La Roche-Bernard : "les agriculteurs veulent maintenant de vraies mesures et des actes"

Publié : 30 janvier 2024 à 7h51 - Modifié : 30 janvier 2024 à 8h05 par Dolorès CHARLES

La Roche Bernard - slogan prix

Crédit : Yann Launay

Des dizaines de blocages, barrages et autres actions des agriculteurs ont rythmé la journée d'hier (lundi 29 janvier) dans l'ouest. Le ministre Marc Fesneau va tenter d'apaiser la colère et de répondre à la crise avec de nouvelles mesures annoncées ce mardi. Hier soir, le premier ministre Gabriel Attal devait recevoir les représentants des syndicats agricoles. Reportage au blocage de la voie rapide Nantes-Brest à La Roche Bernard (56).

Le ministre de l'agriculture Marc Fesneau doit annoncer dès ce mardi midi de nouvelles mesures pour apaiser la colère des agriculteurs. Sur les barrages, les manifestants préviennent : ils ne sont pas prêts à lever le camp facilement. Les annonces devront être beaucoup plus convaincantes que vendredi dernier. Sébastien et Samuel sont agriculteurs en Loire-Atlantique à Saint-Gildas-des-Bois et Missillac, ils participent au blocage de la voie rapide Nantes-Brest, à La Roche Bernard, et se disent prêts à tenir.



"On attend un autre retour avant d'arrêter les mobilisations."



Pour eux les blocages commencent seulement à porter leurs fruits. "Si on veut vraiment se faire entendre par les médias ou l'Etat c'est en faisant des actions comme ça. On sent bien que médiatiquement c'est repris et on nous entend, on maintient la pression... La fin des négociations commerciales ayant lieu dans quelques jours, des acteurs de l'industrie n'ayant encore pas signé le contrat, il ne faut pas lâcher tant qu'on a (seulement) des paroles et pas des actes. Il peut y avoir quelques actes d'ici quelques jours en plus des paroles, il faut continuer à maintenir la pression et on attend un autre retour avant d'arrêter les mobilisations."

Titre :Sébastien et Samuel agriculteurs de Loire-Atlantique

Crédit :Yann Launay


"Tout le monde est déterminé maintenant, ce n'est plus des mesures mais des actes qu'il nous faut..."



Sur le barrage routier de La Roche Bernard comme sur les différents blocages, on peut croiser des membres de la FNSEA, des JA ou de la Confédération  paysanne, mais aussi des agriculteurs éloignés des syndicats mais très mobilisés, comme Alexis, éleveur à Herbignac, en Loire-Atlantique :


"Je préfère être libre plutôt que d'aller dans des syndicats où toutes les idées ne me correspondent pas, mais des actions comme celle-ci qui partent de la base - on a tous les mêmes revendications. Il faut leur montrer qu'on est présent, même ceux qui ne sont pas syndiqués, et on va montrer ce que le monde agricole vaut : la solidarité. Tout le monde est déterminé maintenant, ce n'est plus des mesures mais des actes qu'il nous faut... Ce n'est pas aux actionnaires des grandes distributions d'avoir des bénéfices. Ils ne foutent rien pour moi et c'est eux qui vont avoir le gain de notre travail. Il faut que ça bouge, moi je suis prêt à monter à Paris," et il n'est pas le seul...

La Roche Bernard - potence

Crédit : Yann Launay

Titre :Alexis, éleveur à Herbignac, en Loire-Atlantique

Crédit :Yann Launay

Le mea culpa du Département du Morbihan


Ces agriculteurs ont eu la visite de plusieurs élus lundi (29 janvier), maires, députés, sénateurs. Ces élus ont exprimé leur compréhension, leur solidarité, et parfois aussi un mea culpa : c’est le cas de David Lappartient, président du Conseil départemental du Morbihan, qui regrette la proportion encore trop faible de produits français et régionaux, dans les cantines.


Au département, "on a la responsabilité de la restauration de nos collégiens, et j'ai demandé à ce qu'on puisse regarder la provenance sans concession et voir comment on s'alimente, notamment dans le respect de la loi EGALIM. La tendance est bonne, mais on ne respecte pas encore complètement la loi et on a souhaité avec la région (...) travailler sur des groupements de commande pour qu'on achète ici en Bretagne parce que nous devons être exemplaires ! Les agriculteurs doivent alimenter la restauration collective..."

Titre :David Lappartient, président du Département du Morbihan

Crédit :Yann Launay


Yves Bleunven, cette crise "marque un tournant"



Le député Paul Molac tenait aussi à témoigner sa solidarité. Le Ploërmelais, connu pour sa sensibilité écologiste, juge complètement légitime le mouvement actuel. Pour le sénateur morbihannais Yves Bleunven, membre du groupe Union centriste, cette crise n'est pas une crise de plus, mais un tournant "parce que c'est le débat entre deux visions : d'un côté la souveraineté alimentaire, si bien mise en scène par les élus nationaux, par l'ensemble de la société qui se gargarise de jolis mots, et puis de l'autre c'est le constat depuis dix 20 ans d'une décroissance lancinante de notre agriculture. On fait tout pour la faire descendre au plus bas... par des normes, du règlementaire et de la concurrence déloyale."

Titre :Le sénateur morbihannais Yves Bleunven

Crédit :Yann Launay

La France a fait plusieurs demandes auprès de la Commission européenne, pour apporter rapidement des solutions aux agriculteurs. Emmanuel Macron sera à Bruxelles, ce jeudi, pour évoquer le dossier avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.