Brest. La déconstruction du Bugaled Breizh a démarré

Publié : 17 avril 2023 à 20h08 - Modifié : 23 avril 2023 à 17h01 par Simon REUNGOAT

La déconstruction du Bugaled Breizh a démarré cette semaine (18 avril) à Brest, 19 ans après le naufrage qui a causé la mort des cinq membres d'équipage. L'épave du chalutier breton était conservée depuis 2004 dans l'enceinte de la base navale de Brest.

Toutes les procédures judiciaires sont closes. Fin 2021, la Cour royale de justice de Londres avait conclu à son tour à un accident de pêche. L'épave du chalutier bigouden va disparaître, mais pas l'association "SOS Bugaled Breizh", qui se bat depuis 19 ans pour obtenir la vérité, et qui ne croit pas à la thèse de l'accident de pêche.



"C'est un sous-marin qui est en cause dans le naufrage"



L'espoir existe de savoir un jour ce qui s'est réellement passé, comme l'explique Dominique Launay, président de l'association SOS Bugaled Breizh, à Yann Launay : "c'est un élément probant qui permettrait la réouverture de l'enquête en France, aujourd'hui il ne peut y avoir qu'une personne présente sur le lieu du naufrage et qui aurait des remords et qui viendrait nous expliquer ce qu'il s'est passé ce 15 janvier. Et cette personne ne peut être autre qu'un militaire. Il faut continuer à chercher, vous savez dans l'association on a aussi des militaires qui nous disent qu'on a raison de se battre pour obtenir la vérité. Ils sont passés eux-mêmes à plusieurs reprises devant l'épave du Bugaled Breizh, et pour eux aussi il ne fait aucun doute que c'est un sous-marin qui est en cause dans le naufrage."

Titre :Dominique Launay

A la recherche de la vérité


Pour SOS Bugaled Breizh, c'est un sous-marin en exercice qui a causé le naufrage et pour Dominique Launay, impossible d'arrêter de chercher la vérité. Non pas pour obtenir un coupable, mais pour savoir et pour rendre leur dignité aux cinq marins disparus : "On n'a rien contre les militaires, malheureusement ce jour-là, à l'occasion d'un exercice il s'est passé un accident, qui n'est sans doute pas l'oeuvre d'un sous-marin français, je veux bien croire la Marine Française, pas de problème avec ça, néanmoins ils savent que c'est un sous-marin qui est en cause, parce que le bruit qu'a fait le Bugaled Breizh quand il a sombré... Ce qu'on appelle les "oreilles d'or", à l'intérieur du batîment, ils ont su ce qu'il s'était passé ! Le ragage des cables contre une coque de navire, ils l'ont entendu : ils savent ce qu'il s'est passé ce 15 janvier ! C'est tout ce que l'on demande. Honneur. Il faut que nos marins aient de l'honneur pour nous apporter cette vérité."

Titre :Dominique Launay

La déconstruction de l'épave du chalutier est symbolique, mais elle n'entame pas la détermination de l'association à savoir un jour ce qui s'est réellement passé ce 15 janvier 2004, au large du cap Lizard, dans la Manche. L'association souhaiterait tout de même conserver des éléments du chalutier, pour mieux entretenir la mémoire et poursuivre cette recherche de la vérité, comme des pièces symboliques (l'hélice ou les manettes du treuil du chalutier) :


"On a réclamé des éléments sur ce bateau : le nom du bateau, son immatriculation et le treuil des manettes de travail qui ont été l'un des derniers éléments que le patron a manipulé... l'hélice aussi, et on verra ensuite ce qu'on va pouvoir en faire. Il peut y avoir des artistes qui seraient intéressés pour en faire une œuvre. Il peut y avoir aussi des expositions dans un musée. Je suis en pourparlers pour que les deux maquettes du Bugaled Breizh et de l'Éridan soient exposées au musée de Saint-Brévin l'été prochain..."


 

Titre :Dominique Launay

Une exposition pourrait se tenir cet été au musée de Saint-Brévin. L'association compte aussi poursuivre les soirées-débat autour de la projection du film "The Silent Killer", de Jacques Losay, qui retrace toute l'affaire. C'est la société brestoise Navaléo qui se charge de la déconstruction de l'épave du chalutier.