E-commerce, circuit court, centre-ville : la consommation des ménages bretons évolue

Publié : 9 novembre 2022 à 9h00 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

La Chambre de Commerce de Bretagne a présenté hier (mardi 8 novembre) les résultats de son enquête sur "les grands changements de la consommation des ménages" : plus de 35 000 foyers bretons ont été interrogés entre mars et mai 2022. Cette étude révèle de nouveaux comportements d’achat. La crise du Covid a renforcé la part du e-commerce et les petites et grandes surfaces spécialisées semblent confortées, au détriment des hypers.

La consommation des Bretons à la loupe : comme tous les 4 ans, la Chambre de Commerce et d'Industrie Bretagne a mené une enquête fine pour cerner la consommation des ménages. Réalisée au printemps 2022, cette étude met en évidence de nets changements de comportements des consommateurs bretons. Avec par exemple, dans le domaine des achats alimentaires, un retour vers les commerces plus petits, vers les commerces et points de vente de proximité, qui se confirme.


La tendance du consommer local se confirme


Le phénomène n'a pas disparu après les confinements, comme le souligne Nathalie Boursier, chef du service information économique à la CCI Bretagne, interrogée par Yann Launay : "en termes de parts de marché, les grandes surfaces ont baissé de quelques points, alors que les surfaces plus petites, à l'inverse, ont progressé de quelques points. On est vraiment ici sur la consommation de proximité, qui fait partie aussi des envies des consommateurs de consommer local... Les circuits courts, la vente directe, tout cela aussi évolue positivement. On est plutôt sur des tendances qui vont dans le développement de ce type de distribution, même si cela reste "mineur" dans la répartition dans les parts de marché. Les grandes surfaces restent pour 80 % les lieux de consommation privilégié des ménages bretons."

Titre :Nathalie Boursier

Crédit :Yann Launay

L'augmentation du e-commerce


Entre 2018 et 2022, les achats des ménages bretons sur internet ont été multipliés par  deux : c'est l'un des enseignements de l'enquête. La part des achats non alimentaires effectués sur le net est passée de 9 à 18% en 4 ans, alors qu'elle a baissé de 5 points et demi dans les grandes surfaces et de 3 points et demi dans les petits commerces. Mais pour Fanny Bessec, qui gère l'entreprise bretonne du même nom et ses 30 magasins de chaussures, aucune raison de paniquer devant cette augmentation du e-commerce :


"Sur la Bretagne, le e-commerce en chaussures, c'est 22 % des ventes mais c'est 78 % dans les magasins. On peut aussi le voir comme ça ! La majorité est bien physiquement dans nos magasins. Nous, on a nos sites Internet marchands aussi, c'est très complémentaire de nos magasins et nos clients sont omni canaux. Un jour ils vont acheter en ligne, puis le lendemain allez faire un tour en centre ville et à proximité de leur lieu de travail venir en galeries. Moi je vois ce client omnicanal et à nous d'être où il va le plus simplement possible à son service."


(*) Fanny Bessec, directrice Générale des Chaussures Bessec (130 collaborateurs et 28 magasins en Bretagne et deux sites de vente en ligne).

Titre :Fanny Bessec

Crédit :Yann Launay

Le centre-ville garde du dynamisme


Derrière les chiffres, le président de la CCI Bretagne Jean-Pierre Rivery, retient que les tendances de fond ont été accélérées par le covid, avec des effets par exemple sur les commerces de centre-ville : "On voit qu'il y a eu un regain du commerce de villeou de centre ville avec une réinstallation, y compris des supermarchés avec des supérettes en centre ville. On voit bien qu'il y a un regain du consommateur aussi pour une vie dans l'écosystème centre ville. On l'a dit : le travail qui a été fait avec les CCI, notamment sur la partie basse commerce pour accompagner le boulanger, le restaurateur à s'installer, à moderniser. On l'a vu aussi avec le covid, l'accélération des accompagnements que nous avons fait avec le numérique fait qu'on est préparé pour la suite. Encore une fois, il y a eu un effet accélérateur qui est très positif."

Titre :Jean-Pierre Rivery

Crédit :Yann Launay

L'incertitude sur l'avenir


Cette étude vient éclairer et mesurer l'évolution des habitudes de consommation ces quatre dernières années, mais elle peut difficilement servir d'outil de prospective, dans la période d'incertitude actuelle. Impossible de prévoir l'avenir proche, ce qui n'est pas vraiment rassurant, comme le reconnaît Fanny Bessec : "il y a de l'inquiétude et de l'inflation, bien sûr. Alors comme on est assembleur de collections (on a 150 marques dans nos magasins), on a déjà en amont, il y a six ou huit mois, essayer de faire une sélection qui nous parait commercialement viable. Nos fournisseurs fabriquent pour deux tiers en Europe, donc on n'est pas si loin que ça au niveau logistique, mais le cuir a augmenté, les semelles sont plus chères... Toute la chaîne a forcément été impactée. C'est dans notre sélection qu'on a essayé de faire vraiment très attention au meilleur rapport qualité prix. C'est notre leitmotiv depuis toujours. Mais là, on a parfois arrêté certaines marques ou fait attention à sélectionner les produits, qui nous paraissaient vraiment honnêtes vis à vis de nos clients, en prenant en compte cette crise qu'on vit tous."

Titre : Fanny Bessec

Crédit :Yann Launay