En Vendée, le sujet des bassines est également sensible
Publié : 28 mars 2023 à 9h53 - Modifié : 28 mars 2023 à 11h13 par Emilie PLANTARD
Crédit : @Basta Media arton6867
Le creusement de la première bassine vendéenne, en 2007, n’avait pas soulevé de contestations. Pourtant aujourd’hui, l’association Terres et Rivières, basée à Mouchamps, est engagée dans le collectif Bassines Non Merci, qui organise la contestation à Sainte-Soline. Et veut s’opposer à tout nouveau projet en Vendée.
Un deuxième manifestant présent à Sainte-Soline lors de la marche contre la méga-bassine a été placé dans le coma ce lundi, à la suite des violents affrontements entre opposants et forces de l’ordre. Présent sur place le week-end dernier, l’association vendéenne Terres et Rivières est également opposée aux projets voisins et soutient le collectif Bassines Non Merci. En Vendée, la première retenue d’eau a été creusée en 2007. Aujourd’hui il en existe 25, principalement localisées dans le sud du département, près du Marais-Poitevin, en plus du lac de la Vouraie à l’est de La Roche-sur-Yon, créé par un barrage à la fin des années 90.
On se battait surtout pour la qualité de l’eau et non pas sur la quantité
A l’époque, les projets n’avaient pas soulevé de contestation. D’abord parce que les bassines n’ont pas la même envergure que dans les Deux-Sèvres, et il y a 15 ans, le risque de sécheresse n’était pas si présent. Franz Deprez membre de l’association Terre et Rivières : "Ce n’était pas notre premier combat, on se battait surtout pour la qualité de l’eau et non pas sur la quantité. Cette question de la quantité ne se posait que dans le nord-ouest de la Vendée. Les pros-irriguant ont été très malins, en mélangeant les vocations. Comme à la Vouraie par exemple, où on vous dit que c’est pour le soutien d’étiage et de l’eau potable alors que l’immense majorité du volume utilisée l’est pour l’irrigation."
Titre :Franz Deprez, secrétaire de l’association Terre et Rivières en Vendée
Crédit :Emilie Plantard
Pas d’excès d’eau dans les nappes
Ces bassines sont des réserves qui permettent de stocker l’eau dite excédentaire, en la puisant dans les nappes phréatiques l’hiver, pour irriguer les cultures l’été. Les associations comme Terres et Rivières contestent cette analyse, en Vendée comme dans les Deux Sèvres, où certaines bassines viennent seulement d’être creusées. "Il n’y a pas d’excès d’eau, selon Franz Deprez. Quand il y a excès d’eau c’est qu’il y a une crue, mais tant que l’eau est dans le sol, c’est qu’elle n’a pas dépassé la capacité de stockage dans le sol. Le bon fonctionnement de la nappe phréatique, pour qu’elle puisse alimenter les zones humides, surtout avec les sécheresses, et dont on sait que dans les 6 ou 7 ans qui viennent on sera en déficit chronique. Là par exemple, la bassine de Mauzé-Le-Mignon a commencé à être remplie alors que la rivière était à sec."
Titre :Franz Deprez, secrétaire de l’association Terre et Rivières Vendée
Crédit :Emilie Plantard
Les agriculteurs respectent peu leurs engagements
A l’époque déjà, les agriculteurs vendéens étaient tenus de réduire leur consommation d’eau. Or, si les bassines leur ont permis de moins puiser dans la nappe phréatique en été, les pratiques n’ont pas suffisamment évolué pour réduire les besoins d’irrigation. C’est d’ailleurs ce que dénoncent les associations dans les Deux-Sèvres, où un protocole a été signé en 2018 pour la création de 16 bassines. "Une autre arnaque sur les bassines, c’est que notamment pour Sainte-Soline et autour, en contrepartie, dans le protocole d’accord avec les ONG et l’Etat, c’était que les agriculteurs s’engageaient à des pratiques plus vertueuses. Ils étaient censés réduire les volumes en eau consommés, avoir des cultures plus adaptées. Or après une année, le protocole ne fonctionne pas alors qu’il est urgent de faire machine arrière et autrement."
Titre :Franz Deprez, secrétaire de l’association Terre et Rivières Vendée
Crédit :Emilie Plantard
Une guerre de l’eau inévitable
Un premier bilan par l’Agence de l’Eau en 2021 était plutôt positif, avec toutefois quelques réserves, notamment sur les changements de pratiques demandés aux agriculteurs jugés insuffisants. Or, les bouleversements climatiques vont créer des tensions sur la ressource en eau et ces bassines consacrées à l’irrigation des grandes cultures suscitent de plus en plus de questions.
"Avec le réchauffement climatique et l’augmentation de la population, l’augmentation d’un certain nombre d’usages, cela ne passera plus. Les golfs, les espaces verts, les terrains de sport... Qui va avoir la priorité ? Est-ce que l’eau va aller à l’arrosage du maïs ou elle va aller à ces usages récréatifs ou autres ? Est-ce que le maïs va être prioritaire sur les maraîchers ? Les maraîchers en Vendée ont eu l’interdiction d’irriguer en même temps que le maïs et à mon avis il faudrait peut-être distinguer les deux..."
Titre :Franz Deprez, secrétaire de l’association Terre et Rivières Vendée
Crédit :Emilie Plantard