Inondations à Quimperlé : le nettoyage résigné des habitants

La vigilance pluies inondations, vents violents et crues est levée sur l'ensemble du Finistère, à l'exception des bassins de la Laïta et de l'Aulne qui restent en alerte jaune, mais en cours de décrue rapide en particulier pour l'Aulnes. L'ensemble des cours d'eau ont retrouvé leur lit, même s'il reste des zones inondées. Depuis vendredi, les pompiers du Finistère sont intervenus aux côté des gendarmes sur près de 274 sinistres liés aux intempéries, notamment pour de nombreuses chutes d'arbres. L'ensemble des alimentations électriques ont pu être rétablies par ENEDIS sur le réseau.

On a eu 1,30m d'eau dans le bas !

Dans les bâtiments inondés de Quimperlé dans le Finistère, le nettoyage a commencé, hier (lundi 2 janvier) à la faveur de la décrue. Cette inondation du nouvel an vient s’ajouter à une liste déjà longue : une quarantaine ont été recensées depuis le milieu du 17ème siècle, à Quimperlé. Des travaux ont été entrepris, depuis une vingtaine d’années, pour atténuer l’impact de ces crues, sans pouvoir les faire totalement disparaître. Les habitants sont plutôt fatalistes : Damien est le gérant de la Cale d’Anaurot, un bar-restaurant du quai Surcouf.

Aidé par les pompiers, il a passé la journée de lundi à évacuer l’eau qui avait envahi son établissement, mais il ne ressent ni colère ni amertume : "On voit que les travaux qui ont été effectués fonctionnent. Je pense que si tout ce qui a été mis en place là, n'avait pas été fait, cela aurait été vraiment une catastrophe. Cela aurait été pire ! On a eu 1,30m dans le bas. Là, en 7 ans, c'est la première fois qu'on est vraiment embêté. La dernière grosse inondation, c'est en 2013 - 2014, sur la même période. Mais quand on achète c'est en connaissance de cause. Je suis Quimperlois, j'ai toujours vu la Laïta monter et descendre. C'est toujours impressionnant, mais ça ne choque plus personne... Il y a tous les copains qui sont là pour nous aider. Ça va vite pour nettoyer, mais le truc qui est vraiment long c'est la procédure qui suit après : les assurances, les travaux, etc."

Les barrières arrivent à contenir 80 % des petites inondations

Cette inondation est restée finalement circonscrite, malgré les cumuls de précipitations enregistrés ces dernières semaines et ces derniers jours. Pour Olivier Caillibot, en charge de la prévention des risques majeurs à Quimperlé, il faut y voir les effets des travaux menés depuis la dernière grande crue de l'an 2000. "On sait que les travaux, par exemple sur l'Isole, avec un pont qui a été refait entièrement, on a doublé la surface d'écoulement, ce qui fait qu'on a évité que ce pont fasse barrage et vienne en noyer tout l'ancien quartier historique, les Halles. Sur une crue comme celle qui s'est passée, on n'a pas été ennoyée dans ce secteur là. On a vraiment eu un impact sur la Laïta en elle-même et au dessus des barrières... Nos barrières arrivent à contenir 80 % des petites inondations, mais Quimperlé restera une ville inondable..."

En amont de Quimperlé, des travaux qui s'inscrivent dans un temps long ont aussi démarré, comme le reméandrage des cours d'eau ou l'aménagement de zones d'expansion pour permettre aux rivières de déborder dans des prairies plutôt qu'au centre-ville de Quimperlé.

Prévention, il y a des alertes

Depuis la crue précédente, celle de l'hiver 2013-2014, les procédures d'alerte se sont améliorées : les habitants directement concernés ont pu être prévenus, et mettre certains équipements à l'abri. "On a une veille permanente et on regarde par exemple tous les jours ce qui tombe sur notre bassin versant, la pluviométrie, et on a des seuils d'alerte sur 15 jours, sur trois jours... et quand ça a dépassé ce seuil-là comme là, on avait déjà anticipé puisqu'on avait vu qu'on arrivait dans les seuils d'alerte. On a su dans un deuxième temps que cela allait passer au-dessus des barrières, on a relancé une alerte : on a dit qu'on fermait le quai Brizeux... et puis l'action sur le terrain, le soir où ça a débordé, est essentielle au plus près des riverains pour limiter l'impact sur les populations comme des véhicules enlevés, explique Olivier Caillibot. Les gens ont été prévenus et ils ont pu s'adapter et se préparer."

PAPI : les citoyens peuvent s'équiper a minima

Les travaux des dernières années réduisent l'impact des crues petites et moyennes, mais Olivier Caillibot  le répète : Quimperlé est et restera une ville inondable. La possibilité d'un crue ne pourra être complètement gommée, et la population peut encore progresser dans l'acquisition d'une culture du risque, pour mieux se préparer :

"On voit bien qu'il y a aujourd'hui des financements qui sont possibles pour se protéger. Vous pouvez mettre des batardeaux, des systèmes en aluminium, devant les portes ou dans les fenêtres, qui sont financées à hauteur de 80% dans le cadre du PAPI, du programme d'action prévention des inondations.. et pourtant, il y a très peu de demandes. Je pourrais ne pas être impacté du tout en équipant un minimum juste une porte, mais 80 cm je n'ai pas d'inondation. Je pense que sur les petites et moyennes inondations, on a une marge de progression, en tout cas en termes d'équipement des riverains."

A Quimperlé, la vigilance reste de mise pour les jours qui viennent : de nouvelles pluies sont attendues en amont de la ville, surtout en cette fin de semaine, et les coefficients de marée vont se renforcer jusqu’à ce dimanche 8 janvier.