Grippe aviaire. Vive inquiétude en Bretagne pour les oiseaux marins
Publié : 18 août 2022 à 23h10 - Modifié : 18 août 2022 à 23h14 par Dolorès CHARLES
Crédit : Pixabay
La région Bretagne s'inquiète des conséquences de la grippe aviaire sur la faune sauvage. Les restrictions s’étendent avec la circulation rapide du virus, un nouveau foyer vient d'être confirmé dans le Morbihan. Reportage avec la LPO de Pleumeur-Bodou (22).
Dès ce week-end du 13 au 15 août 2022, la préfecture du Morbihan avait élargi la zone de surveillance à tout le département, car plusieurs cas de grippe aviaire étaient détectés chaque semaine sur des oiseaux marins. Jusqu’ici, deux zones de contrôle temporaire étaient mises en place autour de Lorient et de Trefflean, après deux cas confirmés sur des goélands. Aujourd'hui, un nouveau foyer vient d'être confirmé dans un élevage de dindons à Ploërmel (*). La mesure de surveillance est déclinée sur les trois autres départements bretons, également très touchés par ce virus H5N1.
Des élevages décimés
Après avoir décimé de nombreux élevages avicoles, le virus influenza aviaire menace désormais plusieurs espèces d'oiseaux sauvages et principalement, en Bretagne, des oiseaux marins. L'inquiétude est d'autant plus forte qu'il n'y a aucun moyen de combattre cette maladie, souligne Romain Morinière, directeur du Centre de Soins de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) de l’île Grande à Pleumeur-Bodou, dans les Côtes d'Armor : "nous avons affaire à une souche de la grippe aviaire qui est hautement pathogène, qui se transmet très facilement d'un individu à un autre, et qui est incurable. Nous n'avons pas de solution pour soigner les animaux malades de cette maladie. On voit un fort déclin des Fous de Bassan au sein de la colonie à Rouzic, on a énormément de goélands aussi qui sont touchés, beaucoup de signalements (...) au téléphone de gens qui tombent sur un animal en détresse, lors d'une promenade. Des appels pour des Fous de Bassan ou des goélands en détresse."
Titre :Romain Morinière, directeur du Centre de Soins de la LPO
Crédit :Nicolas Vetal
Evitez tout contact !
La LPO rappelle qu'il ne faut ni toucher ni ramasser les oiseaux sauvages malades ou morts. La découverte de cadavres doit être signalée à la mairie du lieu de découverte ou à l’Office Français de la Biodiversité. L'inquiétude est grande aussi car ce virus évolue, mute et se disperse très rapidement souligne Romain Morinière, au micro de Nicolas Vetal : "en théorie ce virus est plutôt saisonnier, hivernal, mais cette année c'est une première d'avoir cette souche aussi virulente, en plein été et sur autant d'espèces en particulier les oiseaux marins. D'où la décision de ne plus en accueillir certaines (espèces), alors que ce sont des espèces que nous accueillons en grand nombre à la station, c'est notre spécialité ! On est désoeuvrés on ne peut que constater les dégâts au jour le jour avec les suivis faits, et c'est vraiment une première pour l'Ile Grande de ne plus accueillir ces animaux par principe de précaution."
Crédit : Nicolas Vetal
Crédit : Pixabay
Titre :Romain Morinière, directeur du Centre de Soins de la LPO
Crédit :Nicolas Vetal
Aucune solution pour abréger leurs souffrances
Le centre de Soins de la LPO de l’île Grande à Pleumeur-Bodou reçoit actuellement de nombreux appels pour des oiseaux marins en difficulté, malheureusement, il n'y a aucun moyen de combattre cette maladie et les soigneurs n'ont aucune réponse à donner déplore Romain Morinière : "nous n'avons pas de solution à apporter ne serait-ce que pour abréger les souffrances de l'animal. Quand ils sont morts, nous renvoyons vers les services techniques des communes concernées ou vers l'OFB de différents départements, car les appels nous parviennent de toute la région Bretagne, en revanche pour les oiseaux malades, blessés, encore vivants (...) nous appliquons le principe de précaution pour ne pas disséminer le virus, et on ne peut pas prendre en charge certaines espèces : Fous de Bassan, trois espèces de Goélands (marin, brun et argenté), et les mouettes rieuses."
Titre :Romain Morinière, directeur du Centre de Soins de la LPO
Crédit :Nicolas Vetal
Une épizootie d'ordre mondial
Ce virus circule activement par l’intermédiaire des oiseaux migrateurs et cet épisode d'influenza aviaire se déroule désormais à l'échelle mondiale (Canada, Écosse, Norvège...) sur plus d'une dizaine d'espèces et particulièrement depuis le printemps. Cette épizootie est d'autant plus sensible que des chercheurs étrangers signalent une transmission possible aux mammifères. Pour Romain Morinière, "ce qui se passe chez nous aujourd'hui a commencé dans d'autres colonies d'oiseaux marins ailleurs dans le monde, il y a plusieurs semaines / mois (...) On a une liste qui s'allonge de jour en jour sur les espèces susceptibles d'être touchées, car on teste beaucoup d'individus. On a une liste d'une vingtaine d'oiseaux et même des mammifères, pas encore beaucoup en France, mais outre-Atlantique il y a eu des cas sur des mammifère différents y compris marins. Ce virus aviaire passe aussi chez le mammifère !"
(*) Dans le cadre des mesures de lutte contre la propagation du virus, une opération de dépeuplement des 3 500 dindons présents dans l’élevage a été menée ce jour. Pour éviter tout risque de diffusion du virus à d’autres élevages, des zones réglementées de protection (ZP) et de surveillance (ZS) sont mises en place dans un rayon de 3 et 10 km (6 communes concernées dans le rayon de 3 kms : Augan, Campénéac, Caro, Gourhel, Monterrein, Plöermel, et 11 communes par la zone de 10 kms). Dans ces périmètres, tous les lieux de détention de volailles et d’oiseaux captifs sont soumis à des prescriptions spécifiques.
Actuellement, le virus de l’influenza aviaire circule activement parmi les oiseaux sauvages, et sa diffusion aux volailles domestiques peut avoir des conséquences économiques et sanitaires importantes pour la filière avicole. C’est la raison pour laquelle le préfet a mis en place par arrêté préfectoral du 12 août 2022, une zone de contrôle temporaire sur l’ensemble du département, qui impose aux particuliers et aux professionnels de la filière volaille de respecter strictement les mesures de biosécurité (notamment la mise à l’abri) et les invite à rester extrêmement vigilants (Préfecture du Morbihan).