L'immersion de récifs artificiels au large de Paimpol : une expérimentation scientifique et pédagogique

Publié : 23 juin 2022 à 8h35 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Trois récifs artificiels ont été immergés hier (mercredi 22 juin) au large de Port-Lazo, à Plouézec. Une première en Bretagne pour cette expérimentation scientifique et pédagogique : reportage avec des membres de l’association Récifs Goëlo.

Installer des récifs artificiels pour mieux connaître la biodiversité marine : c’est l’un des objectifs de l’association "Récifs Goëlo", qui porte ce projet, dans les Côtes-d’Armor. Trois premiers récifs artificiels ont été immergés hier (mercredi 22 juin) à Port Lazo, sur la côte de Plouézec près de Paimpol. Financée par l’Union européenne et la Région Bretagne, cette première expérimentation est menée avec le Muséum National d’Histoire  Naturelle.


Les récifs sont en béton, avec une forme étudiée pour imiter des structures rocheuses naturelles, comme l’explique Valentin Danet, ingénieur d’études en biologie marine au Museum National d’Histoire Naturelle : "Cela fait à peu près 3 tonnes, 1,60 m de diamètre, 1,30m de haut. Monté sur 3 pieds : ça fait un espèce de tripode, qui génère une cavité pour les espèces qui aiment se mettre à l'abri des gros blocs. On a ensuite un premier étage, des loges, avec différents points de fuite, pour créer des petits espaces pour les poissons, les crustacés qui voudraient venir s'installer. Ensuite, on a un troisième élément, avec des pentes différentes. L'idée est de concentrer un maximum d'espèces différentes, et de voir l'évolution du site, sa biodiversité à travers l'observation uniquement de ce récif-là."


Une expérimentation dans la durée


Il faudra être patient pour tirer les premières conclusions : "Dans notre région, un récif comme celui-là, pour atteindre vraiment un état d'équilibre, va mettre entre 5 à 7 ans... et puis on pourra voir vraiment des variations, liées à des variations climatiques ou anthropiques dans la baie. C'est pour ça que nous on a une première année de suivi scientifique, qui va permettre de poser des bases, et ensuite on les clubs de plongée qui vont suivre l'évolution de la colonisation de ce récif au cours du temps."

Titre :Valentin Danet

Crédit :Yann Launay

Des craintes face aux récifs artificiels


Le projet, à l'origine, a pu faire naître des craintes, mais pour Michel Rickauer, président de l'association Récifs Goëlo, cette expérimentation pourrait aussi démontrer l'intérêt des récifs artificiels pour restaurer la biodiversité marine : "Les récifs, il faut que les gens sachent ce que c'est : ils ont souvent une image fausse ou déformée des récifs artificiels : on en était resté aux carcasses de voitures, ou alors ce qui se fait dans des pays comme le Japon ou le Portugal où ils ont mis des tonnes de béton dans la mer pour sauver leur pêche côtière. Ce n'était pas l'objectif."

Crédit : Yann Launay

Titre :Michel Rickauer, président de l'association Récifs Goëlo

Crédit :Yann Launay

Le but, connaître la biodiversité locale


L'association souhaite communiquer auprès de tous les publics, pour associer la population à cette expérimentation, et sensibiliser aux enjeux des ressources marines : "La première chose, c'est d'abord de connaître la biodiversité locale, et à partir de là, ça nous permet de voir l'évolution qu'il peut y avoir dans le temps. On dit qu'un récif peut être un témoin du réchauffement climatique : on pourra dire s'il y a eu une évolution de la biodiversité ou pas. Les gens sont sensibilisés souvent par des lieux qu'ils connaissent, auxquels ils tiennent, plutôt que par des grandes discussions ou des grandes réunions au niveau mondial..."

Titre :Michel Rickauer, président de l'association Récifs Goëlo

Crédit :Yann Launay

Des relevés et des analyses seront effectués régulièrement par des plongeurs des clubs locaux, spécialement formés, pour suivre la colonisation des récifs et l’évolution des espèces.