L’appel à l’aide d’un entrepreneur ligérien

Publié : 18 janvier 2022 à 15h37 - Modifié : 18 janvier 2022 à 15h41 par Emilie PLANTARD

Crédit : @Pulsion Design

Près de Cholet, un entrepreneur est au bord de la faillite suite à la crise Covid. Parce qu’il a contribué à l’effort national au Printemps 2020 en confectionnant des masques, il n’est pas éligible au fonds de solidarité. Une aide qui aurait pourtant été salutaire pour faire face à l’effondrement de son activité.

Etre solidaire ne paie pas toujours… A La Séguinière, dans le Maine-et-Loire, un entrepreneur le constate à ses dépens. En mars 2020, son activité de floquage de maillots de sport, de sacs publicitaires, de vêtements pour des salons ou des festivals, est à l’arrêt. Mais une petite partie de son business repose sur la confection de prototypes textiles, il décide donc de consacrer ses machines à coudre et son personnel à la fabrication de masques en tissu. Des masques qu’il vend à petit prix mais qui, dans son cas, l’empêchent de bénéficier du fonds de solidarité. Cette aide de l’Etat était destinée à soutenir financièrement les entreprises qui perdaient au moins 50% de leur chiffre d’affaire mensuel. C’était pourtant le cas de Vincent Bernard, le gérant de Pulsion Design :


"La fiscalité elle retient juste vous devez avoir subi au moins 50% de baisse de chiffre d’affaire par mois. Donc ça, tous les mois j’étais bon. Par contre, on est éligible que si on a fait au moins 80 de baisse de chiffre d’affaire entre le 15 mars et le 15 mai, lors du 1er confinement. Sauf que nous, on a fabriqué des masques, et on n’a pas eu droit à l’aide. J’aurais aussi pu dire autre chose, mais je n’y ai pas pensé, tous les masques que je fabriquais c’était des commandes que j’avais et les gens venaient les chercher, c’est-à-dire que c’était de la vente à emporter. Si j’avais simplement dit, c’est de la vente à emporter, comme j’avais droit de le faire à priori, j’aurais eu droit à toutes mes aides."

Titre :Vincent Bernard, gérant de Pulsion Design

Crédit :Emilie Plantard

Une société florissante, désormais à l'agonie


Un imbroglio administratif comme la France aime les faire, mais qui a privé cet entrepreneur des aides qui auraient maintenu son entreprise hors de l’eau. La crise a plombé son activité jusqu’en septembre 2021, 18 mois pendant lesquels il a dû payer ses charges en s’endettant. Aujourd’hui l’activité a repris, mais il a dû licencier et traîne près de 400.000 euros de dettes, qui menacent la société. Vincent Bernard, gérant de Pulsion Design :


"Là moi, je suis au bord du précipice, oui. Je n’ai plus les moyens de faire vivre la société telle qu’elle à l’instant T. En effet aujourd’hui si on résonne sur l’exploitation, depuis octobre ma société ne perd plus d’argent. Mais par contre elle en a perdu tous les mois, environ 25.000 euros, entre le 15 mars 2020 et septembre 2021, ça veut dire que j’ai des dettes qui se sont cumulées et accumulées sur cette période-là. Et ça il faut bien le payer. Je demande juste à avoir la même chose que les autres sociétés de France et de Navarre. Ou la même chose que si j’étais resté chez moi pendant ces 2 mois…"

Titre :Vincent Bernard, gérant de Pulsion Design

Crédit :Emilie Plantard

Des licenciements inévitables


Avant la crise Covid, l’entreprise réalisait 1,8 millions d’euros de chiffre par an. Son activité, étroitement liée au sport et à l’événementiel a tourné au ralenti pendant de longs mois mais sans aide, il a fallu trouver des fonds pour payer les charges fixes. Ecoutez Vincent Bernard, gérant de Pulsion Design qui s’est débrouillé comme il a pu pour sauver son entreprise :


"Comment j’ai fait, j’ai subi… Un mois c’est ma mère qui a payé les salaires, un mois c’est un copain… J’ai 3 personnes, c’est pour ça que j’ai mis en vente ma maison pour payer mes dettes, c’est moi qui ait tout renfloué et essayé de faire… On a licencié au fur et à mesure, on a essayé de faire comme toutes les boîtes au bord du dépôt de bilan, quoi ! Je continue à essayer d’avancer parce que je n’ai pas le choix. Donc avancer ça veut dire que c’est 4 licenciements sur le mois prochain. C’est ça avancer. Avant la crise on était une trentaine, actuellement on est 12 et le mois prochain on sera 8."

Titre :Vincent Bernard, gérant de Pulsion Design

Crédit :Emilie Plantard

Il s'en remet au ministre de l'économie


Ces 2 mois de confinement et de confection de masques bloquent donc le dossier de cet entrepreneur depuis mai 2020. Il a demandé de l’aide à la CCI, au député, au tribunal de commerce sans que l’un d’eux ne parvienne à faire bouger les choses. Aujourd’hui l’entrepreneur est à bout et demande au ministre de l’économie de réparer ce qu’il considère comme une injustice en lui accordant le fonds de solidarité ou toute autre aide qui permettrait à son entreprise de ne pas sombrer… Vincent Bernard :


"Je trouve que ça a été très bien géré en France, le seul truc c’est que si on a bossé pendant le 1er confinement, dans mon cas, entre autre, par solidarité, ben… Le seul qui, à mon avis, peut faire quelque chose, c’est Bruno Lemaire, oui. Il y a quand même des aides, en France, sur plein de trucs et ça doit bien être possible de trouver une dérogation pour trouver une autre forme d’aide si celle-ci n’est légalement pas possible. J’ai aussi créé une marque made in France, enfin je ne sais pas, il y a des aides à peu près partout, ça paraît quand même énorme, toutes les boîtes ont droit au fonds de solidarité, sauf moi parce que j’ai été solidaire au 1er confinement."


L’entrepreneur avait créé une nouvelle marque de textiles en 2020 pour relancer son activité, c’est aujourd’hui un succès mais c'est loin d'être suffisant. Il envisage de vendre cette marque, seize point neuf, pour tenter de sauver sa société.