Hôpital de Laval. Les soignants sans réponse du Parquet !
Publié : 19 août 2022 à 13h08 par Dolorès CHARLES
Crédit : Pixabay
C'est une première en Mayenne, des soignants du Centre Hospitalier de Laval ont alerté le parquet, il y a une semaine face aux conditions de travail dégradées, et un manque prégnant de moyens et de personnels. A date, aucune réponse.
Les syndicats Force Ouvrière et CGT 53 ont déposé un signalement au procureur de la République de Laval, vendredi 12 août, pour dénoncer leurs conditions de travail, qui se dégradent par un manque de moyens et de personnels. Les urgences de l’Hôpital de Laval, fermées à plusieurs reprises ces derniers mois, sont au bord de l’asphyxie. Les soignants "sont en danger professionnellement, physiquement et psychologiquement", alerte Maxime Lebigot, infirmier et secrétaire adjoint pour Force Ouvrière, joint par Tom Rossi.
La faute de l'Etat
"Le mal-être à l’hôpital de Laval, comme dans de nombreux autres hôpitaux, se caractérise par des collègues qui sont en pleurs, qui font des heures supplémentaires "à gogo" et qui n’arrivent pas à les récupérer. Au retour des vacances, le bénéfice du repos est déjà parti parce qu’il y a une charge de travail très importante. Il y a des collègues qui démissionnent, je pense notamment à un infirmier qui est devenu élagueur. Cela montre bien que les métiers de soignants souffrent d’un manque d’attractivité. Nous sommes conscients que ce n’est pas la faute de l’hôpital et de notre direction si le personnel est en souffrance. C’est la faute de l’Etat qui ne met pas les moyens suffisants pour faire cesser ce mal-être au sein des hôpitaux."
Titre :Maxime Lebigot, infirmier
Crédit :Tom Rossi
110 lits fermés à Laval
Concrètement, ce manque de moyens se caractérise par des suppressions de lits, voire des fermetures partielles de centres hospitaliers. En Ille-et-Vilaine, par exemple, quatre des sept services d’urgence agréés étaient fermés la nuit, début août (Saint-Grégoire, Vitré, Fougères, Redon). A Laval, Maxime Lebigot déplore que les urgences débordent. Lui et ses collègues s’offusquent de devoir "faire des soins à la va-vite".
"Cela fait de nombreuses années que l’on supprime des lits dans les hôpitaux. Ici à Laval, comme partout en France, lorsqu’on supprime des lits, on supprime du personnel. Lorsque le contrat se termine, il n’est pas renouvelé, et les départs en retraite ne sont pas remplacés. On arrive à un point de non-retour parce qu’on a plus de 110 fermetures de lits cet été à Laval, avec la moitié d’un service de soin de suite et de réadaptation qui a été fermé. Pour nous, lorsqu’un patient doit avoir un lit, il doit être dedans tout de suite et ne pas rester cinq ou six heures, voire une journée aux urgences par manque de lit. Faire des soins à la chaîne, faire toujours plus avec moins, ce n’est pas nos valeurs. Il faut que ça s’arrête !"
Crédit : Maxime Lebigot
Titre :Maxime Lebigot, infirmier
Crédit :Tom Rossi
Des manifestations à la rentrée
Après ce signalement au Procureur de la République, la deuxième étape devrait être une vaste mobilisation des soignants à la rentrée, à Laval et partout en France. Maxime Lebigot en appelle à tous les citoyens. "On sait qu’il y a peu de chances que ce signalement soit pris en compte par le parquet de Laval. Mais, on se dit que si un citoyen souhaite déposer un recours au Conseil d’Etat, ce sera une pièce supplémentaire au dossier. On a vraiment fait ça aussi pour alerter la population: “vous nous avez applaudi pendant la première vague de covid-19, maintenant soutenez nous!”. Les usagers doivent venir soutenir les soignants lorsqu’il y a des manifestations, ce qui sera probablement le cas lors de la deuxième quinzaine de septembre. Nous appelons les gens à rejoindre tous les mouvements de soutien à l’hôpital public pour montrer à ce gouvernement que nous tenons à notre service public de santé et que nous sommes tous unis pour le défendre."
Titre :Maxime Lebigot, infirmier
Crédit :Tom Rossi
Pour l’heure, les soignants et syndicats n'ont reçu aucune réponse du procureur de la République. En janvier, le gouvernement avait annoncé une aide de 80 millions d’euros au centre hospitalier de Laval, pour permettre à la Mayenne de retrouver une "offre médicale attractive".