Grippe aviaire : moins de magret de canard sur les étals !

Publié : 23 mars 2022 à 7h27 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

La multiplication des cas de grippe aviaire dans l'Ouest comment à avoir des répercussions sur les étals, et ce n'est pas prêt de s'arrêter.

La grippe aviaire s'étend : un premier foyer a été détecté en Ille et Vilaine dans un élevage de canards près de Fougères, deux jours après la découverte d'un premier foyer dans le Morbihan. Les cas d'influenza se multiplient en Loire-Atlantique, dans le Maine-et-Loire, et surtout en Vendée, où c'est la quasi-totalité des volailles qu'il va falloir abattre. Il faut savoir que la Bretagne et les Pays de la Loire sont les deux premières régions productrices de volailles en  France, avec à elles seules plus de la moitié de la production nationale.


Alors faut-il redouter des conséquences pour les consommateurs, dans les rayons ? La réponse de Jean-Michel Choquet, éleveur de volaille à Trédion, dans le Morbihan. Pour le président du Comité régional avicole de Bretagne, "il va y avoir un impact visible pour le consommateur : déjà au niveau des prix de vente, parce qu'il y a aussi une inflation sur l'alimentation des animaux. Et puis la France est déjà importatrice nette de volaille : 40% du poulet consommé en France est issu d'importations, notamment d'Ukraine. Aujourd'hui, on a une conjonction entre l'arrêt des importations en provenance d'Ukraine, et l'arrêt de la production en raison de l'influenza aviaire. Les deux protéines qui sont les moins chères : la viande de volaille et l’œuf, peuvent demain manquer dans les rayons."

Titre :Jean-Michel Choquet, éleveur de volailles à Trédion

Crédit :Yann Launay

La crise va durer


L'impact de la grippe aviaire sur les prix, sur la disponibilité des produits, ne devrait pas être de seulement quelques jours ou quelques semaines : retrouver des élevages sains, sécuriser une zone prend au moins 5 ou 6 mois, comme l'explique Jean-Michel Choquet : "Cela peut prendre deux, trois mois pour vider toute la zone et faire le vide sanitaire, ensuite une fois que la zone est reconsidérée comme saine, il y a une remise en place, sauf qu'il faut au moins 45 jours entre la mise en place et l'abattage des poulets, et si c'est des dindes, c'est 84 ou 90 jours. Autre chose : la Vendée, les Pays de la Loire, sont une grosse région d'accouvage. Les autres régions, dont la Bretagne, ont besoin des poussins, des dindonneaux de ces départements touchés par l'inluenza. Là aussi, ça peut encore être un frein à la remise en production de toute notre filière."

Crédit : Pixabay

Titre :Jean-Michel Choquet, éleveur de volailles à Trédion

Crédit :Yann Launay

Plus de 4 millions de volailles abattues d'ici la fin avril


Dans les zones les plus touchées : en Vendée, dans une partie du Maine et Loire et dans le sud de la Loire-Atlantique, l'abattage massif est en cours. Au total, ce sont plus de 4 millions de canards, poulets, dindes qui seront abattus d'ici la fin avril, pour assainir toute la zone.  Au nord de la Loire, du Finistère à la Sarthe, dans la première zone de production de volailles en France, les éleveurs retiennent leur souffle, après l'apparition des premiers foyers d'influenza, ces derniers jours.


L'extension du virus peut-elle être enrayée ? Les mesures sanitaires peuvent-elles être renforcées ?  "On rencontre un virus qui se diffuse aussi par voie aérienne, et là on est vraiment démunis, explique Jean-Michel Choquet. Partout où l'influenza s'est développée, il y avait des mesures de biosécurité strictes de mises en place, et malgré ça, le virus est passé au travers. Il est dans l'air, et on n'avait pas de chance, on avait un vent avec un air humide, qui venait des zones infectées, du sud-ouest vers le nord. Les beaux jours reviennent, les températures augmentent, l'humidité de l'air diminue : ça peut nous aider à ne pas connaître la catastrophe."

Titre :Jean-Michel Choquet, éleveur de volailles à Trédion

Crédit :Yann Launay