, mais il ne souhaite pas en dire davantage. Dans Ouest-France le 10 novembre 2022, Philippe Mahé avançait que cet "élevage n’était pas hors-la-loi (...) : il fonctionne avec une autorisation provisoire depuis le 1er août 2019, et sa pérennisation était subordonnée à plusieurs conditions.
L’exploitant a réalisé les travaux exigés avec la création d’un talus, d’une lagune, la couverture des fosses à lisier et la mise en œuvre de capteurs d’air pour lutter contre les mauvaises odeurs," précisait alors le quotidien.