Journées sans téléphone : le bon moment pour tester notre dépendance à l'écran !

Publié : 7 février 2024 à 22h27 - Modifié : 7 février 2024 à 22h31 par Dolorès CHARLES

Téléphone

Crédit : Pixabay

Alors que les Journée sans téléphone se poursuivent jusqu'à demain jeudi - 8 février, intéressons nous à notre dépendance au smartphone. Pour le Dr Julie Caillon : "L'addiction au téléphone n'existe pas au sens médical du terme, mais l'addiction va se caractériser par la souffrance associée aux usages et aux atteintes fonctionnelles."

C’est le (bon) moment de couper son smartphone, ou plutôt de s’auto-observer car vous aurez sans doute du mal à vous en passer complètement. Jusqu’à ce jeudi 8 février, ce sont les Journées sans téléphone portable, et à l’image du Dry January, où pendant un mois on se prive volontairement d’alcool, eh bien là c’est un peu pareil, il s’agit de voir si on peut se passer de son smartphone. Plus de téléphone, et donc moins d’écran et de réseaux sociaux.


La Journée mondiale sans portable, du 6 février, était d’ailleurs placée sous le signe des réseaux sociaux, le mode d’expression des plus jeunes. En France nous serions 6 sur 10 à parler ou à éprouver une certaine dépendance au smartphone. Julie Caillon est psychologue au sein du service d'Addictologie au CHU de Nantes, et ces journées spéciales sont pour elle, "déjà une première étape pour mieux comprendre nos usages".


L'addiction au sens médical n'existe pas


"L'addiction au téléphone n'existe pas au sens médical du terme, mais l'addiction va se caractériser, au delà du temps passé qui ne nous donne pas tant d'informations que ça au niveau médical, ce qui va nous intéresser, c'est la souffrance associée aux usages et aux atteintes fonctionnelles, c'est à dire comment petit à petit, mon usage vient mettre à mal tous les centres d'investissement que je peux avoir dans la vie : le travail, la sociabilité, l'ensemble des investissements et dommages qui vont être associés."

Titre :Julie Caillon du sein du service d'Addictologie au CHU de Nantes

Crédit :Dolorès Charles


"Cela reste un outil de travail pour beaucoup"



Vous connaissez la chanson de Nino Ferrer, et bien c’est pour ça que le jour de la Saint-Gaston, le 6 février, a été choisie pour devenir la journée mondiale sans téléphone, alors qu'en pensez-vous ?


"Aujourd'hui, on utilise trop les écrans et c'est surtout très intéressant pour les jeunes enfants qui sont sujets à trop d'écrans. Une journée sans téléphone, ça va être compliqué, ne serait ce que pour le réveil ! Mais je pense que ça peut faire du bien, pour relativiser l'importance de notre portable. On l'utilise beaucoup parce qu'il est tout le temps là, omniprésent ! C'est une bonne chose dans la mesure où on s'en sert en dehors de son activité professionnelle, après quand on en a besoin, on n'a pas trop le choix et cela reste un outil de travail pour beaucoup."


En France, plus de 99 % de la population, âgée de 15 ans ou plus, est équipée d’un téléphone, dont 77 % sont des smartphones. Et en 2023, les Français ont consacré en moyenne 3,9 heures par jour à consulter leur smartphone, contre 2,7 heures il y a trois ans.

CHU de Nantes

Crédit : Dolorès Charles

Titre :Tom Briot vous a interrogé sur votre dépendance au portable

Quelques conseils pour limiter le téléphone chez les jeunes et les adultes


Le conseil c'est pas de "smartphone pour les enfants, pas d'écran avant trois ans, et de manière accompagnée et très limitée chez les enfants", rappelle Julie Caillon, interrogée par Dolorès Charles... et puis chez les adolescents aussi, "il faut les aider à mettre des limites : éviter le soir avant le coucher, ne pas l'avoir allumé la nuit parce que cela impacte le sommeil et donc les capacités cognitives le lendemain à l'école. Cela impacte aussi au niveau émotionnel avec les problématiques du harcèlement sur les réseaux sociaux, des problématiques d'estime de soi, des usages de pornographie ou autres et qui ont de réelles conséquences chez nos adolescents."

Titre :Julie Caillon du sein du service d'Addictologie au CHU de Nantes

Crédit :Dolorès Charles


"Souvent la plainte chez les adultes, c'est cette difficulté à se déconnecter du travail."



Chez les adultes, "il faut se tester en se mettant des limites sur le pro et le perso. Souvent la plainte chez les adultes, c'est quand même cette difficulté à se déconnecter du travail, de se fixer des limites, de pouvoir se mettre en mode avion à certains moments, de pouvoir enlever des notifications, de limiter les mails ou le répondre à tous. Il y a tout un tas de stratégies qui peuvent être mises en place et puis il faut se mettre un cadre horaire, ne pas l'utiliser pendant les temps de repas, etc. On peut essayer plein de choses..."

Titre :Julie Caillon du sein du service d'Addictologie au CHU de Nantes

Crédit :Dolorès Charles

Limiter le temps de présence des plus jeunes sur écran fait aussi partie des préoccupations du Gouvernement. En janvier, le président Emmanuel Macron avait annoncé la constitution d’un groupe d’experts qui aura la charge de définir "le bon usage des écrans pour nos enfants, dans les familles, à la maison comme en classe."