La carte scolaire 2023 très mal notée dans l'Académie de Rennes
Publié : 7 février 2023 à 21h20 - Modifié : 7 février 2023 à 21h49 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
C'est la bronca dans les communes bretonnes, qui voient certaines classes des écoles publiques menacées de fermeture dans le cadre de la carte scolaire. Le syndicat enseignant Snuipp-FSU parle de "saignée" dans les Côtes-d'Armor au détriment de l'apprentissage des élèves. Un rassemblement aura lieu jeudi 9 février à Saint-Brieuc (22).
La rentrée scolaire 2023 se prépare plutôt mal dans l’Académie de Rennes, particulièrement dans le Finistère et les Côtes-d’Armor. Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé (en décembre) la suppression de 1500 ETP, des Equivalents temps plein, dont 90 en Bretagne... 60 postes seront supprimés dans le premier degré (primaire) et 30 postes dans le second degré (collèges et lycées). Dans le détail, 35 postes sont menasés de suppression pour le Finistère, 22 pour les Côtes d’Armor, 10 pour le Morbihan, et 7 postes seront créés en llle-et-Vilaine.
Une motivation budgétaire
Le primaire qui enregistre une baisse d'effectifs (*) est très pénalisé, et cette annonce passe mal dans les établissements concernés, qui fonctionnent déjà avec des effectifs surchargés, explique le secrétaire départemental du Snuipp-FSU 22, Stéphane Chiarelli, joint par Dolorès Charles. "Les motifs qui expliquent totalement cette carte scolaire sont du seul ordre de la considération budgétaire puisqu'au niveau national, ce sont 1 117 postes qui sont retirés à l'école primaire partout en France. Et c'est la première fois depuis 2012 que des postes sont retirés à l'école primaire. On ne parle plus de la priorité accordée au primaire et ça se traduit par des retraits de postes dans un très grand nombre d'académies en France, comme celle de Rennes en l'occurrence."
(*) Sur l’académie de Rennes, il y a une baisse démographique de 756 élèves dans le 1er degré (3 998 élèves de moins depuis 2018).
Titre :Stéphane Chiarelli
Crédit :Dolorès Charles
La fin du moratoire, après le Covid-19
Pour le Snuipp-FSU, c'est aussi la fin d’un moratoire qui avait pour l’heure épargné le 1er degré. "Les écoles rurales avaient été "un peu préservées" par des retraits de postes mais cette année, ce n'est pas du tout le cas ! Le seul moratoire qui existe est fait pour empêcher la fermeture d'écoles, mais pour autant, le ministère ne se prive pas de fermer des classes dans les toutes petites écoles rurales. 60 postes sont retirés à notre académie, et cela se traduit par 22 retraits de postes dans les Côtes d'Armor... A l'arrivée, pour rendre ces 22 postes au ministère, en sachant qu'il faut aussi en ouvrir, en sachant aussi qu'il faut créer des postes de remplaçants ou des postes autres, comme des postes de conseillers pédagogiques par exemple, cela veut dire que le solde s'aggrave ... pour arriver au résultat final - 45 fermetures de classes et 14 ouvertures."
Titre :Stéphane Chiarelli
Crédit :Dolorès Charles
L'inclusion en difficulté
Cette carte scolaire ne "va pas non plus arranger le sort de l’inclusion", estime Stéphane Chiarelli. "Globalement, en France, on a un effectif moyen dans les classes qui est supérieur à la plupart des pays de l'OCDE. Il faut le savoir, on n'est pas surdoté par rapport aux autres pays d'Europe. On aurait pu s'emparer de cette baisse d'effectifs pour améliorer les conditions d'apprentissage des élèves, en sachant que de plus en plus d'élèves en situation de handicap sont inclus dans les classes. Or, fermer une classe dans une école, c'est forcément augmenter les effectifs des classes de cette école et c'est rendre plus difficile l'inclusion des élèves en situation de handicap."
Titre :Stéphane Chiarelli
Crédit :Dolorès Charles
Les actions sont bénéfiques
Face à ce que le syndicat enseignant SNUipp-FSU 22 appelle une "saignée", les mobilisations sont multiples dans l’académie. De Pordic à Mellionnec, de Plourivo à Paimpol, dans les Côtes d’Armor, élus, enseignants et parents d’élèves se mobilisent pour une ouverture ou contre une fermeture de classe, et pour le secrétaire Stéphane Chiarelli, ces actions ne sont pas vaines, au contraire.
"Toutes ces actions sont bonnes pour préparer la rentrée parce s'effectueront des ajustements de carte scolaire de rentrée. Et à cette occasion, il va y avoir des changements et des moyens, qui vont être attribués aux écoles en restant dans la même dotation, sauf à ce qu'un collectif budgétaire puisse être attribué, ça c'est autre chose. Mais les choses ont évolué à la rentrée et le fait de se mobiliser pour défendre l'école publique de proximité, c'est forcément positif pour préparer l'avenir."
Titre :Stéphane Chiarelli
Crédit :Dolorès Charles
Dans les Côtes-d’Armor, 45 fermetures de classe sont prévues pour 14 ouvertures à la rentrée 2023. Un collectif d’opposants à ces fermetures s’est monté, et tient une réunion publique ce mercredi soir avant un appel à se rassembler devant la préfecture à Saint-Brieuc ce jeudi à 17h. Le Comité départemental de l’Éducation nationale doit entériner la carte scolaire 2023 ce même jour.