Fougères. Les permanences censées les aider attirent peu les agriculteurs
Publié : 14 mars 2024 à 19h12 par Dolorès CHARLES
Gilles Traimond et Jean-Pierre
Crédit : Yann Launay
Ce n’est pas la foule des grands jours dans les permanences organisées à destination des agriculteurs dans les sous-préfectures et préfectures de l’ouest. Des permanences en réponse à la crise, lancée par l'Etat. Rendez-vous avec le sous-préfet de Fougères (35) et un éleveur breton en difficulté.
C'était l'une des réponses du gouvernement à la crise agricole : des permanences dans toutes les sous-préfectures et préfectures pour recevoir les agriculteurs en difficulté. Des permanences mises en place depuis une quinzaine de jours dans l’Ouest, mais ces dernières n'attirent pas les foules. A Fougères, par exemple, en Ille-et-Vilaine, seuls deux agriculteurs ont été reçus jusqu’à maintenant. Jean-Pierre est le deuxième, cet éleveur de vaches allaitantes a poussé hier (mercredi 13 mars) la porte de la sous-préfecture. Avec la hausse des charges et des prix de vente trop bas, il n'a plus de quoi se verser un salaire.
"On sent que les personnes veulent nous défendre, vraiment"
A la sous-préfecture, il a pu s’entretenir avec un agent de la Direction des territoires et de la mer -DDTM- et avec un agent des finances publiques. "Psychologiquement, je me sens mieux, ce n'est pas du baratin, mais du concret, il y a des écrits et il y a les personnes présentes très motivées et on sent qu'elles veulent nous défendre. Les réponses on ne les aura pas aujourd'hui, mais cela va aller dans les bureaux... Il faut une suite par contre car en qui je pourrais avoir confiance demain, c'est notre dernier espoir presque."
Titre :Jean-Pierre, agriculteur
Crédit :Yann Launay
"On peut apporter des solutions concrètes"
Les représentants syndicaux dénoncent un coup de com’ du gouvernement, sachant que des cellules d’écoute existaient déjà, mais pour le sous-préfet de Fougères, Gilles Traimond, ces permanences peuvent réellement faire avancer les choses... "Les agriculteurs n'ont pas pour habitude d'aller solliciter de l'aide et d'aller dans les guichets pour avoir des explications. Ils restent souvent seuls avec leurs problèmes, mais on est là et on peut leur tendre la main.. Si je prends un exemple : un agriculteur qui est en difficulté pour payer telle taxe, et qui attend de l'argent de la part d'un autre service de l'État, eh bien cela va permettre à la Direction des finances publiques d'attendre ... avant de le harceler pour qu'il paye ses impôts. On peut apporter des solutions concrètes."
Jean-Pierre, Jean-Marc Lucas et Stéphane Lorret
Crédit : Yann Launay
Titre : Gilles Traimond et Jean-Pierre
Crédit :Yann Launay
"Ils ont une fierté propre au monde agricole..."
Pour Gilles Traimond, si les agriculteurs ne se bousculent pas, c'est d'abord parce que le dispositif n'est pas assez connu, ou qu'il est mal cerné, et il faut sans dite y voir aussi une pudeur du monde agricole : "ce sont des gens qui essaient de se débrouiller par eux-mêmes. Ils ont du mal à aller avouer qu'ils sont un peu perdus et qu'ils ont besoin d'un coup de main. Ils ont une fierté propre au monde agricole. C'est une main tendue et ce n'est pas du tout ni du jugement, ni quelque chose de coercitif qu'on leur propose, c'est une aide. Ils ont en face d'eux quelqu'un qui se met à leur place."
Les services de l'Etat n'ont pas attendu ce mouvement pour se mettre à disposition des exploitants en difficulté. Stéphane Lorret est en charge des crises agricoles au service économie de la DDTM 35 (Direction départementale des territoires et de la mer), et pour lui ces permanences auxquelles il participe, sont utiles.
"Notre rôle est de répondre aux questions, de les accompagner, de les orienter éventuellement sur les différentes aides annoncées par le ministère : le plan de soutien à l'agriculture bio qui va se mettre en place fin mars et si l'exploitant le souhaite, on peut examiner un peu plus en profondeur ces problèmes financiers, techniques et sociaux. Certains exploitants ne pensent qu'au boulot et ont la tête dans le guidon. Le fait de venir en permanence, permet de prendre du recul, c'est une première étape !"
Titre :Stéphane Lorret
Crédit :Yann Launay
A Fougères comme dans les différentes sous-préfectures de l’Ouest, le plus souvent des permanences sont organisées deux jours par semaine, avec ou sans rendez-vous selon les créneaux et les départements. Des permanences téléphoniques sont aussi mises en place.