La moutarde : denrée précieuse
Publié : 11 juillet 2022 à 9h52 par Alexandra BRUNOIS
Crédit : Fabien Lhoste
La moutarde aussi précieuse que de l’or ? Depuis des semaines, les Français assistent à une pénurie du condiment incontournable des grillades d’été. Guerre en Ukraine, sécheresse au Canada, insectes parasites, les rayons vides des grandes surfaces inquiètent. La production a chuté de 174 000 tonnes de graines de moutarde en 2018 à seulement 71 000 tonnes en 2021. Un rendement extrêmement faible que l'on n'avait plus vu depuis 1997 et qui ne risque pas de s'arranger avec le réchauffement climatique. Reportage de Fabien Lhoste à Nantes
En première ligne face à cette crise : les restaurateurs. Hausse des prix, manque à la préparation de certains plats jusqu’au vol de sachets individuels, l’absence de moutarde pèse sur Gaylord LEHOURS, chef cuisinier du café du commerce, à Nantes, au micro de Fabien Lhoste.
« On est impacté. Il y a le prix, vu qu’on en trouve moins, elle est plus chère. Ça fait un mois et demi que mes fournisseurs n’en ont plus… On en distribue si des restaurateurs nous en demande… On a des petits sticks sauces sur les tables pour les clients. Les gens vont en demander à gogo pour mettre dans les poches et pas forcément pour manger avec leur plat… L’autre jour, j’ai un client qui m’a dit qu’il était venu exprès chez nous parce qu’il a vu qu’on avait un rôti de porc avec de la sauce moutarde… Les gens sont près à venir acheter dans les restaurants pour avoir de la moutarde chez eux. »
Titre :Gaylors Lehours, chef-cuisinier du cadé du commerce à Nantes
Crédit :Fabien Lhoste
La galère des épiceries indépendantes
Malgré les rayons vides dans les grandes surfaces, certaines épiceries indépendantes s’adaptent. C’est avec des quantités très limitées que Johanna LE MAU, fondatrice et gérante de l’épicerie Ô Bocal à Nantes, voit débarquer une nouvelle clientèle en quête du condiment.
« Comme tout le monde, on est en galère… On est limité. Nos producteurs ne sont pas en rupture, mais nous rationne. On a un sceau de 5 kilos par semaine… Les clients qui viennent ne disent pas bonjour mais « Est-ce que vous avez de la moutarde ??? » car il n’y en a plus dans les supermarchés. On leur dit « oui on en a »… Quelques fois ils achètent que de la moutarde, un pot et ils repartent… Malheureusement entre la guerre, la météo, je pense que tous les aléas font que ça va durer cette année et surement l’année prochaine. »
Titre :Johanna Le Mau s'adapte dans son épicerie O Bocal à Nantes
Crédit :Fabien Lhoste
Johanna Le Mau s'adapte dans son épicerie O Bocal à Nantes
Peut-on profiter de ce manque général pour mieux vendre ?
Eh bien pour séduire les clients, certains restaurateurs n’hésitent pas à mettre en avant leurs plats à base de moutarde. Une pratique non partagée par Johanna Le Mau, fondatrice et gérante de l’épicerie indépendante Ô Bocal à Nantes, qui défend un circuit juste tant pour le producteur que pour le consommateur.
« Pour le coup, nous ce n’est pas une stratégie parce qu’on sait qu’on est limité et que l’on a pas envie de créer l’offre la demande, tout ça… Ce n’est pas une stratégie non plus dans le sens où on a pas augmenté nos prix. Même s’il y a beaucoup de demande, on n’augmente pas les prix pour s’en mettre pleins les poches. Juste on reste comme d’habitude, on explique, on rationne, on éduque, façon de parler… Chacun peut justifier (le manque) tout au long de la chaine. A la fin on explique au client pourquoi et il comprend. Il ne va pas prendre 4 pots comme en supermarché et partir avec son butin… On est dans des logiques de consommation différentes. »
Titre :Johanna Le Mau défend un circuit court dans sa boutique O Bocal
Crédit :Fabien Lhoste
En remplacement de la moutarde traditionnelle, vous pouvez utiliser du raifort, une plante herbacée surnommée « la moutarde des Allemands ». Elle a une saveur très forte, piquante et poivrée.
Ticket de caisse Hit West
Face à l’inflation depuis le mois de mars, Hit West a décidé de relever les prix régulièrement… Sur une dizaine d’articles recensés, aucun n’a augmenté depuis mai dernier… On avait enregistré +3,8% d’augmentation en mai. Stabilité des prix et même baisse pour les yaourts et le lait par exemple ! Prochain point après l’été.
Les produits :
Farine Blé 1 kg : 0,59 euros (produit étiqueté Bouclier Inflation Leclerc) #maiSavon Amande Douce 2X100g : 1,06 euros #plus en magasinYaourts Perle de Lait 4X125g : 1,63 euros en baisse de 0,09 euros Buchette 120g (fromage de chèvre) : 1,61 euros #Beurre de Bretagne DX 250g : 2,05 en baisse de 0,01 eurosŒufs 6 (gros œufs plein air) : 1,69 euros en hausse de 0,01 eurosLait 1/2ECR : 0,95 en hausse de 0,04 euros #Brioche Bonnin 490g : 3,20 euros #Lentilles Cassegrain 130g : 0,97 euros #Baguette Epeautre ou Tradition : 0,89 euros #
L'expérience est menée dans le centre commercial Leclerc Océane à Rezé 44, qui met en place l’opération Boulier Inflation.