Focus sur ces profs démissionnaires, à la veille d'une journée de grève
Publié : 22 septembre 2021 à 14h14 par Dolorès CHARLES
Prof devant élèves
Crédit : Pixabay
Les professeurs réclament un "plan d'urgence pour l'éducation" : quatre syndicats appellent à la grève demain jeudi dans toute la France, pour de meilleurs salaires et la création de postes.
Un appel à la grève est lancé pour demain (jeudi 23 septembre) par des syndicats enseignants, qui demandent une revalorisation réelle des salaires, des créations de postes et une amélioration des conditions de travail. Les syndicats pointent du doigt l'augmentation du nombre de démissions dans l'Education nationale, qui s'accélère, comme le confirme Matthieu Mahéo, professeur de français et secrétaire académique du SNES Bretagne :"Alors que c'est quelque chose de très lourd, une démission, quand on est titulaire de la fonction publique (on a passé un concours difficile, les possibilités de reconversion ne sont pas très nombreuses), on a une augmentation des démissions à la fois dans le premier et le second degré. On a aussi tous les personnels qui ne sont pas encore titulaires : les gens qui passent les concours, les personnels stagiaires, qui au bout d'un certain temps baissent les bras... et il y aussi la rupture conventionnelle, un nouveau phénomène, on a vu de très nombreuses demandes de collègues qui se renseignent sur la rupture conventionnelle..."
Titre :Matthieu Mahéo, secrétaire académique du SNES Bretagne
Crédit :Yann Launay
Un problème de méthode
Pour Matthieu Mahéo, ces départs sont révélateurs d'un profond malaise dans l'Education nationale, bien au-delà des questions de salaires insuffisants. Pour le secrétaire académique du SNES, de nombreux enseignants se sentent méprisés, et les réformes de ces dernières années et la gestion de la pandémie n'ont rien arrangé :"Alors qu'on est tous très attachés à l'égalité des chances, faire en sorte de faire réussir tous les élèves, les réformes qui ont été mises en place, comme Parcoursup ou la réforme du lycée, conduisent à augmenter les inégalités, c'est quelque chose qui est très mal vécu par les collègues. Il y a le fond, et il y a la forme : quand le ministre annonce le protocole de rentrée dans le Journal du dimanche, plutôt que de donner les informations au personnel, il y a aussi un problème de méthode..."
Des enseignants peu accompagnés
Matthieu Mahéo reconnaît que les élèves ont changé, que la société a évolué, et que le métier d'enseignant n'en est que plus difficile. Mais pour le secrétaire académique du SNES, les enseignants devraient justement être aidés, pour faire face aux difficultés, et lui constate plutôt le contraire :"Il n'y a pas véritablement de formation continue pour les enseignants et dans l'Education nationale en règle générale... On a de plus en plus des cours en classe entière, c'est aussi lié aux réformes qui ont été faites. La réforme du lycée a produit le tronc commun, permet de regrouper les élèves à 35, 36 dans les classes. Quand on se retrouve toute une semaine avec que des classes à 35 ou 36, c'est plus fatigant maintenant que ça ne l'était il y a quelques années... Quand on arrive à 60 ans, à gérer des groupes d'enfants ou d'adolescents, cela nécessite encore plus d'énergie qu'avant, et il n'y a pas de dispositif pour aider les collègues..."
Titre :Matthieu Mahéo, secrétaire académique du SNES Bretagne
Crédit :Yann Launay
Les demandes de rupture conventionnelles permettent désormais aux agents qui souhaitent quitter la fonction publique de le faire avec un peu d'argent, pour réussir une reconversion. Les demandes de rupture conventionnelle concerneraient tout particulièrement les enseignants de plus de 55 ans. Mais Ces demandes sont le plus souvent rejetées par l'Education nationale, pour cause de manque d'enseignants...
Quelques rassemblementsDes rassemblements sont prévus ce jeudi matin à Nantes, Saint-Nazaire, Angers, La Roche-sur-Yon, Rennes, Brest, Quimper, Saint-Brieuc, Vannes. Une manif est prévue à 12h30 à Laval.