Halloween : une fête bien ancrée dans l'Ouest
Publié : 28 octobre 2021 à 16h05 - Modifié : 28 octobre 2021 à 16h08 par Dolorès CHARLES
Halloween
Crédit : Onodrim Photography
A quelques jours de la fête d'Halloween, Hit West est allée à la rencontre du Centre de l'Imaginaire Arthurien.
Les araignées, potirons grimaçants et autres balais de sorcières ont envahi les vitrines, les chambres d'enfants et même certains jardins : Halloween a lieu dimanche soir (31 octobre), et force est de constater que cette fête n'a pas disparu du paysage, alors que certains pourtant le pronostiquaient, dans les années 2000. Si, après l'engouement commercial de la fin des années 1990, le phénomène a reflué dans une partie de la France, c'est beaucoup moins vrai dans l'Ouest, où Halloween semble s'ancrer plus durablement.
L'origine d'Halloween, européenne
Remontons le temps, d'où vient cette fête, et que veut dire "Halloween" ? La réponse de Bruno Sotty, directeur du Centre de l'Imaginaire Arthurien avec Yann Launay :"C'est une contraction de mots anglais "All hallows eve", et cela veut dire "la veille de tous les saints". L'ancêtre de cette fête s'appelait "Samain", dans la civilisation celtique. A la base, cette fête était très européenne. Les celtes ont migré, notamment les Irlandais, on se rappelle des grandes migrations irlandaises aux Etats-Unis, et ils ont emporté avec eux dans leur besace leurs traditions. Chez nous, cela a été un peu oublié, supplanté par la fête de Toussaint, et puis avec la mondialisation, les traditions bougent à nouveau, et cette fête qui était basée aux Etats-Unis est revenue chez elle, en Europe, et on la redécouvre..."
Titre :Bruno Sotty, directeur du Centre de l'Imaginaire Arthurien
Crédit :Yann Launay
La fête d'Halloween est l'héritière de la Samain, fête celtique célébrée en tant que telle depuis quelques années en Bretagne. Mais que sait-on de cette fête, ancienne de plusieurs milliers d'années ? "C'est un mot gaélique, qui veut dire "le passage", "la transition". On ne sait pas grand chose de cette fête des anciens celtes, mais ce que l'on sait, c'est que c'est une fête de grande assemblée, que l'on situe vers la fin octobre, début novembre, et que cela marquait la fin de la saison claire, et le début de la saison obscure, puisque chez les celtes, l'année était divisée en deux parties. Et c'est cette période de transition entre le chaud et le froid, mais aussi entre le monde des vivants et le monde des morts."
Le potiron creusé, symbole d'Halloween
Pourquoi le potiron, l'un des grands symboles d'Halloween, est-il creusé ?
"Déjà il y a très longtemps, on a des traces de folklore paysan où l'on taillait des lanternes, de petits photophores, à l'époque dans des navets. Et lorsque la fête a été exportée par les Irlandais aux Etats-Unis, ils ont rencontré de nouveaux légumes, et notamment le potiron. Cela vient d'un personnage très ancien du folklore anglo-saxon, qui s'appelle "Jack O' Lantern", cet homme qui avait fait un pari avec le diable, il n'avait pas réussi à tromper le diable, et il s'était rendu prisonnier entre le monde des vivants et le monde des morts. Il errait dans cet entre-deux, et pour s'éclairer dans cette zone brumeuse, tout ce qu'il avait avec lui c'était un petit navet creusé dans lequel il avait mis une bougie."
Crédit : Yann Launay
Titre :Bruno Sotty, directeur du Centre de l'Imaginaire Arthurien
Crédit :Yann Launay
Halloween tombe au bon moment
Dans un contexte comme celui d'aujourd'hui, avec une pandémie qui a fait 5 millions de morts, fêter Halloween pourrait sembler moins judicieux, mais pour Bruno Sotty, c'est tout le contraire :
"Justement, après la période que l'on vient de traverser, où on a été brutalement et frontalement confrontés à la mort dans nos sociétés qui se croyaient un peu à l'abri de tout ça, c'est très bien de venir se retrouver, et confronter la mort mais de manière plus créative. Je pense qu'au contraire, la création artistique, même si des fois elle tourne en dérision, on arrive plutôt à aller dans la force de quelque chose : en en parlant, en mettant en avant différents modes d'expression, chacun y trouve son compte."
Titre :Bruno Sotty, directeur du centre de l'Imaginaire Arthurien
Crédit :Yann Launay
Un festival Samain au coeur de la Bretagne
Le Centre de l'Imaginaire Arthurien, basé à Concoret, aux confins du Morbihan et de l'Ille-et-Vilaine, organise jusqu'à dimanche un festival Samain, au château de Comper et dans plusieurs communes de Brocéliande. Au programme : expositions, soirées contes, spectacles et jeux de piste. Parmi les fils conducteurs de cette édition 2021 : le personnage du loup-garou, personnage qui a traversé les époques et qui est encore aujourd'hui plus présent qu'on ne le pense :
"Il va être très utilisé dans la littérature médiévale, par exemple il y a un chevalier loup-garou à la table-ronde du Roi Arthur, et ce sont souvent des personnages qui ne sont pas forcément négatifs. On a toujours l'image du loup-garou comme un monstre, mais c'est souvent une victime d'une malédiction. Et on le voit cette image transpire jusqu'à aujourd'hui : dans Harry Potter, il y a deux loups-garous qui sont plutôt des personnages positifs, Sirius Black et le professeur Lupin, donc c'est un personnage ambigüe le loup-garou, et il a encore des résonances aujourd'hui, on pense à un superhéros de Marvel comme Wolverine, c'est clairement un héritier des loups-garous, et ça raisonne en nous parce qu'au final ce sont des histoires qu'on se raconte depuis des millénaires."
Titre :Bruno Sotty, directeur du Centre de l'Imaginaire Arthurien
Crédit :Yann Launay
Une énigme pour les visiteurs
Le festival Samain s'achèvera dimanche soir avec une balade hantée et théatralisée, au château de Comper, transformé pour l'occasion en manoir hanté : "il se trouve que le château va être vraiment le coeur de Samain, puisque cette année le lac de la Dame du lac va servir à tous les revenants de Bretagne pour passer la frontière, puisqu'à la fête de Samain, on peut passer du monde des vivants au monde des morts et du monde des morts au monde des vivants. Les visiteurs vont devoir résoudre une énigme : pourquoi les fantômes sont tous venus là ce soir-là. On interagit directement avec eux, on veut vraiment que nos spectateurs, nos visiteurs, soient immergés dans un univers de A à Z, du début à la fin du spectacle, d'avoir vraiment l'impression de vivre un conte."Le festival Samain, jusqu'à dimanche soir au château de Comper, à Concoret dans le Morbihan, mais aussi à Guer, avec une veillée contée vendredi soir (29 oct), à Ploërmel avec le Marché de la Sorcière samedi (30 oct) et dimanche (31oct).
Tout le détail sur le site www.brocéliande-centre-arthurien.com