Klap, l'usine de masques de Ploufragan se maintient, et se diversifie !
Publié : 18 mai 2022 à 8h15 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
Alors que la consommation de masques de protection a chuté, avec l'allègement des mesures sanitaires, les fabricants cherchent à s'adapter. Yann Launay s'est rendu à Ploufragan (22) où une usine de masques a démarré son activité il y a un an.
Près de Saint-Brieuc, une production française de masques avait redémarré début 2021, et aujourd'hui malgré la levée des mesures sanitaires dont le port du masque dans les transports en commun depuis lundi (16 mai 2022), les équipes veulent inscrire leur activité dans la durée. Si l'usine M3 Sanitrade a changé de nom, pour devenir "Klap", ce sera tout sauf un clap de fin : la production se maintiendra, comme l'explique Nicolas Bougault, responsable du site à Yann Launay :
"Nos clients, majoritairement, sont des établissements hospitaliers. Aujourd'hui, nous produisons entre 600 000 et 700 000 masques chirurgicaux par semaine. Sur les masques FFP2, la production est moindre, parce que c'est un marché qui est davantage pandémique. En revanche, on essaie de constituer un stock, pour pouvoir faire face à une très très forte demande. On n'avait pas assez de stock tampon quand la vague de janvier est arrivée. Mais les établissements hospitaliers commandent par centaines de milliers les masques. Quand vous fabriquez 140 000 masques par jour, avec une commande, votre production de la journée peut être partie."
Titre :Nicolas Bougault
Crédit :Yann Launay
France - Asie le match des masques
Les usines françaises de fabrication de masques doivent faire face à la concurrence des masques asiatiques, moins chers. La prise de conscience de la dépendance vis-à-vis de la Chine, et les discours sur l'intérêt du made in France, n'ont manifestement pas suffi à changer toutes les habitudes d'achat :"On s'est tous rendu compte que c'était un peu des belles paroles pour certains, puisque sitôt qu'on a rouvert les importations, tout a recommencé un peu comme avant... On sent malgré tout que les mentalités commencent à changer, les gens se rapprochent du made in France : on a perdu des clients, qui sont repassés sur des masques import, et puis on les a retrouvés... Pas forcément de par leur volonté à eux, mais de par la volonté des clients, qui arrivent dans la pharmacie, qui disent "mais vous n'avez plus les masques fabriqués à Ploufragan ?"... Quand vous avez un client qui vous dit ça, vous vous dites : c'est un cas isolé, mais quand vous en avez 2... 5... 10."
Crédit : Yann Launay
Crédit : Yann Launay
Titre :Nicolas Bougault
Crédit :Yann Launay
L'essayer c'est l'adopter...
Pour Nicolas Bougault, même si son prix de vente est plus élevé qu'un masque chinois, le masque made in Ploufragan a de l'avenir et devrait conserver des marchés, tout simplement parce que ce ne sont pas les mêmes produits :
"On propose un produit très qualitatif, fabriqué dans des ateliers dans lesquels il y a des conditions d'hygiène très élevées : cette fabrication, toutes ces contraintes, se paient... Quand des personnes qui portent des masques à longueur de journée commencent à utiliser nos masques, on sait que c'est gagné... L'essayer c'est l'adopter. Quand ils reprennent des masques d'un autre fabricant, asiatique, ils voient tout de suite la différence, au niveau du confort, et puis il y a aussi cette sensibilité à vouloir porter un produit fabriqué en France et qui n'a pas fait le tour de la planète avant d'arriver sur l'étagère."
Titre :Nicolas Bougault
Crédit :Yann Launay
Une chaîne de fabrication de meltblown
L'usine de Ploufragan emploie aujourd'hui 45 personnes, et ce chiffre pourrait encore augmenter. Pour assurer la pérennité du site, une chaîne de fabrication de meltblown, le tissus filtrant des masques, vient d'entrer en service. De quoi être autonome pour la fabrication des masques, mais aussi de quoi se diversifier, comme l'explique Nicolas Bougault :
"Dans un masque comme ceux qu'on a l'habitude de porter, il y a trois couches : une couche extérieure, bleue, blanc, rose, noir, toutes les couleurs que vous voulez... Souvent la partie intérieure en contact avec le visage est blanche, et entre les deux vous avez une matière filtrante emprisonnée : le metlblown. Comme c'est un matériau filtrant, on peut le trouver dans d'autres domaines d'activité, comme la filtration dans le bâtiment, dans l'automobile, ou bien la filtration de l'eau, de l'huile, etc..."
Titre :Nicolas Bougault
Crédit :Yann Launay
Klap mise aussi sur le recyclage de ses masques, récupérés après usage dans les hôpitaux. Des essais techniques sont en cours pour pouvoir en faire des billes de polypropylène, un plastique qui peut servir à refaire des masques, ou d'autres objets.