Donges. La raffinerie Total à l'arrêt
Publié : 12 octobre 2022 à 18h04 - Modifié : 12 octobre 2022 à 18h14 par Dolorès CHARLES
Crédit : Jules Housseau
La raffinerie Total de Donges (44) a emboîté le pas à d'autres raffineries ou dépôts pétroliers en France, ce mercredi matin (12 octobre). Un mouvement de contestation démarré il y a une dizaine de jours, pour motif salarial notamment, et provoquant la pénurie d'essence dans certaines stations-services.
Donges à l’arrêt ! Le personnel de la raffinerie Total de Loire-Atlantique est entré ce mercredi matin (12 octobre) dans le mouvement de grève des raffineries et dépôts pétroliers, qui épargnait jusque-là l’ouest de la France. Les revendications portent sur les salaires, l’emploi et le programme d’investissement de Total. En Loire-Atlantique, les salariés (peu nombreux) ont établi un piquet de grève vers 5h et ce matin, 80% du personnel consulté a fait le choix de la grève. On peut se demander pourquoi ce choix, aujourd’hui, une dizaine de jours après les autres raffineries.
Il y a une atteinte constitutionnelle au droit de grève
Dolorès Charles a joint Fabien Privé Saint-Lanne, délégué CGT : "La raffinerie de Donges, qui avait fait grève pendant trois jours les 27, 28 et 29 septembre, n'avait pas souhaité continuer ce mouvement. On avait un collectif de travail qui était fatigué, qui sort de 18 mois d'arrêt pour motif économique, d'un mouvement de grève de trois semaines au mois d'avril, et d'un PSE avec 52 suppressions d'emplois dans les 18 derniers mois... Maintenant, il y a eu deux déclencheurs (hier, mardi) : d'abord, la prise de conscience, depuis 16 jours que nos collègues des autres établissements sont en grève, il n'y a eu aucune avancée de la part de la direction générale de Total et par ailleurs, les annonces de menaces de réquisition, effectuées par le gouvernement Borne ont mis le feu aux poudres. Il y a une atteinte constitutionnelle au droit de grève."
Un soutien unanime
"Il y a (et il y aura) une consultation des salariés par équipes à 5 h, 13 h et 21 h. Ce matin, 80 % du personnel entrant s'est positionné gréviste. Il y aura une assemblée générale de l'ensemble du personnel demain (jeudi) à 13 h 30 au cours de la quelle, nous pourrons débattre collectivement des suites à donner à ce mouvement." En attendant, "il n'y a plus aucun chargement ni déchargement, ni par pipe, ni par bateau, ni par wagon, ni par camion ici."
Titre :Fabien Privé-Saint-Lanne
Crédit :Dolorès Charles
Les automobilistes entendus
Interrogé sur la colère de certains automobistes, Fabien Privé-Saint-Lanne, dit "comprendre la colère, d'autant mieux qu'on vit parmi la population, contrairement aux membres du gouvernement ou à la direction générale de Total. Maintenant, ce mouvement de grève porte sur plusieurs revendications sur les salaires, l'emploi et l'investissement. La question des salaires chez Total est symptomatique d'une préoccupation globale des Français. Je pense que la question du pouvoir d'achat ne concerne pas que Total. Par ailleurs, si chez Total, il n'y a pas de garantie d'inflation pour les travailleurs alors que nous sommes une entreprise archi multimilliardaire, je ne vois pas bien aujourd'hui quelle entreprise en France et quels travailleurs pourront obtenir des garanties par rapport à l'inflation."
Les grévistes de Total demandent une augmentation des salaires, qui "couvre l'inflation" à hauteur de 10% sur 2022. Sur l'emploi, le syndicat réclame "l'embauche de travailleurs précaires qui représentent à peu près 10 % des effectifs (ndlr : la raffinerie dipose de 650 salariés à Donges.)
Au niveau des investissements ?
"Il y a des objectifs européens qui sont fixés depuis de longue date sur la réduction des gaz à effet de serre, qui posent question à la fois en termes d'indépendance énergétique pour la France dans le futur, mais également pour l'avenir de nos établissements. C'est à dire que nous, ce qu'on demande, c'est un vaste plan ambitieux pour passer ce cap de la transition énergétique, et continuer à répondre aux besoins économiques et sociaux des Français."
FO rejoint le mouvement
Une nouvelle assemblée générale est prévue ce jeudi midi (13h30) pour décider de la reconduction (ou non) du mouvement. Des représentants de la CGT TotalEnergies ont été reçus ce jeudi après-midi par la direction du groupe pour tenter de trouver une issue au conflit social. Les syndicats FO de Donges, Feyzin (Rhône), Normandie (Seine-Maritime), La Mède (Bouches-du-Rhône), Grandpuits/Gargenville (Seine-et-Marne), Flandres (Nord) ont tous rejoint la grève engagée depuis le 27 septembre 2022, annonce FO dans un communiqué.
Un premier salarié réquisitionné
À l’issue du Conseil des ministres ce mercredi (12 octobre), le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a affirmé que d’autres réquisitions pourraient être envisagées. De son côté, "la CGT annonce qu'un premier salarié a été réquisitionné par huissier sur le site de Port-Jérôme-sur-Seine. Il est chargé d'ouvrir un pipeline."
Pas de bidon en station-service
Cette grève impacte les stations-service mais ne vous précipitez pas pour autant à la pompe car c’est comme cela que la pénurie se crée, et oubliez le jerrican il est interdit de le remplir de carburant en station, sur tout le territoire l'ouest compris.