"En Bretagne, le logement n’est pas secondaire" : mobilisation ce samedi à Quiberon

Publié : 28 juin 2022 à 7h33 par Benoît de Miniac

Littoral Bretagne Sud

Crédit : DR

Contre la crise du logement, "Dispac’h" se mobilise. Né en 2018, le collectif indépendantiste de gauche organise une opération "Plage morte" à Quiberon dans le Morbihan, ce samedi 2 juillet à midi.

C'est une opération "Plage morte" qui est prévue en fin de semaine du côté de Quiberon, dans le Morbihan, avec le collectif "Dispac'h". Le but de cette journée est de sensibiliser la population et les élus à la problématique du logement dans la région : résidences secondaires de plus en plus nombreuses, location courte durée, spéculation… autant de facteurs qui rendent la vie des résidents de plus en plus difficile, notamment sur le littoral. Les salariés ne peuvent plus se loger à proximité de leur travail, et encore moins les saisonniers. Sans parler de la hausse du prix des carburants.


Les explications de Ewan Thébaud, du collectif Dispac’h, interrogé par Benoît de Miniac : "on arrive à un tel degré de spéculation immobilière que les logements se font rares. Déjà en 2018, des saisonniers avaient manifesté à Quiberon parce qu’ils n’avaient pas où se loger. C’est pire cette année, il y a un vrai problème. C’est tout un système qui ne fonctionne plus. Ce n’est pas tenable. On a aussi les élus qui nous disent "on va construire plus" mais on arrive sur le bétonisation des rares terres agricoles, proches du littoral. Il faut vraiment trouver des solutions. Or, il existe des logements vides, 10 mois sur 12 : les résidences secondaires et les locations de courte durée."

Titre :Dispac'h opération "plage morte"

Quiberon classée en zone tendue ?


En ce 2 juillet, le collectif Dispac’h fera plusieurs propositions pour résoudre cette crise (*). "On parle énormément du statut de résident, avance Ewan Thébaud. C’est une position forte qui aurait un effet direct et efficace. On pourrait faire comme en Loire-Atlantique : être classé en zone tendue ce qui permet d’augmenter la taxation des résidences secondaires, et d'apporter plus de moyens aux communes pour agir sur l’immobilier ou encadrer les loyers. Des choses très simples pourraient déjà engranger quelques changements."

Titre :Dispac'h

Redonner un peu le pouvoir aux locaux !


Parmi les autres propositions avancées par "Dispac’h" pour améliorer la situation, il y a celle d’un "statut de résident breton", elle peut paraître révolutionnaire mais elle est indispensable selon Ewan Thébaud : "révolutionnaire, mais en même temps c’est presque impossible aujourd’hui de passer à côté. Ce qu’il faut, c’est redonner un peu le pouvoir aux locaux. C’est à nous de gérer notre politique locale du logement et donner la priorité à ceux qui habitent et font vivre le territoire. Le problème de cet habitat saisonnier, sur nos côtes principalement, c’est que toute les dynamiques diminuent : on a un tissu social rabougri, des services publics qui ferment… Il faut donc donner la priorité aux gens qui travaillent et vivent sur le territoire et le statut de résident le permet."

Titre :Dispac'h

Les revendications de la coordination Un ti da bep hini (*) :


1- Intégrer la Région Bretagne dans la zone dite tendue et permettre ainsi aux communes de la Région qui sont exclues de ce dispositif d’avoir accès à toutes les dispositions permises par le classement en zone tendue : mesure de compensation, encadrement et plafonnement des loyers, majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, etc . Les élu.e.s locales doivent prendre position puis se mobiliser pour obtenir ces outils et les utiliser.


2- Le prélèvement de la taxe d'habitation sur les logements vacants partout où ce n'est pas encore fait à l’échelle intercommunale comme la loi le permet déjà et l'affectation du produit à des services d'hygiène et de sécurité, dotés de moyens pour contrôler la salubrité des logements mis en location. La Région Bretagne doit accompagner les collectivités locales intercommunales sur ce chantier qui palliera les faiblesses de l’Agence Régionale de Santé incapable, faute de moyens de l’État, de remplir sa mission de service public pour faire constater l’insalubrité de nombreux biens mis à la location.


3- Une régulation forte de la location touristique et en particulier du système des plates-formes de location pour particuliers, au-delà des possibilités déjà existantes, en réservant par exemple ce type de location à la seule résidence principale du loueur.


4- Un statut de résident.e réservant l'achat de logements ou de terrains aux personnes habitant le territoire depuis un certain temps, à l'échelle des pays, là où les résidences secondaires en excès posent de graves problèmes. Ce statut, sans aucune discrimination d'origine et sur la seule base de la résidence, permettra de faire baisser les prix et de rendre progressivement des pans entiers du territoire à de véritables habitant.e.s.


5- L'impossibilité du vote des résident.e.s secondaires, qui peuvent représenter un poids électoral disproportionné dans les communes littorales.


6- Un observatoire public du logement en Bretagne capable de fournir et d'actualiser les données fondamentales sur le logement : prix à l'achat et en location, part des résidences secondaires et logements vacants dans l'année écoulée, part des locations touristiques, vérifications de la légalité des annonces…


7- L'utilisation du droit de préemption et d'expropriation en urgence pour garantir le droit au logement, là où des personnes sans abri ou mal logées côtoient des logements vides et où aucune autre solution satisfaisante n'existe ; le renforcement des capacités d’action financière de l’Établissement Public Foncier Régional qui aide les communes à préempter et acheter les friches et bâtiments mis en vente. Ainsi que le recours à la réquisition de biens vides à des fins d’habitat.


8- L'accueil digne et humain des personnes migrantes arrivant en Bretagne, d'où qu'elles viennent, avec l'obligation effective pour les préfectures de garantir leur droit au logement.


9- Le calcul des minimas de logements sociaux sur l'ensemble des logements des communes, et non les seules résidences principales (à l'heure actuelle plus une commune compte de résidences secondaires, moins elle doit fournir de logements sociaux).


10- La transparence sur l’impact écologique du tourisme sur la qualité l’eau et les capacités actuelles de traitement, notamment sur le littoral.


11- La facilitation de l'habitat léger pour celles et ceux qui font ce choix, moins coûteux, écologique et plus facilement réversible que l'habitat en dur.


12- L’application des droits des gens du voyage.


13- L'inscription dans les documents d'urbanisme et de planification de la fin du bétonnage pour 2030 au plus tard, l'interdiction immédiate d'ouvrir de nouvelles zones à l’urbanisation dans les communes comptant plus de 10 % de logements vacants ou de résidences secondaires et dans les territoires les plus urbanisés.