Grève des crèches : Des personnels à bout partout dans l'ouest

Publié : 7 octobre 2022 à 10h42 - Modifié : 7 octobre 2022 à 16h12 par Emilie PLANTARD

Crédit : @Pixabay

Les personnels de crèche ont fait grève jeudi 6 octobre, et des manifestations ont eu lieu un peu partout dans l’ouest à l’appel du collectif "Pas de bébés à la consigne". Ils dénoncent des conditions de travail qui se dégradent, mais aussi un manque de personnel.

C'est le gros point noir de la profession : le manque de personnel. Pour faire face aux difficultés de recrutement, le gouvernement a publié un arrêté le 29 juillet dernier, permettant d’embaucher des personnes non-qualifié, ce que déplorait les manifestants. Sunniva Véron est auxiliaire de puériculture dans une crèche d’Ille-et-Vilaine, et elle ne comprend pas cette mesure. "On va être amenés à travailler avec des gens qui ne sont pas formés, qui n’ont aucune connaissance. On a des diplômes en crèche, on a des éducateurs de jeunes enfants qui ont 3 ans d’études, des auxiliaires qui ont 1 an de formation et des CAP petite-enfance qui en ont 10 mois. C’est vraiment un travail, ce n’est pas possible pour nous et ça va être à nous de les former."


"La couche est pleine !"


Cette mesure est largement contestée, les professionnels craignent qu’elle dévalorise les métiers de la petite enfance. "Le sentiment c’est un goût amer, de ne pas être comprises, déplore Sunniva. On est en pénurie de personnel et en réponse on nous dit "Prenez n’importe qui". On ne comprend pas notre métier. Déjà qu’on a des métiers pas très valorisés, en plus le gouvernement ajoute ça, ça confirme que c’est compliqué..."

Titre :Sunniva Véron, auxiliaire de puériculture en Ille-et-Vilaine

Crédit :Emilie Plantard

Des conditions d’accueil difficiles


Un des axes de contestation est le taux d’encadrement, les manifestants réclament un taux unique de 5 enfants par professionnel. Ce qui n’est pas le cas actuellement, c’est ce qu’explique Sunniva Véron, elle est auxiliaire de puériculture depuis 11 ans près de Rennes. Elle explique "qu'aujourd’hui, les normes sont un adulte pour 5 bébés non-marcheurs et un adulte pour 8 enfants marcheurs. Sauf que dans la réalité, je l’ai encore vécu aujourd’hui où je me suis retrouvée au repas, seule avec 7 enfants de 18 mois à 2 ans, mais dans cette tranche d’âge ils sont très demandeurs. Est-ce qu’ils réalisent vraiment ?"


La peur de l'erreur


Certains quittent la profession. Sunniva, elle, est fatiguée et craint plus que tout de faire des erreurs... "On perd en qualité d’accueil. On est en train de brader et on ne sait pas comment ça se terminera. Moi je pense à changer de métier parce que je suis fatiguée. Ça fait 11 ans que je travaille en crèche et je n’arrête pas d’entendre ça. On entend énormément de burn-out... Le personnel va mal et c’est inquiétant. Moi je suis maman je ne peux pas concevoir qu’il arrive quelque chose à mon enfant et en tant que professionnelle, non plus."

Titre :Sunniva Véron, auxiliaire de puériculture en Ille-et-Vilaine

Crédit :Emilie Plantard

Des solutions avancées par les professionnels


Pour parvenir à recruter plus facilement, le collectif met en avant des solutions. Sunniva Véron imagine deux mesures très concrètes : "Déjà il faudrait ouvrir plus de place de formation pour qu’on ait des gens diplômés, et revaloriser les salaires, on est payés au minimum. C’est vraiment un métier passion, il y en a beaucoup qui nous disent que c’est fatiguant. Les gens ne se rendent pas compte que c’est un métier physique et très prenant."


 

Titre :Sunniva Véron, auxiliaire de puériculture en Ille-et-Vilaine

Crédit :Emilie Plantard