Journée du bénévolat : pas de crise mais "la peur des responsabilités grandit"

C'est la Bretagne et les Hauts de France qui en comptent le plus, en proportion de leur population : les bénévoles sont à l'honneur, ce mardi 5 décembre, désigné par l'ONU "Journée mondiale du bénévolat et du volontariat". Les chiffres montrent que le nombre de bénévoles est revenu à un niveau proche  de celui d'avant la crise covid. Pourtant, dans l'Ouest comme ailleurs, des associations peinent à compléter leur bureau.

Une crise dans la prise des responsabilités

Pour Arnaud Toudic, conseiller régional de Bretagne délégué à la vie associative, la volonté d'apporter son aide n'a pas faiblit, c'est la peur des responsabilités qui grandit : "Quant on a parlé de crise du bénévolat, c'était surtout une crise de prise des responsabilités au sein des associations. Aujourd'hui, les jeunes ou moins jeunes s'engagent beaucoup plus le temps d'un week end, mais tout au long de l'année, ils restent un peu "tranquilles" et s'investissent moins peut-être dans les bureaux et conseils d'administration. Ce sont des choses qu'on doit travailler, que ce soit la région, ou dans toutes les associations, comment on peut leur donner envie de devenir administrateur et de prendre des responsabilités ? Et la région Bretagne veut encore plus mettre en valeur ces gens qui s'engagent pour leur territoire."

"Le bénévole attend de la considération"

Les retraités sont désormais moins nombreux parmi les bénévoles, alors que la part des 15-35 ans progresse. Leur attitude, leurs aspirations évoluent aussi, comme le note Nathalie Bescond, responsable des bénévoles aux Fêtes maritimes de Douarnenez. Nathalie doit en recruter plus de 700 pour juillet prochain, et le planning se remplit de façon rassurante : "les gens s'inscrivent plus tardivement qu'avant mais aujourd'hui, on peut être content de voir  des jeunes qui s'inscrivent à tout moment, des jeunes jusqu'à 50 ans, mais parfois aussi 20 ans. Ils ont une envie de s'impliquer davantage et d'être pris. Par contre, le bénévole attend de la considération, on cherche toutes les solutions possibles pour recueillir l'avis de nos bénévoles, tout leur savoir faire dont ils disposent... C'est important qu'on utilise leurs connaissances et leur regard pour faire progresser notre événement."

Les Fêtes maritimes de Douarnenez viennent de réviser leur "charte du bénévole", qui porte une attention toujours plus grande à l'accueil, à la formation, au bien-être des bénévoles. Nathalie Bescond, bénévole depuis 25 ans, a consacré des milliers d'heures aux Fêtes maritimes et n'a aucun regret : "pendant quatre jours, c'est impressionnant de voir à quel point le cœur de la ville bat à l'unisson. On est capable de tous travailler dans le même sens pour notre territoire et de faire avancer les choses... Je viens avec mes enfants et cela me permet de leur transmettre ces belles valeurs du bénévolat."

Un crédit d'impôt pour les bénévoles

Ces bénévoles vont peut-être recevoir un coup de pouce supplémentaire de l'Etat, pour la prise en charge de leurs frais de déplacement : les députés ont adopté un amendement pour créer un crédit d'impôt, qui bénéficierait à tous les bénévoles. Ce qui n'est pas le cas actuellement, comme le regrette Arnaud Toudic : "Aujourd'hui, tu signes un papier, l'association le signe, tu déclares que tu as fait tant de kilomètres dans l'année et tu as une réduction d'impôts. Si tu es imposable, c'est une réduction, mais si tu n'es pas imposable tu n'as rien et c'est injuste.... L'Etat va ainsi venir reverser au titre de tous les kilomètres faits dans ton année. Maintenant, ce que l'on sait que les bénévoles recherchent au delà de ce crédit d'impôt ... juste des moments de convivialité."

Le bénévolat - un vrai réseau social

Cet amendement n'a pas la garantie d'entrer en vigueur, il peut encore être retiré du projet de loi de finance 2024 par le gouvernement. Pour Arnaud Toudic, l'engagement bénévole doit être mis en valeur, encouragé et reconnu : pour le conseiller régional, cet engagement n'a peut-être jamais été aussi précieux pour la société française : "c'est le seul réseau social qui existe depuis 1901 et c'est un vrai réseau social parce que quand on arrive dans une commune, qu'on ne connaît pas grand monde, on va inscrire nos enfants à l'école, et on va organiser la kermesse, se retrouver dans une association, et prendre des responsabilités ou pas. Là où certaines personnes voudraient diviser les gens, je pense que la vie associative est l'unique lieu où justement on va rencontrer du monde qu'on ne connaît pas, et on ne va pas les juger."

La Bretagne, terre d’engagement

Cette journée est aussi l'occasion de lancer un concours photo pour illustrer le rôle des bénévoles dans la construction du lien social. La Bretagne se distingue par le dynamisme de sa vie associative : environ 80 000 structures actives employant plus de 110 000 salariés, 700 000 bénévoles dont 300 000 réguliers. Le montant global des aides de la Région au monde associatif s’élevait à 54,5 M€ en 2022.

Dans le cadre du concours "Mon association, 1er réseau social depuis 1901", les associations sont invitées à transmettre une photo de leurs bénévoles illustrant ce thème avant le 26 décembre. Le maître mot : illustrer le lien social. Le premier prix consistera en une dotation financière de 1000 € pour l’association gagnante (500 € pour le 2è prix, 300 € pour le 3è). Les prix seront remis en février.

Règlement sur :  bretagne.bzh/associations