CHU de Brest. L'intelligence artificielle se lance dans la lutte contre le cancer

Ce dimanche 4 février marquait la Journée mondiale contre le cancer. L’occasion de mettre en lumière les avancées majeures dans la lutte contre cette maladie dévastatrice. Au cœur de ces innovations dans l’Ouest se trouve un partenariat novateur entre l'hôpital de Brest et l'école d'ingénieurs ISEN. Ensemble, ils se consacrent à l'identification précoce des cancers et des maladies génétiques à partir de l'analyse des chromosomes des patients via l’intelligence artificielle.

Une collaboration entre médecine et ingénierie

Le Dr Marie-Bérangère Troadec travaille au laboratoire de génétique chromosomique du CHU de Brest : "ce partenariat avec l'ISEN a commencé il y a environ trois ans. Je les connaissais un peu par ailleurs et comme beaucoup de projets de recherche il y a une partie d'opportunisme, ou de bonnes rencontres avec les bonnes personnes au bon moment. J'avais un projet pour faire de la reconnaissance automatique de chromosomes dans le cadre de la routine hospitalière, et il y avait les bonnes personnes à l'ISEN, les bons chercheurs intéressés. On a commencé par mettre des étudiants en master et comme les résultats étaient positifs, on a enchainé, on a eu un poste de doctorant et maintenant, on a deux doctorants dessus. Ils sont quatre chercheurs à travailler sur ce projet."

Innovation au service de la détection précoce

Dans cette interview exclusive, le Dr Troadec dévoile les détails fascinants de cette innovation. En utilisant une technique sophistiquée d’IA, les deux institutions repoussent les limites de la détection précoce des cancers et des anomalies génétiques à partir des images des chromosomes des patients. "L'innovation n'est pas aboutie, on ne l'utilise pas encore en routine hospitalière, mais les résultats de la recherche et du développement sont très prometteurs. Dans le laboratoire, on fait de l'analyse de chromosomes à partir d'une technique qu'on appelle le caryotype : on va presque photographier les chromosomes, qui sont le support des gènes dans le noyau. On a besoin d'analyser ces chromosomes parce qu'ils nous disent quelque chose des pathologies. On en a besoin pour le diagnostic et le pronostic des patients. Actuellement ce travail de reconnaissance des anomalies est fait manuellement par des médecins biologistes et on s'est dit que l'apprentissage par des outils d'intelligence artificielle pourrait aider ces experts..."

Un taux de réussite remarquable

Face à cette révolution médicale, la question cruciale demeure : quel est le taux de réussite de cette technique ? "Sur une anomalie assez simple sur laquelle on a entraîné d'une manière un peu extensive notre système, répond le Dr Troadec, on est à 97 % de performance ce qui est excellent, sachant que des anomalies il y en a des milliers et c'est là où il faut activement qu'on travaille. On ne va pas s'amuser à faire de l'apprentissage sur les milliers d'anomalies, il faut qu'on arrive à faire de la reconnaissance sans que le système ait déjà vu des anomalies. C'est notre ambition, c'est ça qui nous différencie de la concurrence. On a une approche plus originale."

Un combat mondial contre la mortalité

Le cancer demeure une cause majeure de mortalité à l'échelle mondiale, engendrant 8,2 millions de décès annuels. Cependant, avec cette collaboration pionnière entre la médecine et l'ingénierie, une lueur d'espoir se profile à l'horizon. L'utilisation judicieuse de l'intelligence artificielle offre une nouvelle arme dans notre arsenal contre cette maladie, ouvrant la voie à des avancées significatives dans la recherche, le diagnostic précoce et les traitements personnalisés. Un pas de plus vers un avenir où le cancer ne sera plus synonyme de fatalité, mais plutôt d'une bataille que nous sommes de plus en plus aptes à remporter.