Guérande. Cet été, on manque d'eau et de moutarde, mais on ne manquera pas de sel !

Publié : 11 août 2022 à 11h01 - Modifié : 11 août 2022 à 11h43 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Cet été 2022 est marqué par une sécheresse exceptionnelle, et les incendies en France et dans l'ouest, mais pour certains secteurs, la météo est bénéfique et c'est le cas des paludiers. Reportage à Guérande en Loire-Atlantique.

C'est une conséquence de la sécheresse : à Guérande (44), et ailleurs comme à Noirmoutier en Vendée (85), la récolte de sel s'annonce record. Et les paludiers n'ont pas fait relâche une seule journée depuis le 24 juin dernier. C'est le cas de Christophe Annaheim, membre de la coopérative et président de l'Association française des producteurs de sel de l'Atlantique. Ses journées commencent à 5 heures du matin pour s'achever à 20h ou 21 heures, sept jours sur sept : "c'est déjà arrivé d'avoir des longues périodes de non-stop, mais on est sur de l'exceptionnel. On récolte le sel à la main, je peux dire que personnellement, physiquement, je commence à être au-delà de la douleur. On serre les dents et on y va, parce que le sel n'attend pas ! Techniquement, je peux mettre sur pause : je noie entièrement ma saline, elle ne fera plus de sel. Mais mon métier c'est producteur de sel. On a un produit qui est impérissable, on peut le stocker très longtemps, il n'y a aucun souci avec le fait d'avoir des bonnes, voire de très bonnes années, parce qu'il faut savoir aussi qu'on peut en avoir de très mauvaises."

Titre :Christophe Annaheim

Crédit :Yann Launay

On peut disparaître à terme


La récolte 2022 pourrait égaler voire dépasser le record établi en 1976, mais pas question pour Christophe de se réjouir de cette sécheresse et du réchauffement climatique sous-jacent : "effectivement on fait du sel, mais mes collègues agriculteurs d'autres productions, eux, ne font pas grand chose, et ce sont eux qui participent, plus que moi, à nourrir les gens. Le changement climatique peut impacter directement le marais salant, il faut savoir que nos salines sont en-dessous du niveau de la mer. Elles sont protégées à Guérande, mais sur les autres sites aussi, par des digues. Si on suit le rapport du Giec, ils annoncent au moins 50 cm de montée du niveau de la mer. Cette digue ne pourra pas supporter cette montée. Si on ne fait rien, à terme, on peut disparaître."

Crédit : Yann Launay

Crédit : Yann Launay

Titre :Christophe Annaheim

Crédit :Yann Launay

La récolte 2022 s'annonce massive


Peut-on prévoir une baisse du prix du sel ? Ce qui serait particulièrement bienvenue en ces temps d'inflation ? : "Pas à la coopérative. On a connu à une période, avant la coopérative, pendant laquelle les paludiers vendaient leur sel à des négociants. Les bonnes saisons, le jeu des négociants c'était de dire : il y a beaucoup de sel, j'achète très bas, et les petites années, j'achète un peu plus haut. Le fait d'avoir un stock mutualisé et la définition du prix par les producteurs, on lisse tout ça."

Titre :Christophe Annaheim

Crédit :Yann Launay

L'année 2022 est bien partie pour battre l'actuel record de 1976, avec 24 000 tonnes de sel produites dans les marais salants de Guérande (44). Un chiffre comparé avec les 300 tonnes d'une mauvaise année comme 1980.